Il se terrait plutôt dans un silence de plus en plus inconfortable. Les jours et les semaines filent. La très importante semaine du repêchage approche à grands pas. L’information commence à circuler publiquement. Pierre Dorion sonde le terrain et discute de transactions avec ses homologues, parce que tout porte à croire que DeBrincat préférerait s’en aller.
C’est dommage.
Un attaquant capable de marquer 40 buts a été acquis à bas prix – tout étant relatif – l’été dernier. Son départ vient de freiner le bel élan de Dorion. On commençait à croire que l’air avait été purifié, qu’Ottawa était redevenue une destination intéressante pour les joueurs d’impact.
DeBrincat devra un jour s’expliquer. Nous sommes peut-être simplement en présence d’un Américain qui se voit mal passer les sept ou huit prochaines années de sa vie dans un pays étranger. Les États-Unis et le Canada anglophone ne sont pas très différents, mais bon. Les hommes n’ont pas tous la même capacité d’adaptation.
En attendant sa version des faits, on peut commencer à réfléchir à l’impact qu’aurait son départ.
DeBrincat, au fond, n’est peut-être pas si important.
Les Sénateurs sont sans doute capables d’aligner une formation gagnante, la saison prochaine, sans lui.
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Le calcul est assez simple. Les Sénateurs ont marqué 259 buts, la saison dernière. Ils ont donc présenté le 18e meilleur rendement à l’attaque, dans une ligue qui regroupe 32 formations.
C’est respectable.
DeBrincat a marqué 27 buts avec Ottawa. Sur papier, on voit un scénario dans lequel il pourra être assez facilement remplacé. Josh Norris va effectuer un retour au jeu. En supposant que ses problèmes de santé sont derrière lui, il va compenser. Lors de sa dernière saison complète, il a marqué 35 buts. Il était alors âgé de 22 ans. On peut même se permettre de croire qu’il n’a pas encore atteint le pic de son potentiel.
Jakob Chychrun pourrait lui aussi aider à mieux faire passer la pilule.
Vers la fin de l’hiver dernier, les Sénateurs ont mis la main sur un défenseur offensif de premier plan. En plus de toujours représenter une menace quand il décoche un tir frappé de la pointe, Chychrun est habile dans la relance.
Le type a joué seulement 12 matches avec son nouveau club, avant de se blesser. L’automne prochain, il sera dans la formation dès le départ. S’il peut trouver une façon de rester en santé, son impact sera immédiat et important.
Le hockey est un sport simple. Pour marquer des buts, les attaquants ont besoin de la rondelle. Pour qu’ils puissent contrôler la rondelle, il faut d’abord que les défenseurs la récupèrent. Avec Chychrun, et un Jake Sanderson légèrement plus expérimenté, le jeu de transition des Sénateurs devrait être plus fluide. Ça devrait profiter à tout le monde. L’ailier robuste qui a marqué huit buts la saison dernière pourrait, en théorie, en marquer 11 ou 12 cette saison. Le spécialiste de l’infériorité numérique, qui a inscrit 13 buts, pourrait en inscrire 16 ou 17.
Au jour le jour, tout cela ne paraît pas beaucoup. À la fin du parcours, ça peut se traduire par quelques victoires de plus.
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Selon CapFriendly, véritable référence, les Sénateurs ont environ 17 millions $US à dépenser, avant d’atteindre les limites imposées par le plafond salarial.
Si on se fie à ce qu’il raconte sur toutes les tribunes, Pierre Dorion aura le droit de dépenser jusqu’à la limite.
Sauf erreur, depuis 2005, le directeur général des Sénateurs n’a joui d’une telle flexibilité.
Si DeBrincat reste, la moitié de la somme qui reste à dépenser lui serait allouée. Il resterait alors quelques millions à verser aux autres. Dans le groupe, il y a Shane Pinto, qui recevra sans doute une belle augmentation, au terme d’une saison où il a franchi le plateau des 20 buts. Il y aura au moins un défenseur et deux attaquants de soutien à embaucher.
Il y a, surtout, un gardien de but numéro un à embaucher.
Le plafond salarial peut arriver assez rapidement. Ceux qui ne font pas assez attention peuvent se cogner la tête dessus!
Le départ éventuel d’Alex DeBrincat pourrait donc régler quelques problèmes. Pour atteindre leur prochain objectif et participer aux séries éliminatoires, les Sénateurs ont besoin de trouver une stabilité devant le filet. Ils n’ont pas nécessairement besoin de trouver un gardien d’exception. Déjà, s’ils pouvaient mettre la main sur un type fiable, capable de rester en santé, capable de jouer 55 à 60 matches par hiver, ce serait bien. S’il était capable de compter ses mauvaises performances annuelles sur les doigts d’une seule main, ce serait encore mieux.
Il paraît que Joonas Korpisalo pourrait quitter Los Angeles. Dans son grand ménage, à Philadelphie, Daniel Brière songe à échanger Carter Hart. Les performances d’Akira Schmid pourraient pousser Mackenzie Blackwood vers la sortie, au New Jersey. Et Connor Hellebuyck veut gagner un championnat. Ça pourrait le sortir de Winnipeg.
Lorsque Dorion sera vraiment prêt à se mettre au travail, il ne manquera pas d’options.