La première victoire de Maxence Guenette

Il ne reste que sept défenseurs en lice chez les Sénateurs, dont le Québécois Maxence Guenette.

Un observateur chevronné nous suggère de ne pas tirer de conclusions hâtives. Le camp d’entraînement des Sénateurs d’Ottawa n’est pas encore terminé. Beaucoup de choses peuvent survenir d’ici le match inaugural, dans une dizaine de jours.


Il n’en demeure pas moins que la direction du club a procédé à une importante vague de coupes, lundi soir, au terme du deuxième match préparatoire disputé en Nouvelle-Écosse.

Au terme de cette vague de coupes, il ne reste que sept défenseurs en lice. Le Québécois Maxence Guenette fait partie du groupe.

On peut donc tirer la conclusion suivante. Dans les dernières semaines, il a devancé deux anciens choix de première ronde dans l’organigramme. Lassi Thomson s’est retrouvé au ballottage samedi dernier. Jacob Bernard-Docker a subi le même sort 48 heures plus tard.

Guenette, un modeste choix de septième ronde – 186 joueurs ont été appelés avant lui lors de l’encan de 2019 – est toujours là.

L’observateur chevronné reconnaît qu’il connaît un bon camp. Depuis le premier jour, l’ancien des Foreurs de Val-d’Or se distingue par son intelligence. Il prend de bonnes décisions avec la rondelle. Il se complique rarement l’existence. Ses passes sont précises. Il est tout aussi efficace quand il se retrouve de l’autre côté de la rondelle. «Il se défend bien», nous dit-on. Il n’est pas le joueur le plus spectaculaire. On peut toujours se fier sur lui.

Et c’est précisément ce qu’on recherche, chez un défenseur numéro sept.

Quand l’entraîneur-chef doit faire appel à son défenseur numéro sept, il n’espère pas de feux d’artifice. Il s’attend, en revanche, à ce que le travail soit fait de façon propre et efficace.

Guenette pourrait fort bien prendre le chemin de Belleville, à son tour, dans la prochaine semaine. Puisqu’ils frôlent le plafond salarial, les Sénateurs n’auront peut-être pas les moyens de s’offrir un défenseur réserviste en début de saison.

Le cas échéant, on pourrait croire qu’il sera en très bonne position pour obtenir un rappel, lorsque les – inévitables – blessures surviendront.

Le défenseur québécois Maxence Guenette

Un gros été

Dans le hockey professionnel, les joueurs qui causent des surprises dans les camps d’entraînement sont souvent ceux qui ont travaillé le plus fort durant l’été.

On s’entend. De nos jours, presque tous les joueurs travaillent fort, à l’été. Il y en a quand même quelques-uns qui trouvent des moyens d’en faire un peu plus que les autres.

Le préparateur physique Jean-Philippe Riopel travaille avec Maxence Guenette depuis plusieurs années. «Quand je l’ai rencontré, il évoluait dans la Ligue midget AAA du Québec», affirme-t-il.

Les deux hommes se retrouvent chaque été. L’entreprise de M. Riopel, Je performe, est installée au PEPS de l’Université Laval.

«En anglais, on dirait que Max a profité de l’été pour prendre un gros step. Et il a progressé à tous les niveaux», nous dit-il, durant un entretien téléphonique.

Durant la saison morte, Guenette avait un double objectif. Il devait gagner de la masse musculaire, sans sacrifier ce que les gens de hockey appellent «explosivité».

«Après avoir discuté avec les gens d’Ottawa, nous avions des objectifs, très précis, qui étaient assez faciles à quantifier. Je peux donc vous dire que, pour sa progression, Max a vraiment connu un été extraordinaire. Il s’est vraiment beaucoup amélioré.»

—  Jean-Philippe Riopel

«Max devait subir les mêmes tests, aux deux semaines, pour évaluer sa progression. Chaque fois, ça se passait bien. Il peut donc dire mission accomplie. Et il ne s’est pas contenté de bien travailler en gymnase. Il a fait des efforts au niveau de la nutrition et il a bien fait ses suivis médicaux. Nous avons accès à des physiothérapeutes deux fois par semaine. Max en a profité. Il a pris le temps de s’occuper des petits bobos, même ceux qui semblent anodins.»

À Québec, Guenette peut aussi compter sur un solide entourage. Il fait partie d’un groupe d’entraînement où il côtoie plusieurs autres pros. Dans ce groupe, il côtoie notamment Thomas Chabot. Puisque les capitaines ne prennent jamais de vacances, Chabot se donne le droit de pousser son jeune coéquipier dans le dos tout au long de l’année.

Thomas Chabot, défenseur des Sénateurs.

«Thomas avait un peu le même pattern, cet été, dans la mesure où il voulait aussi gagner de la masse musculaire. Nous avons donc organisé des séances d’entraînement supplémentaires, destinées à ces deux joueurs», raconte M. Riopel.

«Thomas est un compétiteur dans l’âme. Il a pu entraîner Maxence vers un niveau qu’il n’avait jamais expérimenté non plus.»

Soutien familial

Si jamais Maxence Guenette parvient à se tailler un poste régulier, à Ottawa, les employés de la billetterie du Centre Canadian Tire recevront peut-être un bon coup de pouce.

«Max est vraiment bien entouré. Ce n’est pas une famille normale. C’est une grosse famille! J’ai déjà vu 20, 30 ou même 40 personnes se déplacer pour le soutenir», raconte Pascal Daoust, au bout du fil.

M. Daoust occupe aujourd’hui le poste de directeur général de l’équipe qui représentera la vaste région de New York, dans la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). Dans un passé pas si lointain, il occupait le même poste à Val-d’Or. Il a connu Guenette chez les Foreurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

«J’ai le goût de vous dire que je ne suis pas trop surpris de voir Max progresser de cette façon. Quand je l’ai connu, je venais d’arriver dans la Ligue du Québec. C’était mon tout premier repêchage. Je peux vous dire qu’il n’y avait pas unanimité autour de notre table, au moment de faire sa sélection. Tout le monde a tendance à évaluer les défenseurs différemment. Max, ce n’est pas un gars qui fait des feux d’artifice sur la glace. Il a cependant le sens du jeu. Il travaille toujours très bien. Il a également cette attitude calme.»

«Dans le feu de l’action, sous pression, il ne va jamais lancer la grenade dans les mains de son partenaire en défensive. Vraiment, je répète que je ne suis pas trop surpris de ce qui lui arrive présentement. Quand tu fais toutes les bonnes choses avec constance, tu as la qualité première d’un pro. Maxence va toujours se démarquer avec son attitude. Never too high, never too low

La suite?

La décision de placer Jacob Bernard-Docker au ballottage peut causer une surprise. Le printemps dernier, dans une entrevue accordée à TSN 1200, Pierre Dorion s’était avancé. Il avait affirmé que le jeune homme albertain aurait un poste à perdre au camp d’entraînement.

Contrairement à Lassi Thomson, il est sous contrat à sens unique pour les deux prochaines années. Ça pourrait refroidir certaines équipes. Il ne sera peut-être pas réclamé au ballottage.

Il n’a peut-être pas dit son dernier mot à Ottawa.