Pollution à l’incinérateur: une preuve qu’il faut aller à la pêche plus souvent

Malgré les millions investis dans l’amélioration de l’incinérateur, la dernière campagne d’échantillonnage menée en juin nous révèle une fois de plus que des polluants, notamment du monoxyde de carbone, des chlorophénols, des chlorobenzènes et des hydrocarbures aromatiques polycycliques, ont été rejetés dans l’air de Limoilou au-delà des normes permises.


Et si ce problème de dépassement n’était pas seulement lié aux équipements de l’incinérateur, mais plutôt à la méthode de surveillance utilisée depuis des années qui consiste à mener chaque année deux campagnes d’échantillonnage de douze heures chacune : l’une en juin et l’autre en septembre? Lors des audiences du BAPE sur les déchets ultimes, nous avons démontré dans notre mémoire que cette méthode était insuffisante, ne permettant de connaitre la conformité des émissions de l’incinérateur pour chaque cheminée que l’équivalent d’une journée par année. Nous ne connaissons pas ce que les cheminées de l’incinérateur crachent les 364 jours restants.

En fait, on peut comparer la méthode de suivi actuelle à celle d’un pêcheur qui, après avoir mis sa ligne à l’eau deux fois sans avoir attrapé de poisson, en conclut que l’endroit choisi n’est pas bon pour la pêche, alors que cela aurait pu donner un autre résultat si celui-ci avait fait d’autres tentatives.

Voilà, il en est ainsi avec les deux campagnes d’échantillonnage annuelles utilisées jusqu’ici par la Ville de Québec : parfois, la pêche est bonne et permet de détecter des dépassements, d’autres fois, elle est moins bonne, et on ne constate pas de dépassements.

Selon nous, pour connaitre véritablement le nombre annuel de dépassements, préserver la qualité de l’air et protéger la santé humaine, la Ville de Québec doit aller à la pêche plus souvent que deux fois par année en s’inspirant des différentes réglementations européennes en matière d’incinération, soit :

  1. réaliser au moins quatre campagnes d’échantillonnage par année (une à chaque saison);
  2. effectuer, chaque semestre, sur une période de quatre semaines, une campagne d’échantillonnage visant à détecter les deux polluants suivants: le mercure et les dioxines et furanes;
  3. réaliser un contrôle annuel de l’impact de l’incinérateur sur son environnement (notamment les jardins communautaires et l’agriculture urbaine);
  4. faire un suivi en continu des substances suivantes: monoxyde de carbone (CO), particules (P), acide chlorhydrique (HCl), dioxyde de soufre (SO2) et oxydes d’azote (NOx).