
Partir vivre... au Nicaragua
NOM: Rachel Vincent
ÂGE: 35 ans
PROFESSION: directrice d’ONG à l’étranger
Trajectoire
«Originaire de Sherbrooke, j’ai vécu à Québec pratiquement toute ma vie. À ma sortie de l’université, en 2011, j’ai commencé à travailler comme chargée de projet en jardinage urbain pour une organisation à but non lucratif, Craque-Bitume. Mon travail a toujours été lié à mes valeurs profondes et à mon désir de participer à la création d’un monde meilleur. En 2013, j’ai été invitée à aller donner une formation en agriculture urbaine dans un centre communautaire d’un quartier défavorisé de Nandaime, au Nicaragua. J’ai eu un coup de foudre pour ce pays d’Amérique centrale.»

Raison
«Mon départ du Québec n’était pas prémédité. À cette époque, je terminais un certificat, je vivais avec mon amoureux des six dernières années et j’avais un travail qui me passionnait. Mais dès mes premiers jours au Nicaragua, j’ai senti une connexion avec le pays et ses habitants. Lors de mon passage, un poste de coordonnateur régional s’est ouvert pour un projet en agroécologie. Je n’ai pas pu résister à la tentation de poser ma candidature. À mon retour, on m’a offert l’emploi et je suis repartie pour ne jamais revenir. Mon ex aime bien raconter que je l’ai laissé pour un pays!»

Le plus dur à apprivoiser…
«La culture machiste. Les femmes nicaraguayennes vivent beaucoup de discrimination et de violence. Comme étrangère, j’ai davantage le droit de m’exprimer sur le sujet. Mais dans les relations de travail, les femmes en position d’autorité sont beaucoup moins respectées et on leur accorde moins de crédibilité. Depuis mon arrivée, j’ai eu quelques relations amoureuses, mais je ne peux pas supporter le contrôle qui s’installe. Elles se sont donc toutes soldées par un échec.»

Aujourd’hui, je vis comme une Nicaraguayenne parce que...
«J’aime la culture nicaraguayenne passionnément! J’aime leur sens de l’humour grinçant comme mécanisme de défense face aux obstacles qui viennent avec la pauvreté et des siècles de drames historiques et politiques. Ce sont des personnes incroyablement résilientes, qui savent se réinventer, qui n’ont pas peur de rêver. J’aime aussi leur façon de prendre soin les uns des autres entre les générations. J’aime leur curiosité, leur fierté, leur désir de partager et leur capacité à s’émerveiller.»
Je mange...
«Du gallo pinto! Il n’y a rien de meilleur que ce mets typique composé de fèves rouges, de riz, d’oignons, de poivrons et de coriandre. Sans bien sûr oublier la tortilla de maïs et tous les autres mets à base de maïs. Ils sont célébrés par l’un des plus grands troubadours du pays, Luis Enrique Mejía Godoy, qui chante : somos hijos del maíz, “nous sommes les fils du maïs”.»

J’habite...
«J’ai d’abord habité Somoto, près de la frontière du Honduras. Le travail m’a amenée à déménager sur la côte Pacifique Sud du pays, dans une localité appelée Dolores. Cette région est le cœur du folklore nicaraguayen et est située à proximité des attractions touristiques les plus spectaculaires: Granada, la ville coloniale qu’on surnomme la Grande Sultane, des formations volcaniques comme le volcan Masaya et l’île d’Ometepe ou encore les piscines naturelles de Playa Huehuete. Je loue une maisonnette jaune, tout près d’une des dernières réserves protégées du département de Carazo.»

Je m’ennuie...
«Des quatre saisons, en particulier des traditions automnales! Le changement de saison au Nicaragua est moins drastique. Les journées se ressemblent davantage et on en oublie presque le temps qui passe.»
Je reste branchée au Québec en...
«Écoutant la radio! Je suis une grande fan de Plus on est de fous, plus on lit!, un programme de littérature, et de C’est fou, un programme d’anthropologie, que j’écoute religieusement. Comme je travaille pour une organisation québécoise, je suis sans cesse en relation avec des Québécois. Mon rôle est de les aider à s’adapter à une culture différente.»

Un bon coup de ma ville d’adoption que je rapporterais au Québec...
«Ça va paraître étrange, mais les veillées funéraires publiques! Ici, une voiture avec des haut-parleurs parcourt les rues de la ville pour informer la population des décès. Lors d’une veillée funéraire, la rue est bloquée, la famille du mort se procure un pavillon et des chaises, distribue café et repas léger, et on passe la nuit à accompagner la famille pour veiller le défunt. Ici, la mort fait partie de la vie et on l’honore beaucoup plus qu’on la pleure.»
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