Souvent, sans le savoir, ce premier emploi aura un impact sur le parcours professionnel. Il influence les décisions qui s’ensuivent et peut même mener à un choix de carrière. Ou non!
Des personnalités d’affaires de la région se sont prêtées au jeu de replonger dans leurs souvenirs et racontent l’expérience qui a lancé leur vie de travailleur ou d’entrepreneur.
De petits entrepreneurs devenus grands
Mathieu Ouellet avait huit ans quand il a tenté sa première expérience en entrepreneuriat. S’ennuyant pendant un mariage, il avait fabriqué des billets de loterie qu’il avait ensuite vendus sous forme de moitié-moitié. Quelques années plus tard, avec des copains du secondaire, il a lancé sa première entreprise : une plateforme Web qui testait et notait les jeux vidéo.
Le premier contact avec le marché du travail n’est pas toujours un emploi de salarié. C’est aussi la possibilité de le créer. C’est d’ailleurs pour donner le goût aux jeunes de développer leurs réflexes qu’il a fondé La grande journée des petits entrepreneurs, en 2014, avec deux associées, Catherine Morissette, qui agit comme directrice générale de l’organisation, et Isabelle Genest, qui est aujourd’hui à la tête de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches.
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«Le premier pas vers l’entrepreneuriat peut simplement être une expérience d’une journée. Mais il peut aussi mener à un projet qui se concrétisera», dit Mathieu, qui est consultant en commercialisation numérique. Au cours des dernières années, il a été associé chez iXmédia, Kabane, Zengo et Molécube.
Touche-à-tout, il a cumulé bon nombre de petits emplois durant son adolescence, passant d’arbitre au baseball à préposé aux terrains sportifs pour sa municipalité. «C’était toujours lié à une passion. Je crois que c’est le secret pour avoir du plaisir en travaillant», dit-il.
Ce qu’approuve Isabelle Genest, qui a enseigné le piano à de jeunes enfants durant toute son adolescence. Encore aujourd’hui, la musique fait partie de sa vie.
De son côté, l’avocate et ancienne députée Catherine Morissette se rappelle ses étés comme animatrice au Patro de Charlesbourg et préposée au club vidéo du coin. «J’aurais aimé découvrir l’entrepreneuriat plus tôt, mais je ne regrette aucunement ces expériences qui ont façonné la professionnelle que je suis aujourd’hui.»
Avec son équipe, elle prépare la 10e édition de cette grande journée qui se déroulera le 3 juin prochain. «On a maintenant un volet ado. Les jeunes prennent le temps de réfléchir à leur projet entrepreneurial, de le structurer. Il est toujours temps de s’inscrire!», invite-t-elle.
Faire ses classes par soi-même
Avant de travailler en restauration, Pierre Moreau a passé un été à vendre des aspirateurs centraux. L’été suivant, il est parti dans l’Ouest canadien avec un ami pour travailler dans un hôtel. «C’était ma façon de m’émanciper, de voler de mes propres ailes.»
Ce n’est ni son père, propriétaire de La Tyrolienne, ni sa mère, qui avait repris de son père le restaurant Chez Camille, qui l’ont engagé à ses débuts.
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«J’avais bien sûr aidé mes parents à différentes petites tâches, mais ils ne voulaient pas que je sois employé. Ils m’ont dit d’aller faire mes classes ailleurs. Ce que j’ai fait!», raconte celui qui est aujourd’hui président du Groupe Restos Plaisirs.
Un conseil qui lui a permis de multiplier les emplois dans cette industrie qui le passionne toujours. D’abord commis dans une rôtisserie de Sainte-Foy, il a ensuite été plongeur, puis serveur, avant de développer ses aptitudes en gestion.
«J’ai beaucoup aimé travailler sur le plancher et en cuisine. Même les étés où je coupais des oignons, rigole-t-il. J’ai beaucoup appris. Ça m’a sûrement permis d’être un meilleur gestionnaire par la suite.»
Pierre Moreau a été recruté par le Groupe Restos Plaisirs en juin 2010 pour occuper le poste de directeur général. Il devenait actionnaire de l’entreprise un an plus tard.
Reviendrait-il travailler en salle ou en cuisine? «Je serais aujourd’hui un piètre serveur, je suis beaucoup plus lent qu’autrefois!»
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Un emploi en tourisme pour forger son identité
Associée directrice du cabinet d’avocats Norton Rose Fulbright à Québec et impliquée dans sa communauté, Olga Farman a grandi dans le Bas-Saint-Laurent, au sein d’une famille immigrante tissée serrée. C’est son premier emploi d’été qui lui a permis de forger son identité québécoise.
Adolescente, elle a passé ses étés derrière le comptoir du bureau touristique de Rivière-du-Loup, à conseiller les touristes et à faire valoir les beautés de sa région.
«C’est à ce moment que j’ai senti ma fierté québécoise naître en moi, raconte-t-elle. Je savais la chance que j’avais d’être née au Québec, mais je me rendais compte que je ne connaissais pas bien ma région.» Elle a appris à découvrir non seulement sa région, mais aussi tout le Québec. «J’étais fière de participer à sa promotion.»
Celle qui agit aujourd’hui comme philanthrope et siège à plusieurs conseils d’administration se souvient qu’elle n’hésitait pas à guider les touristes égarés, même en dehors de ses heures de travail. «Je prenais mon rôle au sérieux, mais en fait, c’est parce que j’aimais ça.»
De la crème glacée et du popcorn
Élaine et Élisabeth Bélanger ont toujours été attirées par le service à la clientèle. Bien avant de reprendre le flambeau de l’entreprise familiale, Maison Orphée, les deux dirigeantes ont cumulé plusieurs emplois durant leurs études.
«Nos parents nous ont transmis des valeurs en lien avec la loyauté et le devoir du travail bien fait. Même quand c’était plus difficile, on se devait de remplir nos engagements», lance Élaine, qui se souvient de ses étés à servir de la crème glacée dans un bar laitier de l’avenue Cartier.
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L’année suivante, seule derrière le comptoir d’une petite bijouterie sur la même artère, elle a reçu la visite de deux cambrioleurs. «Ils ont tout volé, même mon portefeuille. J’ai figé, j’ai même fait pipi dans mon pantalon», se remémore-t-elle, en riant aujourd’hui de cette anecdote qui s’était heureusement terminée par l’arrestation rapide des deux hommes.
De son côté, sa soeur Élisabeth servait du popcorn et des boissons gazeuses au comptoir du cinéma des Galeries de la Capitale. «Un emploi de rêve» pour la passionnée de cinéma. Si elle avait la chance de voir beaucoup de films «entre deux shifts», elle se souvient aussi qu’elle finissait parfois de travailler très tard. «Avec le recul, je crois qu’on travaillait trop à notre époque. Ce n’était pas un horaire très sain pour une étudiante.»
N’empêche, les deux femmes gardent de bons souvenirs de ces multiples emplois à temps partiel où elles ont acquis des expériences variées. «À un âge où on se cherche, c’est très formateur. Ça nous a donné de bonnes bases pour la suite.»
Le travail bien fait. Voilà ce qui motive toujours les soeurs Bélanger, dont l’entreprise produit et distribue des huiles de qualité supérieure.
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Donner l’exemple à son tour
Dès l’enfance, Michel Parent suivait son père sur les chantiers de Logisco. Rapidement, il devient habile de ses mains et multiplie les travaux manuels. Alors qu’il est toujours sur les bancs d’école, il acquiert ses cartes d’apprenti journalier et de menuisier, en plus de travailler comme agent de location et concierge.
Pour lui, son chemin était tracé. «Mais, à un moment, j’ai voulu faire mes preuves ailleurs», relate-t-il. Il a donc été pompiste dans une station-service de Saint-Romuald, pour ensuite démarrer une petite entreprise d’aménagement paysager et de tonte de gazon.
«C’étaient de belles expériences, mais ça a aussi confirmé mon désir de travailler dans l’entreprise familiale et l’immobilier.»
Le travail était une valeur importante dans la famille Parent. L’exemple qu’il a reçu de son père, qui a bâti son entreprise un immeuble à la fois, il l’a donné à son tour à ses trois filles. «Le travail étudiant permet de développer sa débrouillardise et sa persévérance. Ce sont des valeurs que nous avons transmises à nos enfants.»
Aujourd’hui à la tête d’une entreprise comptant 425 employés et gérant plus de 6000 logements, il admet s’ennuyer parfois des travaux manuels en construction qu’il réalisait lorsqu’il était étudiant. Il a donc acheté une cabane à sucre il y a quelques années, qu’il s’amuse à rénover et à faire rouler les fins de semaine.