Séisme au Maroc: le récit d’un Québécois à Marrakech

Tristan Rocheleau était en voyage au Maroc lorsque le tremblement de terre est survenu.

Le Québécois Tristan Rocheleau était aux premières loges du séisme majeur qui a secoué le Maroc vendredi soir. « Une expérience triste et inoubliable » pour le voyageur de la région de Québec. Selon les plus récents bilans, le nombre de victimes s’élève à 2862 morts et 2562 blessés.


Tristan Rocheleau, 23 ans, et ses trois amis ont entrepris un voyage de deux semaines et demi dans le sud de l’Espagne et au Maroc. Vers la fin du voyage, ils s’installent pour trois jours à Marrakech, au centre du Maroc. Pour leur dernière nuit dans la ville, ils montent sur le toit de leur hôtel pour profiter de la soirée.

À 23h15, la terre se met à trembler.



D’abord, la secousse est légère. « On s’attendait à ce que ça cesse après quelques secondes, mais ça a commencé à secouer plus vigoureusement ». Les quatre amis se réfugient alors sous un cadre de porte en béton. « Assez rapidement, la ville s’est remplie de poussière, on avait de la difficulté à voir », raconte Tristan. La secousse dure 20 longues secondes. Les miroirs se cassent, des objets tombent, mais les Québécois ne craignent pas que l’hôtel s’écroule, puisque la construction était plutôt récente et solide.

Tristan et ses compagnons demeurent sous la porte une trentaine de minutes, pendant que des sirènes commencent à retentir dans la ville. Sur les réseaux sociaux, ils lisent qu’un tremblement de terre d’une magnitude de 6,8 a eu lieu à quelques dizaines de kilomètres au sud-ouest de Marrakech.

Évacuation de la ville

Une trentaine de minute après la secousse, l’hôtel de Tristan et les hôtels voisins sont évacués. Toute la ville est convoquée à la place centrale de Marrakech, Jemaa el-Fna, où les marchands se regroupent habituellement. « Tout autour, c’est des petites ruelles où même les voitures ne passent pas. C’est très étroit », explique Tristan.

« C’est quand on est sortis de l’hôtel qu’on a constaté les dégâts. Il fait complètement noir, on sort dans une ruelle et c’est là qu’on voit les débris et les gens qui pleurent ».

—  Tristan Rocheleau

Les quatre amis marchent en toute hâte dans le noir, aidés de leurs lampes de poche. « Heureusement, c’était notre troisième nuit là, donc on connaissait bien notre chemin », témoigne Tristan. Ils voient alors les débris, fils électriques et bâtiments écroulés. Mais aussi des blessés, des locaux qui retrouvent leurs proches et des gens qui pleurent la perte de leurs êtres chers. « C’était quand même effrayant », relate Tristan.



À sa sortie de l'hôtel, Tristan Rocheleau a constaté l'ampleur des dégâts du séisme.

Les autorités rassemblent tout le monde sur la place publique, craignant qu’une deuxième secousse ne survienne, ce qui n’est finalement pas le cas. Les Québécois demeurent sur la place centrale jusqu’à 4h du matin, sans vraiment dormir, avec très peu d’informations de la part des autorités. « Même les locaux ne savaient pas quoi faire », indique Tristan Rocheleau.

Le groupe d’amis avait un transport prévu vers Essaouira, sur le bord de l’Atlantique, en matinée. Deux des quatre voyageurs courent récupérer les bagages à l’hôtel, puis Tristan et ses amis se dirigent vers la gare d’autobus pour quitter Marrakech vers 8h.

À Marrakech, des façades et bâtiments se sont écroulé, mais les constructions sont plus solides que dans les villages.

Depuis samedi, Tristan Rocheleau et ses amis sont à Essaouira, où ils ont pu se reposer un peu près de l’océan. «On était stressés un peu du risque de tsunami, maintenant qu’on est sur le bord de l’Atlantique», ajoute le Québécois de 23 ans, mais tout se passe bien jusqu’à présent. À Essaouira, le séisme s’est fait sentir, mais même pas assez pour faire tomber les pions d’un jeu d’échec, selon des voyageurs rencontrés par Tristan.

Chanceux dans sa malchance

Malgré tout, Tristan Rocheleau estime avoir été « au bon endroit, au bon moment ». À Marrakech, moins de la moitié des bâtiments se sont effondrés sous le séisme, puisque les constructions étaient plus modernes. Ce qui n’est pas le cas dans les villages de la vallée montagneuse de l’Atlas, à l’épicentre du séisme.

Seulement quelques heures avant le tremblement de terre, les quatre voyageurs québécois avaient visité la vallée en scooter, là où les constructions sont de moindre qualité et les dommages ont été les plus importants.

Quelques heures avant le séisme, Tristan Rocheleau et ses amis visitaient l'épicentre du séisme.

Quelques jours plus tôt, Tristan et ses amis avaient parcouru une randonnée de deux jours sur le djebel Toubkal, le plus haut sommet d’Afrique du Nord, dans les montagnes de l’Atlas. « Je ne sais pas ce qui s’est passé à cet endroit-là. C’est certain qu’il y avait des gens qui dormaient dans le refuge où on a dormi », témoigne-t-il tristement.

Tristan repense aux villages dans les montagnes de l’Atlas, aux petites maisons en roche, et ne peut s’empêcher de penser au bilan des victimes qui s’alourdira. « On a visité un village où ils doivent refaire les murs des maisons aux trois à quatre ans, avec de la paille, du gravier et de la terre. Tout est très peu solide », constate Tristan. « Les toits sont des petits morceaux de bois qui craquent à rien. D’après moi, il y a beaucoup de gens pour qui c’est arrivé pendant leur sommeil et que le plafond s’est écroulé, malheureusement... »