Atteint de sclérose latérale amyotrophique (SLA) depuis près de trois ans, celui qu’on a entendu à l’antenne de plusieurs stations de radio de la capitale avait planifié cette activité d’adieu avant de recevoir l’aide médicale à mourir, cinq jours plus tard. Le mordu de sports a finalement été déjoué par la mort, hier, à l’âge de 63 ans seulement.
Pierre-Luc Laflamme n’aura donc pas la chance de rendre un ultime hommage à celui qui lui a sauvé la vie, il y a un peu plus de 32 ans.
Le petit Pierre-Luc n’était alors qu’un bambin lorsqu’il est passé à deux doigts de la mort. L’avant-midi du 11 juillet 1996, l’enfant de 18 mois a réussi à s’échapper du balcon de la résidence familiale située dans le secteur des Eaux Fraîches, un secteur marécageux du Lac-Saint-Charles.
Une noyade assurée
Quelques minutes plus tard, sa mère Linda hurlait toute sa détresse en voyant le corps de son fils flotter à la surface du petit étang de la rue des Merisiers. Alertés par les cris de la voisine, Mario Hudon et sa conjointe Nancy Bérubé n’ont fait ni une ni deux et se sont lancés à la rescousse du petit.
En sortant de chez lui, Mario a vu le petit Pierre-Luc en pleine face dans le petit lac d’eau vaseuse. Même s’il ne savait pas nager, le jeune trentenaire a bondi comme un fou par-dessus un fossé, il s’est fait mal aux genoux puis il a sauté dans l’étang pour sauver le petit Pierre-Luc de la noyade, près de 200 pieds plus loin.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/6DSTJKWSRNDI7PZZY2S3ESKOLI.png)
Le chauffeur de camion de 31 ans a calé jusqu’aux genoux, il a attrapé le fils de Linda et l’a ramené en lieu sûr. Bleu et convulsionné, le bébé a repris connaissance après une séance de bouche-à-bouche. Il a ensuite été conduit à l’hôpital de l’Enfant-Jésus, le même établissement hospitalier où Mario a rendu son dernier souffle, hier, le 19 novembre 2023…
Une plaque soulignant les actes de bravoure de Mario et Nancy leur a d’ailleurs été remise par la Ville de Lac-Saint-Charles par la suite.
Un article en souvenir
Un peu plus de 32 ans s’est déroulé depuis la malchance de juillet 1991. Pierre-Luc Laflamme n’en a gardé aucun traumatisme, si ce n’est une découpure de l’édition papier du Soleil du lendemain rapportant l’acte d’héroïsme de Mario Hudon.
Comme il a été identifié comme Pierre-Luc Kirouac dans l’article du journaliste François Roy, les familles Hudon et Laflamme n’ont jamais pu reprendre contact au fil des ans. Quand il fouillait les Mario Hudon sur Internet, le miraculé des eaux refusait de croire que son héros était devenu animateur de radio…
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/WM7ZEXLZHRHI3PGJKMOGAG77CI.png)
Des retrouvailles émotives
Après quatre ou cinq ans de recherche active, c’est Marie-Christine Bédard, la nièce de Mario, qui a eu la main heureuse. L’été dernier, elle a contacté le bon Pierre-Luc par l’entremise de Facebook dans le but que la rencontre ait lieu avant la mort de son oncle.
« On s’est parlé en août et elle m’a demandé si j’acceptais de voir Mario, raconte Pierre-Luc. Je lui ai dit : “Bien sûr que oui, mais je pars en vacances pour une semaine.” Quand elle m’a demandé si je pouvais aller le rencontrer avant mon départ, ma réponse a été de répondre : “Je peux demain!” »
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/BMNT6H7HXJCABIWFDQGVU7A6HU.jpg)
Une surprise pour Mario
Le lendemain, la surprise fut totale pour l’ex-animateur de radio, lorsqu’il a vu Pierre-Luc Laflamme débarquer chez lui avec sa femme et trois de ses quatre enfants, dont un petit poupon d’à peine un mois dans ses bras. « Mario n’était pas au courant », relate le jeune père avec émotion.
« Quand il nous a vus, il s’est mis à pleurer. On avait plus de 32 ans à rattraper. Je pense que je suis arrivé à 1 heure l’après-midi et qu’on est reparti à sept ou huit heures le soir… »
— Pierre-Luc Laflamme
Même si Mario Hudon peinait de plus en plus à parler, le résultat d’un corps de plus en plus paralysé par la cruelle SLA, dont il a servi de brillant ambassadeur depuis 2020, le courant a vite passé entre les deux hommes. « Quand on s’est vu, c’est comme si on était amis depuis toujours », raconte-t-il.
Un mot : merci
En août dernier, Pierre-Luc Laflamme a senti tout l’amour dont pouvait être capable son ancien héros. Sa rencontre avec ce « bon monsieur » a éveillé des tonnes souvenirs, ressassant chaque détail qu’il avait lu sur le coup du sort vécu à l’été 1991.
« Ça m’a beaucoup touché, poursuit-il. De le serrer dans mes bras et de lui dire merci, de vive voix, c’était mon plus gros souhait. J’étais content de le voir. Comme je dis souvent à ma femme, Mario, c’est une moitié de moi. Sans lui, je ne serais pas là, c’est grâce à lui que je suis en vie. J’y dois tout à cet homme-là. »
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/QZLFYJ32LFDMFEVORAYSLMJW74.jpg)
Une consolation
Pierre-Luc Laflamme n’aura peut-être pas la chance de revoir son héros, le 2 décembre prochain, mais il se console en repensant à leur première et dernière rencontre d’août dernier.
Une journée remplie d’amour, à l’image de l’homme bon qu’a été Mario Hudon.
« Je voulais le voir avant qu’il parte, mais je ne pourrai pas, se désole Pierre-Luc. Le seul mot qui me vient en tête, ce soir, c’est merci. Je ne peux pas être plus heureux que ça du geste qu’il a posé il y a 32 ans. C’est grâce à lui que je suis là. Je l’admire tellement. »
Comme des centaines d’autres, probablement des milliers.