Ce n’est pas qu’une impression, me confirme le directeur général de Kéroul, Bruno Ronfard.
«Il y a de plus en plus de projets pour plusieurs raisons. L’une d’elles, c’est le programme d’accessibilité des établissements touristiques (PAET). Il a été instauré par le ministère du Tourisme il y a six ans et il est géré par Kéroul. C’est un programme novateur, qui change le Québec. »
Signe de l’engouement, en 10mois, environ 160 dossiers ont été déposés au PAET, qui permet notamment d’adapter des sites de plein air ou culturels. Il est encore trop tôt pour dire combien de projets seront acceptés, mais M. Ronfard estime que ce sera un nombre significatif.
Les exemples se multiplient un peu partout.
Le parc régional du Mont-Ham, à Ham-Sud, a obtenu une certification de Kéroul l’année dernière, grâce à un projet mené en 2020 et 2021, explique le directeur général, Frédéric Therrien.
L’espace abénaquis et tout le secteur Waban-Aki, au bas de la montagne, ont été adaptés pour les personnes à mobilité réduite de même que le chalet d’accueil.
«On a travaillé les pentes, on a un sentier d’un km accessible. On a fait la mise en place et on est rendu à en parler pour que les gens sachent que c’est accessible.» Dans l’offre d’hébergement, un tipi a aussi été adapté, de même qu’une salle de bain.
« Tout ce qu’on va faire comme développement dans le secteur Waban-Aki dans les prochaines années va toujours être avec la mentalité que ce soit accessible à tous», précise Frédéric Therrien. L’initiative sert également aux parents qui ont des poussettes.
Beaucoup de personnes bénéficient de ce genre d’initiatives, dont les aînés, observe M. Ronfard. Un volet du programme permet d’acquérir de l’équipement adapté, comme des vélos et des quais.
L’accréditation de Kéroul offre une cote d’accessibilité basée sur un éventail de critères.
«Le plus souvent, on parle d’un trajet, celui que la personne fait à partir du stationnement. On regarde l’entrée, l’accueil, l’affichage, les toilettes… Si c’est un hébergement, les chambres, la cuisine; on étudie attentivement l’ensemble de l’expérience», résume M.Ronfard.
Le parc régional du Mont-Ham a aussi récemment fait l’acquisition d’une Joëlette, une sorte de fauteuil roulant adapté pouvant être porté par deux personnes. Elle permet d’amener les personnes en sentiers et même en montagne.
«On veut l’offrir gratuitement aux personnes à mobilité réduite qui veulent l’essayer. C’est sûr qu’il faut une équipe avec elles. Il faut que les gens soient habitués et entraînés.» L’équipement vaut environ 6000 $ et le parc a reçu une subvention de l’Association québécoise pour le loisir des personnes handicapées (AQLPH).
«On a trouvé une deuxième utilité à ça: on va probablement pouvoir évacuer des gens qui ne sont pas trop loin dans la montagne», note le directeur général.
Au Camping Aventure Mégantic, à Frontenac, la douzième unité de prêt-à-camper, l’Apodis, est disponible pour les personnes à mobilité réduite. Rampe d’accès, douche sans seuil, interrupteurs placés à leur hauteur: tout a été pensé en fonction d’elles.
«Dans les premières années qu’on avait le camping, il y a une petite famille qui venait avec son fils handicapé. C’était des gens très gentils. Ils m’avaient parlé de leurs difficultés. Ils avaient quand même leur roulotte. À un moment donné ils ont arrêté de venir parce que le fils avait trop grandi, c’était difficile avec la roulotte. Ça m’était toujours resté dans la tête. Je me disais que quand j’allais en faire (une unité de prêt-à-camper), on allait la faire pour des familles qui ont des enfants handicapés », me raconte la copropriétaire, Julie Rouillard.
Le projet a nécessité des investissements de l’ordre de 100 000 $, et la subvention du PAET a permis d’aller chercher environ 55 000 $. L’établissement s’est aussi doté d’un lève-personne pour l’une des piscines.
Pour les entreprises, la certification de Kéroul permet de rejoindre un marché représentant 15% de la population au Québec, voire davantage.
Le Conseil Sport Loisir de l’Estrie (CSLE) mène de son côté un projet-pilote où l’organisme prête gratuitement de l’équipement à des gestionnaires de sentiers. L’initiative vise les familles, les personnes à mobilité réduite et les aînés.
« Notre but final, c’est que les gens sortent, qu’ils n’aient plus peur de sortir et qu’ils puissent profiter des merveilles qu’il y a dans le plein air au Québec… » souligne Bruno Ronfard.
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