La Barricade reprend vie après la mort de sa « Grande Dame »

Claude Dubé rénove présentement la Barricade afin de réouvrir ses portes à la fin de l'été.

En 2022, le bar la Barricade a perdu sa « Grande Dame », Johanne Carrier. Après la mort de sa femme, Claude Dubé s’est donné corps et âme pour rénover l’institution lévisienne afin d’offrir un dernier cadeau à celle qu’il a aimée. L’établissement rouvrira bientôt après trois ans d’attente.


La Barricade est un bar mythique de la côte du Passage à Lévis. Depuis près de 25 ans, ceux qui l’ont fréquenté ont eu la chance de faire connaissance avec Johanne Carrier.

« Elle était la Grande Dame de la Barricade. C’était vraiment elle qui s’occupait pratiquement de tout. Le monde venait pour la voir. Même si on était deux dans le projet, c’était elle qui faisait rayonner la place », raconte Claude Dubé.



Johanne Carrier était la « Grande Dame » de la Barricade.

Bien que l’arrivée de la pandémie a été un coup difficile pour les copropriétaires de la Barricade, eux qui ont dû fermer les portes de l’établissement, Mme Carrier et M. Dubé n’étaient pas prêts pour le « coup de masse » qui allait les prendre de dos.

Quelque part en 2020, Johanne Carrier s’est rendue à l’hôpital à la suite de certaines complications de santé. Ce qui semblait être la COVID-19 au premier diagnostic des médecins était plutôt un cancer de stade quatre.

Il lui restait 17 mois à vivre...

Malgré cette bombe, Mme Carrier gardait la tête haute. « Elle dégageait une joie de vivre. Lorsqu’elle arrivait à l’hôpital, elle donnait des chocolats à tout le monde. Elle répandait le bonheur alors que c’était elle qui était malade », se remémore Claude Dubé.



Elle lui disait toujours qu’elle allait s’en sortir. M. Dubé a presque fini par y croire, mais la vie étant ce qu’elle est, Johanne Carrier s’est éteinte le 24 avril 2022.

« La vie est courte. On l’entend souvent celle-là, c’est pratiquement un cliché, mais cette phrase m’a marqué lors du décès de mon épouse. Elle n’aurait certainement pas voulu que je m’écrase dans le divan. Je devais agir. »

—  Claude Dubé, propriétaire de la Barricade

La Barricade était le petit bijou de Johanne Carrier. Claude Dubé s’est alors juré de terminer les rénovations qu’ils avaient entamées ensemble deux années plus tôt. « La réouverture de la nouvelle Barricade est l’un des plus beaux cadeaux que je peux lui faire. »

Garder l’âme dans le changement

Claude Dubé est un entrepreneur général de formation. Celui-ci a laissé libre cours à son imagination afin de restituer cette véritable institution lévisienne qui soufflera ses 51 bougies en septembre.

Ce qui était le Bistro-Bar la Barricade se transformera en Taverne la Barricade. Les habitués de la place s’y reconnaîtront toujours, rassure Claude Dubé. « J’ai des idées et j’ai voulu les développer dans ce projet. Mais j’ai tout de même préservé l’âme de l’endroit. »

Claude Dubé change complètement l'intérieur de la Barricade, mais sans y enlever son âme.

Tous les murs ont été enlevés afin de mettre en valeur les petits trésors du bâtiment centenaire tels que la pierre et les poutres de bois de l’époque. « La beauté est dans l’imperfection. Tout ne sera pas droit et mesuré au millimètre près. Je veux que le bar soit un endroit confortable et chaleureux où les gens se sentent bien », affirme l’homme, fort habile de ses mains.

Un cabaret-spectacle

Le rez-de-chaussée a entièrement été réaménagé. Le bar a été déplacé afin d’augmenter sa superficie. Le très long comptoir fera pratiquement la longueur de la place.



En plus des 24 sortes de bières en fût disponibles, Claude Dubé souhaite réserver un espace derrière le bar pour les produits québécois. Il y aura une panoplie de choix et si votre boisson favorite n’est pas là, faites-en part au barman qui s’assurera qu’elle sera éventuellement disponible.

Ce réaménagement du bar a permis à M. Dubé d’ériger une scène permanente avec une loge en dessous. Humoristes, joueurs d’improvisation, chansonniers, musiciens et autres artistes pourront s’y donner en spectacle. « La loge est un attrait pour obtenir certains artistes, explique le propriétaire. Il va y avoir un miroir avec plusieurs lumières ainsi qu’un long comptoir pour se maquiller. Avec ça, on pourra accueillir Rita Baga! »

Il y aura un mur-télévision dressé à l’arrière de la scène. M. Dubé est persuadé que la Barricade sera le seul bar dans les environs avec un tel dispositif. En plus de diffuser de la musique et des vidéos, cet énorme écran servira pour le karaoké qui se tiendra régulièrement à la taverne.

Un escalier en fer forgé mènera à l’étage où se trouvera un deuxième écran, d’une taille un peu plus modeste, ainsi qu’un bar en l’honneur de Johanne Carrier. À cet endroit, la majorité des clients seront debout autour de tables hautes, mais des places assises seront aussi installées sur le bord des fenêtres.

Va voir les toilettes!

Les toilettes de la Barricade feront certainement l’objet de conversations.

« La salle de bain va être complètement pétée, lance Claude Dubé. Les gens vont faire un maudit saut en entrant, mais un beau saut. Ils vont aller dire à leurs amis: “Heille, tu dois absolument aller voir les toilettes!”»

Le décor du petit coin détonnera du reste de la taverne. Les urinoirs seront faits à partir d’un baril de bière doté d’un porte-gobelet afin de garder la bière en sécurité. Le fond du baril de bière fera office de lavabo.

Diner rétro

Il y a de cela quelques années, Claude Dubé a voulu ouvrir un diner sur la rue Saint-Georges, à Lévis. Ce projet est tombé à l’eau, mais l’entrepreneur ne l’a jamais oublié.



Il donnera donc vie à son idée du « Shack à patates » à l’intérieur de la Barricade où l’on y servira de la nourriture « simple, mais de bonne qualité ». D’ailleurs, il possède toujours l’affiche qu’il avait confectionnée pour son restaurant.

La décoration rappellera les années 70 avec la présence d’un vieux jukebox, de vieilles pancartes Coca-Cola, d’une table de billard ainsi que d’un flipper.

Une ouverture progressive, mais animée

Claude Dubé le reconnaît, tout ne sera pas parfait à l’ouverture de la Barricade le 6 septembre. Il restera certainement des rénovations à terminer, des décorations à ajouter, une équipe à roder, mais au moins les gens pourront profiter de ce qui est le plus important: « de la boisson et des toilettes ». L’ouverture se fera sur une période de quatre jours.

La journée d’ouverture débutera avec une ligue d’improvisation qui connaissait un franc succès avant la fermeture de l’établissement. Le lendemain, le groupe de musique Le rêve du diable fera un spectacle sur la nouvelle scène.

Les clients pourront compter sur la présence de DJ avec l’ajout d’une passerelle, s’élevant à quatre pieds dans les airs, munie de tables de mixage audio. Elle sera en forme d’une proue de bateau où les DJ pourront s’avancer pour animer la foule. Claude Dubé ne souhaite toutefois pas que la Barricade se transforme en discothèque. Par contre, si les clients veulent danser, ils pourront certainement s’attendre à une belle soirée.

Des fêtes thématiques pourraient également avoir lieu à certains moments. Le propriétaire se remémore d’ailleurs d’une soirée country qu’il avait organisée il y a plus de 40 ans dans un autre établissement. « J’avais de vrais chevaux attachés à l’avant, un taureau mécanique à l’arrière, les gens étaient arrivés en calèche. C’était malade. J’ai envie de refaire ce genre de soirée une fois de temps en temps. »

La Barricade sera ouverte sept jours sur sept de 14h à minuit, mais l’horaire est assujetti à changement étant donné que le bar est toujours en rénovation au moment d’écrire ces lignes. Environ 200 personnes pourront prendre place dans la taverne. La terrasse sera de retour pour la saison estivale 2024.