Chantier Davie et l’illusion de fournisseurs

Les employés du chantier Davie lors d'une annonce d'un investissement majeur du gouvernement fédéral.

Puisque le chantier Davie obtiendra des contrats de construction de brise-glaces et que le gouvernement du Québec accordera une subvention de plus de 500 millions pour la réhabilitation du chantier, le Québec aura sa juste part dans la mise à jour des flottes de navires appartenant au gouvernement fédéral.


Il faut cependant bien comprendre que l’impact de ces contrats sera peu significatif pour les fournisseurs locaux. En effet, la très grande majorité des matériaux et équipements de navires provient de l’extérieur de la province, surtout de l’étranger.

Note: les pourcentages mentionnés plus bas doivent être considérés comme approximatifs.

Par exemple, environ 15% du coût d’un brise-glace provient de l’achat de plaques et profilés d’acier qui ne sont malheureusement pas produits au Québec. Une seule aciérie fabrique ces matériaux au Canada, précisément en Ontario. Question de disponibilité et de prix, les chantiers doivent fréquemment s’approvisionner à l’étranger.

De plus, la réhabilitation du chantier présage que toute la structure d’acier serait construite sur le site même; c’est la raison d’être d’un tel chantier. La sous-traitance ne sera pas nécessaire à la vue du peu de navires qui pourront être construits simultanément, soit un ou deux par année.

Autour de 25% peut être imputé à l’achat des équipements mécaniques, tels les moteurs diesels ou électriques pour la propulsion et la production électrique, les auxiliaires de ces équipements principaux, pompes, filtres, treuils, guindeaux, équipements de levage, équipements électroniques de navigation qui sont très majoritairement fabriqués à l’étranger.

De 10% à 12% sera dédié à ce que l’on appelle l’hôtellerie, c’est-à-dire les locaux d’équipage, cuisines, cafétérias, salles de repos et leurs équipements. Malheureusement encore là, les matériaux séparant ces espaces, leurs plafonds sont généralement des produits très spécialisés qui ne sont pas manufacturés au Canada à cause du peu de demandes.

Ici, les fournisseurs locaux pourront fournir les meubles, équipements de cuisine, vaisselle, lits, bureaux, appareils de télévision, etc.

Reste probablement un 40% du coût total imputé à l’assemblage sur site de tous les composants cités plus haut. Donc, beaucoup de main-d’œuvre: chaudronniers, soudeurs, monteurs, tuyauteurs, mécaniciens, électriciens, manœuvres, peintres qu’il faudra bien mettre au travail et former au besoin.

Avant la construction, une équipe d’architectes navals, techniciens et dessinateurs aura conçu les plans du navire et prévu les achats.

C’est ce nombre important de travailleurs qui devrait susciter l’intérêt de la communauté: nouveaux locataires, propriétaires, commerces en augmentation.

Les PME locales bénéficieront probablement plus des travaux de la réhabilitation du chantier que de la construction des navires par la suite. Il est imprudent de faire croire à une industrie maritime connexe autour de la construction de quelques navires relativement peu complexes malgré leur puissance.