Les héritiers de Perlimpinpin

La préparation de la relève au sein d’une entreprise est un exercice de longue haleine qu’il ne faut pas escamoter, insiste la présidente de Perlimpinpin, Danielle Déry.

Lorsque son associée de la première heure a quitté l’entreprise, en 2014, Danielle Déry s’est empressée d’inclure de jeunes employés dans l’actionnariat de Perlimpinpin. Près d’une décennie plus tard, la préparation de la relève s’accélère au sein de l’entreprise de Québec spécialisée dans la création, la fabrication et la distribution de sacs de nuit, de couvertures, de literie et de vêtements d’extérieur pour les enfants.


Certains de ces jeunes partenaires ne sont plus là. La plupart sont restés. «Pour le moment, nous sommes cinq actionnaires. Je demeure majoritaire», indique celle qui a cofondé Perlimpinpin en 1986 avec Isabelle Matte. Alors dans la jeune vingtaine, elles sortaient directement du Campus Notre-Dame-de-Foy avec un diplôme en design de mode dans leur sac.

Danielle Déry n’écarte pas la possibilité que d’autres employés puissent démontrer de l’intérêt à devenir actionnaires de l’entreprise, qui compte sur un réseau de plus de 500 distributeurs principalement au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande. Elle n’est pas fermée, non plus, à la venue de candidats provenant de l’extérieur de la famille Perlimpinpin.

Chose certaine, celle qui dirige Perlimpinpin depuis qu’elle a 23 ans n’entend pas tirer sa révérence demain matin.

«J’aimerais que le processus en cours de préparation de la relève se termine d’ici un horizon de trois à cinq ans.»

—  Danielle Déry

Bien que rien ne soit encore totalement coulé dans le béton, elle se voit à la tête du conseil d’administration de son entreprise, s’attardant aux défis liés à la vision à long terme et au développement de la marque Perlimpinpin, dont le marché n’a pas réellement de frontières grâce au commerce électronique.

«Vous savez, je n’exerce déjà plus un grand rôle dans la gestion quotidienne de l’entreprise. Perlimpinpin fonctionne sans moi! Nos équipes dans les domaines des ventes, du développement des affaires, du développement des produits et de la production, entre autres, sont autonomes et responsables.»

Relève évaluée sous toutes ses coutures

Depuis belle lurette, la relève chez Perlimpinpin fait ses classes. Ceux et celles qui ont été identifiés comme les releveurs ont été placés au coeur de l’action. Leurs faits et gestes sont évalués. Leurs compétences sont passées au crible et testées. Des conseillers sont mis à leur disposition pour les aider à évoluer dans l’univers de la gestion d’une entreprise.

L’apprentissage des éventuels releveurs se compare à une course à obstacles. Et à un marathon. «La reprise et le rachat d’une entreprise, ça mérite une longue période de réflexion. À mon avis, c’est une affaire de cinq à sept ans avant de réussir à attacher tous les fils», juge Danielle Déry, en signalant que l’automne sera déterminant pour la suite des choses à la direction de Perlimpinpin. À suivre…

Danielle Déry dirige Perlimpinpin depuis qu'elle a 23 ans.

Mme Déry – qui intervient régulièrement auprès d’autres chefs d’entreprises à titre de mentore et qui bénéficie elle-même de l’accompagnement d’un sage – estime que la démarche de préparation de la relève chez Perlimpinpin «sécurise» la quinzaine d’employés de l’organisation.

«Tout le monde sait que je ne suis pas éternelle. Ça rassure les travailleurs de savoir que je ne partirai pas demain matin, qu’il y a de l’intérêt de la part des releveurs, qu’il y a un processus sérieux qui bat son plein, que des jeunes prennent de plus en plus de place dans la gestion quotidienne des opérations, et que la démarche se déroule graduellement, sans bousculade.»

Perlimpinpin en santé

L’exercice de repreneuriat se déroule alors que Perlimpinpin enregistre une nette progression de ses ventes depuis la pandémie. «En trois ans, elles ont doublé», affirme Danielle Déry.

«La demande pour nos produits a bondi et tous les efforts déployés par nos petites équipes efficaces et bien organisées pour intensifier notre présence sur les réseaux sociaux et les blogues, pour faire connaître la marque et nos produits à valeur ajoutée auprès des consommateurs et des détaillants, ont été fructueux. L’engouement pour l’achat local a également contribué à l’atteinte de nos objectifs.»

La pandémie a notamment permis à Perlimpinpin d’accélérer l’implantation de son site de commerce en ligne destiné au marché américain et d’accroître sa visibilité sur Amazon. Par ailleurs, la guerre en Ukraine a mis fin à l’aventure de la compagnie de Québec dans ce pays. «Nous y avions développé un marché intéressant», déplore celle qui veille sur Perlimpinpin depuis 37 ans.

La fabrication des produits de la marque Perlimpinpin se fait principalement en Chine et en Inde. Une question de coûts et de disponibilité de main-d’oeuvre. «Nous conservons ici environ 15 % de nos activités de fabrication», mentionne Danielle Déry.