« Lundi soir, mes deux chambres froides étaient pleines, c’est du jamais-vu après seulement trois jours de chasse », exprime Bruno Tremblay, du Centre de coupe Bruno Tremblay de Saint-Honoré.
Même son de cloche pour la Salle de débitage Tremblay et Gobeil de Chicoutimi, où il restait encore une place ou deux, jeudi matin. Les chasseurs qui récolteront une bête dans les prochains jours devront donc faire preuve d’imagination pour conserver leur venaison.
C’est le même scénario au Centre du Gibier Martin Tremblay de Saint-David de Falardeau, qui affiche complet. « Depuis mercredi, je n’ai plus de place pour accrocher des orignaux. En plus, ce sont toutes de grosses bêtes de plus de trois ans, ça prend de la place », fait savoir le propriétaire.
« Nous allons commencer à débiter des carcasses samedi, ça va libérer de la place, mais en attendant, les chasseurs devront accrocher leur bête dans leur garage. Les nuits sont fraîches, il ne devrait pas y avoir trop de problèmes.»
— Martin Tremblay
Les chasseurs s’organisent en forêt
Plusieurs groupes de chasseur ont déjà commencé à s’organiser en forêt avec des camions réfrigérés usagers ou des cabanons dotés d’unités d’air conditionné fonctionnant à l’aide d’une génératrice. Ils peuvent ainsi laisser faisander leur gibier en forêt avant de le faire débiter dans un atelier de découpe spécialisé respectant les exigences du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.
Après avoir abattu un orignal, il est recommandé de refroidir la carcasse le plus rapidement possible. À ce sujet, le ministère de la Faune émet la directive suivante: « L’idéal est d’obtenir un refroidissement à 7 °C dans les 24 premières heures. Si le gibier doit être laissé en forêt, placez-le sur un brancard ou suspendez-le à un arbre, hors de la portée des prédateurs. Servez-vous de branches solides comme support pour maintenir la poitrine ouverte et ainsi favoriser le refroidissement. Ne laissez pas la carcasse reposer directement sur le sol.
« Pour faciliter la circulation de l’air, placez des branches suffisamment grosses sur le plancher du véhicule, sous la carcasse. Idéalement, le transport et l’entreposage de la carcasse doivent se faire à des températures entre 0 °C et 4 °C pour limiter la croissance des bactéries.
« Le transport de la carcasse sur le toit ou le capot de la voiture est à proscrire à cause de la chaleur qui s’en dégage. Il faut aussi réduire l’exposition de la carcasse au soleil », peut-on lire sur le site du Ministère.
Idéalement, il faut couper sa carcasse en quartiers et les suspendre pour accélérer le refroidissement.
Peut-être une saison record
Ce fort taux de succès est étonnant pour le début de la saison amorcé le 23 septembre dans la zone 28, laquelle regroupe l’ensemble des territoires de chasse du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Avec les températures chaudes que nous connaissons présentement, on aurait pu s’attendre à un début de saison moins giboyeux. Dans ces conditions, l’orignal, qui n’aime pas la chaleur, se tient dans des refuges thermiques à l’ombre au coeur de la forêt pendant le jour pour mieux se déplacer la nuit.
Ce sera intéressant d’observer le nombre de bêtes abattues cette saison, à savoir si le chiffre mythique de 5000 bêtes pour la zone 28, des résultats qui seront rendus publics seulement au mois de février 2024.