Dans l’univers du soin « approprié, proportionné et personnalisé » qu’est l’aide médicale à mourir, l’aptitude à pouvoir dire oui ou non jusqu’à sa fin est d’une richesse remarquable. Tant pour la personne qui termine sa vie que pour ses proches et pour ses soignants. En bref, c’est beaucoup plus simple pour tout le monde. Toujours plus simple, même si la personne est encore suffisamment apte pour affirmer son dernier choix éclairé et libre, soit son oui, soit son non à l’aide médicale à mourir.
Personnellement, si en situation d’alzheimer, voici ce que serait mon choix: terminer ma vie, apte ou suffisamment apte. Par amour pour moi-même et pour les autres. Sachant que si je devenais inapte, l’application pour et par les autres en serait plus complexe, quoique faisable.
En attendant, je prendrais soin de donner du poids à mes Directives de soins de fin de vie, à mes Directives anticipées de fin de vie, à mon plan de soins individualisé (PSI), à mes mandats en prévision de l’inaptitude, en les signant souvent et en en faisant un outil de communication avec mes proches et avec mes soignants. Je les ferais placer en première page de mon dossier médical. J’utiliserais même des vidéos. Bref, ce serait comme si c’était moi qui décidais, en permettant aux autres d’être là, s’ils le veulent, en plein respect de mes volontés et de mes directives. Je serais là, debout, jusqu’à ma fin. Sachant que la dignité passe tellement par ce plein respect. Sachant en plus que tout ce plein respect faciliterait les processus de deuil. Sachant que tout cela alimenterait positivement les liens familiaux et professionnels.
Heureux je serais, étant encore suffisamment apte à consentir, me gardant la possibilité de terminer ma vie par don d’organes. Ce serait tout plein de vie, ce don!
Enfin, heureux et serein je serais, étant sûr et certain que je ne terminerais pas ma vie dans un/une maison/centre/complexe funéraire.
Si c’était ma situation, heureux je quitterais ce monde, sachant que les maisons et que les unités de soins palliatifs deviendront toutes des maisons et des unités spécialisées en soins de fin de vie, incluant bien sûr l’AMM. Et cela d’ici la fin de 2023.
Yvon Bureau, travailleur social
Impliqué depuis 38 ans dans la cause du mourir éclairé, libre et digne