Réglementer le jeu en ligne: le Québec en sort gagnant

Commençons par une évidence : le «monopole» de Loto-Québec sur le jeu n’existe pas. Dans la «vraie vie», des milliers de Québécois choisissent de fréquenter des sites privés de jeu en ligne. C’est d’autant plus vrai en région, où les citoyens n’ont pas accès à des casinos ou des salons de jeu, et où le gouvernement a fait d’importants investissements pour augmenter l’accès à l’Internet. Cette situation, en plus de ne pas protéger les joueurs vulnérables, fait également perdre des revenus importants à l’État et elle démontre que le système réglementaire québécois n’a aucun contact avec la réalité.


La Coalition québécoise du jeu en ligne appelle le gouvernement à moderniser les règles. Notre organisation regroupe les plus importants opérateurs privés de jeu en ligne : Apricot Investments, Betway, Bet99, DraftKings, Entain, Flutter, Games Global et Rush Street. Nous souhaitons travailler avec le gouvernement du Québec pour mettre en place un cadre réglementaire qui assure la sécurité des consommateurs et qui favorise le jeu responsable, tout en générant des revenus pour financer les services publics.

Les règles actuelles datent de l’époque où les gens se rendaient physiquement au casino ou dans les salons de jeu. Aujourd’hui, les Québécois ont accès à une offre de jeu diversifiée, accessible en seulement quelques clics. Les données démontrent clairement que le monopole de Loto-Québec ne tient que sur papier alors que le Web n’a pas de frontières.

Le gouvernement québécois pourrait s’inspirer de l’Ontario, mais également de la plupart des pays du G7 et de plusieurs États américains, où tous les membres de notre Coalition opèrent en toute conformité avec les règles.

L’Ontario s’est doté d’un système de licences qui permet à des sites de jeu en ligne d’opérer en toute légalité. Ce nouveau système a permis au gouvernement de recueillir des redevances de 380 millions de dollars à sa première année. En appliquant un modèle semblable, le gouvernement du Québec pourrait toucher au moins 230 millions en nouvelles redevances, et ce, en plus de ce qu’il récolte déjà présentement.

Le système ontarien a l’avantage de soumettre les opérateurs à de strictes exigences, notamment en ce qui concerne la publicité. Un tel système permet au gouvernement, en collaboration avec les experts en santé publique, de décider des mesures nécessaires pour offrir un environnement de jeu sécuritaire.

La Coalition n’est pas la première à proposer cette solution. Le rapport Le jeu en ligne : quand la réalité du virtuel nous rattrape, réalisé pour le ministère québécois des Finances par la Dre Louise Nadeau, proposait la même chose en 2014, il y a près de 10 ans!

Un organisme indépendant

L’un des premiers changements que Québec pourrait considérer est la création d’un organisme indépendant pour veiller sur l’ensemble des activités de jeu, y compris celles de Loto-Québec. À l’heure actuelle, ce rôle revient à la société d’État, qui est également un opérateur de casinos et de salons de jeu. C’est un conflit d’intérêts évident qui a été dénoncé au gouvernement du Québec par ses propres experts : le rapport Nadeau comparait cette situation à confier la banque de sang à Dracula.

Le jeu en ligne ne disparaîtra pas comme par magie. Le Québec ne peut nier cette réalité. Le gouvernement doit créer un environnement sécuritaire qui favorise le jeu responsable — et a tous les moyens à sa disposition pour le faire. Les membres de la Coalition s’engagent à contribuer positivement à ce nouvel écosystème, à nouer un dialogue constructif avec le gouvernement, à favoriser le jeu responsable et à adhérer à toute réglementation raisonnable. Tous les Québécois en sortiront gagnants.