Crise du logement: manque de vision des gouvernements!

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil, contrairement à ses collègues de Québec, de Laval, de Rimouski, de Gatineau, a refusé de signer cette demande parce que, selon elle, il n’y a pas de données probantes sur l’efficacité d’un tel registre. Et si Mme Fournier avait raison?

En juin dernier, 14 maires et mairesses ont réclamé du gouvernement du Québec l’instauration d’un registre des loyers comme solution pour assurer que le prix des loyers soit plus abordable.


POINT DE VUE / Catherine Fournier, mairesse de Longueuil, contrairement à ses collègues de Québec, de Laval, de Rimouski, de Gatineau, a refusé de signer cette demande parce que, selon elle, il n’y a pas de données probantes sur l’efficacité d’un tel registre. Et si Mme Fournier avait raison?

Actuellement, le taux d’inoccupation moyen des logements au Québec est de 1,7%, loin des 3% pour assurer un marché équilibré. C’est pourquoi la SCHL affirme qu’il faut construire 100 000 logements dans l’immédiat et 860 000 d’ici 2030. Pourtant, en mai, les mises en chantier étaient en baisse pour un neuvième mois d’affilée et de 49% depuis le début de l’année. La construction de logements est quasi en chute libre!

On parle abondamment des problèmes des locataires, qui sont réels, mais beaucoup moins de ceux des propriétaires. Actuellement, ceux-ci doivent faire face à des taux d’intérêt qui ont pratiquement triplé depuis deux ans. Le prix des terrains est devenu très élevé sans compter qu’ils sont de plus en plus rares. Le coût des matériaux et de la main-d’œuvre a beaucoup augmenté. Les tracasseries administratives de divers ordres sont nombreuses, coûteuses et souvent pénalisantes.

Dans un contexte de pénurie de logements, faut-il ajouter d’autres entraves dont un registre des loyers? Les maires et autres tenants d’un tel registre font preuve de vision à très court terme. Les élus municipaux devraient d’abord regarder dans leur cour et y faire le ménage.

Pour résorber la crise du logement, il faut augmenter l’offre, en construire rapidement des dizaines de milliers. C’est ainsi que le marché reviendra à l’équilibre.

Les prix des logements se stabiliseront alors parce qu’il y aura de la disponibilité.

Les divers paliers de gouvernement doivent se concerter pour créer un contexte favorable à la construction et à la détention d’immeubles locatifs, au lieu de rechercher quelles mesures pénalisantes ils pourraient ajouter à l’égard des propriétaires.

N’en déplaise à certains, offrir des logements en location doit être une activité rentable. Si c’était le Klondike que d’être propriétaire immobilier, il ne manquerait pas 100 000 logements! S’il y a absence de rentabilité, tout ce secteur devra être pris en charge par les gouvernements, c’est-à-dire par tous les payeurs de taxes. Ceux-ci feront face aux mêmes coûts élevés et à toutes les mêmes difficultés et avec une efficacité moindre.

Les gouvernements ont le devoir de prendre les mesures structurantes qui vont attirer et retenir les investisseurs, non de les faire fuir. Aucun investisseur n’est tenu de choisir l’immobilier. Dans ce contexte, faut-il rappeler que le rendement moyen de la bourse de Toronto était de 8% entre 2015 et 2022.

Pourtant, en 2023, le gouvernement du Québec, par le biais du Tribunal administratif du logement, accorde un retour de 3,8% sur le coût des travaux majeurs. Faut-il s’étonner alors que les propriétaires investissent peu sur leurs immeubles ou les délaissent carrément?

Quoi qu’on en dise, Montréal et le Québec demeurent une société avantageusement distincte au niveau du coût du logement en regard de villes comme Toronto et Vancouver.

La réalité est que les Québécois doivent s’habituer à consacrer une plus grande partie de leurs revenus au logement comme c’est le cas dans beaucoup d’autres endroits au Canada et ailleurs dans le monde. Le coût de location des nouveaux logements qui seront érigés devra forcément refléter les coûts actuels de construction et va tirer à la hausse le prix des loyers.

Bien sûr, certains locataires sont incapables de faire face à ces hausses. C’est alors aux gouvernements de les aider.

Dans tout le dossier de l’habitation, les gouvernements doivent emprunter une logique économique et non électoraliste!