À l’ONU, Zelensky vole la vedette et accuse Moscou de « génocide »

La déportation par la Russie de « dizaines de milliers » d’enfants ukrainiens est « clairement un génocide », a accusé à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le président Volodymyr Zelensky a accusé mardi à l’ONU la Russie de commettre un «génocide» en Ukraine, s’efforçant de rallier à sa cause des pays du Sud parfois sceptiques en leur disant qu’ils avaient eux aussi un intérêt en la victoire de Kiev.


La déportation par la Russie de « dizaines de milliers » d’enfants ukrainiens est « clairement un génocide », a-t-il accusé à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, où il a aussi dénoncé le fait que la Russie se serve de l’alimentation et de l’énergie nucléaire « comme d’une arme » ce qui impacte l’Ukraine comme « le reste du monde ».

Il a encore invité les dirigeants de la planète opposés à l’agression russe à l’aider à préparer « un sommet de la paix ».



Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, mardi.

« Pour la première fois dans l’histoire moderne, on a l’occasion de faire cesser cette agression selon les termes du pays attaqué », a-t-il lancé.

Habillé comme de coutume en treillis militaire, M. Zelensky a été longuement applaudi à son entrée dans l’enceinte, sous les yeux de l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU Dmitry Polyanskiy, présent à la table russe.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky quitte le podium après s'être adressé aux dirigeants du monde lors de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Dans la matinée, le président américain Joe Biden a fustigé la Russie qui « croit que le monde va se lasser et la laisser brutaliser l’Ukraine sans conséquence ».

« Si nous laissons l’Ukraine être démembrée, l’indépendance des nations est-elle encore garantie? La réponse est non », a-t-il insisté, sous les applaudissements du président ukrainien et de la salle.



M. Zelensky a encore averti du fait que les voisins de la Russie étaient en première ligne. « La Russie a quasiment avalé le Bélarus. Elle menace évidemment le Kazakhstan et les États baltes », a-t-il avancé.

Le président américain Joe Biden

En marge de cette grand-messe annuelle, le président américain a eu une rare rencontre avec les dirigeants de cinq pays d’Asie centrale, insistant sur « les principes partagés de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriale ».

« Ces principes comptent aujourd’hui plus que jamais », a-t-il assuré.

« Dialogue »

Depuis l’invasion russe, une écrasante majorité de pays a adopté à l’Assemblée générale de l’ONU plusieurs résolutions soutenant l’Ukraine et son intégrité territoriale ou réclamant le retrait russe.

Mais après un an et demi de guerre aux impacts en cascade sur le monde, notamment sur la sécurité alimentaire, certains pays du Sud plaident pour une solution diplomatique.

« Nous allons intensifier nos efforts pour mettre fin à la guerre grâce à la diplomatie et le dialogue, sur la base de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a lancé le président turc Recep Tayyip Erdogan, soulignant que « la guerre n’aura aucun vainqueur et la paix aucun perdant ».



En Ukraine, « aucune solution ne sera durable si elle n’est pas basée sur le dialogue », a insisté de son côté le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui doit s’entretenir mercredi avec Volodymyr Zelensky.

« Beaucoup a été investi dans des armes et très peu dans le développement », a-t-il déploré, tandis que le Sud-africain Cyril Ramaphosa dénonçait de même les sommes dépensées pour la guerre plutôt que dans le financement du développement des pays plus vulnérables.

Le président iranien Ebrahim Raïssi, dont le pays est allié de Moscou, a, lui, accusé les États-Unis de « jeter de l’huile sur le feu » dans le conflit en Ukraine.

Le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva

À l’inverse de plusieurs puissances occidentales, le Brésil n’a jamais imposé de sanctions financières à la Russie ni accepté de fournir des armes à Kiev et le pays tente de se positionner, tout comme la Chine, en tant que médiateur.

« Je suis conscient que pour certains dirigeants, il est important de trouver une solution pacifique», a noté lundi le président du Conseil européen Charles Michel. Mais «pour que cette paix soit durable, elle doit respecter les principes » de l’ONU, a-t-il affirmé.

« Monde sens dessus dessous »

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a, lui, peint un très sombre tableau d’un « monde sens dessus dessous », où les tensions géopolitiques « s’aggravent » et le réchauffement climatique « compromet le plus directement notre avenir ».

Symbole de cette « compilation » de crises, les inondations de Derna en Libye, « triste instantané de l’état de notre monde, emporté par le torrent des inégalités et des injustices, et paralysé devant les défis à relever », a-t-il déploré.

Les milliers de personnes qui ont perdu la vie «ont été victimes de plusieurs fléaux. Victimes d’années de conflit. Victimes du chaos climatique. Victimes des dirigeants, qui, là et ailleurs, n’ont pas su trouver la voie de la paix».



En prélude à l’Assemblée générale lundi, les pays en développement ont rappelé le reste du monde à ses promesses d’améliorer le sort de l’humanité d’ici à 2030, insistant notamment sur une réforme de l’architecture financière internationale.

Une demande faite de façon répétée par Antonio Guterres, qui y voit une raison de la fragmentation du monde.

Hormis les États-Unis, aucun autre membre permanent du Conseil de sécurité (France, Royaume-Uni, Chine, Russie) n’est représenté au plus haut niveau. Des absences que certains diplomates voient comme un mauvais signe pour l’ONU.