Il y a à peine trois semaines, des pluies diluviennes ont fait déferler l’eau des montagnes de Charlevoix sur Baie-Saint-Paul. Aujourd’hui, la sécheresse et le déficit de précipitations provoquent des incendies de forêts. Partout sur la planète, nous voyons les périodes de pluies diluviennes et de sécheresses extrêmes se succéder à la queue leu leu. Les amortisseurs climatiques de la planète semblent finis, usés à la corde et dorénavant incapables de maintenir la moindre stabilité.
Le climat se réchauffe, on le sait tous, mais normalement, la planète devrait s’adapter, augmenter la superficie des régions tropicales près de l’équateur et celle des climats tempérés à des latitudes plus au nord. Oui, bien sûr, faire fondre les glaciers, augmenter le niveau des océans et faire en sorte qu’il fasse plus chaud un peu partout sur la planète, mais l’humain adore les climats chauds et ce ne serait certainement pas un ou deux degrés de plus sur cent ans qui lui déplairait, n’est-ce pas?
Alors, pourquoi pas un réchauffement égal partout et plutôt nous faire vivre les montagnes russes d’autant d’événements climatiques extrêmes?
Le problème, c’est qu’on réduit significativement la forêt tropicale mondiale en la coupant pour y faire de l’agriculture. La chaleur du soleil n’y est plus absorbée, elle chauffe le sol et se précipite encore plus dans la haute atmosphère, pour redescendre sous forme d’air sec et chaud à des latitudes intermédiaires. En même temps, le réchauffement climatique provoque une plus grande évaporation de l’eau à la surface des océans et des nuages gonflés d’humidité qui se précipitent, bien inégalement et à des moments différents de l’année, sur d’autres régions du globe. Et quelquefois, comme en Californie ou en Europe occidentale par exemple, on vit les deux phénomènes, soit de sécheresse extrême, puis de précipitations intenses, au même endroit, mais juste à des moments différents de l’année.
Amortisseurs climatiques
Une grande partie de la population mondiale s’est justement installée dans ces régions du globe qu’on appréciait pourtant pour leurs climats tempérés, mais on y a aussi remplacé le couvert forestier par des constructions humaines, des routes et des terres agricoles. Sécheresses intenses dans un coin, humidité dans un autre, froid qui descend du nord à l’occasion, zones de contact entre tout ça avec tornades et ouragans. Rien là pour empêcher la planète de rebondir encore plus sur ses springs!
Bien sûr, les GES sont la principale cause du réchauffement climatique global de notre planète, mais en même temps, nous avons usé nos amortisseurs climatiques à la corde en faisant disparaître les forêts un peu partout sur la planète.
C’est peut-être plutôt pour ça que nous vivons de plus en plus de catastrophes climatiques, parce que nous avons réduit à néant la capacité naturelle de notre planète à amortir l’intensité et la fréquence des événements climatiques extrêmes. Pas très confortable notre vieille minoune dont nous avons négligé l’entretien, n’est-ce pas? Dommage, pénurie de main-d’œuvre et pandémie oblige, les planètes neuves sont en rupture de stock chez les concessionnaires, il faudra plutôt se résoudre à remplacer les shocks.
André Verville, Lévis