|Mois de l'arbre

Mon idéal forestier structural

Francis Moisan, en 2001, alors qu’il est technologue forestier et superviseur 
aux opérations forestières.
Contenu commandité L'Association forestière des deux rives

Originaire de Saint-Raymond, je viens d’une famille de forestiers autant du côté de ma mère que de mon père. J’ai grandi sur la terre familiale transmise depuis quatre générations. Mon père est travailleur forestier depuis plus de 50 ans et, durant l’été, il répare et construit des chalets et des maisons en bois rond. J’ai donc hérité de ces gènes de forestiers-constructeurs et je poursuis la lignée, toutefois, en apportant une touche d’innovation et de créativité à ce milieu traditionnel.


De la forêt aux structures

Ma carrière professionnelle a cependant débuté du côté plus forestier que constructeur. J’ai étudié en technique forestière au Cégep de Sainte-Foy puis, de 2001 à 2003, j’ai travaillé comme technologue forestier et superviseur aux opérations forestières pour l’entreprise Gestofor à Saint-Raymond.

En forêt, je voyais que les gars devaient trimer dur pour se sortir un salaire décent: d’une noirceur à l’autre, 6 jours sur 7 et le dimanche à entretenir leurs machines. Je me disais qu’un moyen pour améliorer leur sort était probablement de donner un maximum de valeur au bois, pour qu’ultimement ça revienne dans leurs poches.

C’est avec cette réflexion que je retourne aux études en 2003, en opérations forestières à l’Université Laval. Rapidement, je réalise que le programme de génie du bois vise exactement les concepts de valeur ajoutée à tous les niveaux de transformation, et même en structure. Je me dis: « Mon avenir en forêt est là, il est en structure ! » Et c’est ainsi que le forestier devient un peu plus constructeur…

Ingénieur du bois, d’une région à l’autre

Baccalauréat en génie du bois en main, je trouve un poste de superviseur à l’usine de sciage de Tembec, à Béarn au Témiscamingue en 2007. La crise forestière de 2008-2009 frappe et j’ai l’opportunité d’être muté en Ontario sur un autre site de Tembec. Je décide alors de recentrer ma carrière vers mon « idéal forestier structural » et je fais mon entrée chez une firme d’ingénierie bien implantée en Abitibi-Témiscamingue.

De 2009 à 2014, j’occupe le poste d’ingénieur en structure et chef d’équipe pour Stavibel et je réalise, entre autres, plusieurs projets d’envergure où le bois est à l’honneur. Puis, en 2014, je rentre au bercail et débute chez Charpentes Montmorency comme ingénieur et directeur, poste que j’occupe toujours.

Charpentes Montmorency

Fondée en 2007, Charpentes Montmorency se démarque dès ses débuts par la qualité de ses structures et se crée une place de choix dans le marché des bâtiments résidentiels haut de gamme. Jusqu’alors, l’essence de bois préconisée par l’entreprise est le sapin Douglas (BC-Fir), un bois importé de l’Ouest canadien et américain.

Structure en bois d’une maison réalisée par Charpentes Montmorency

À mon arrivée dans l’entreprise, il y a énormément de travail à faire afin de remettre Charpentes Montmorency sur les rails aux niveaux administratif, vente et marketing.

l’expertise humaine et les essences de bois du Québec

En 2015, je rachète 50 % des actions de l’entreprise et, avec l’aide de l’équipe technique en place, c’est la reconstruction des bases de la compagnie. L’équipe administrative se renouvelle et l’entreprise fait son entrée dans le secteur commercial, industriel et institutionnel en utilisant principalement des bois d’ingénierie québécois fabriqués par Chantiers Chibougamau, les produits Nordic.

Ces produits permettent entre autres de réaliser des structures hautement esthétiques avec moins de matière première comparativement aux autres lamellé-collé sur le marché. Cela s’explique du fait que le bois Nordic Lam est composé à 90 % et plus d’épinette noire, un arbre abondant au Québec et aux propriétés mécaniques exceptionnelles. Les valeurs et la vision de Chantiers Chibougamau sont très liées à celles de Charpentes Montmorency, ce qui en fait donc un très bon partenaire.

Gaétan Moisan, père de Francis Moisan, qui travaille encore aujourd’hui en foresterie

S’adapter au marché

Nous utilisons également d’autres essences de bois adaptées à chaque projet, soit les pins, la pruche, le cèdre blanc de l’est et d’autres bois d’ingénierie tel que le LVL, le lamellé-croisé (CLT) et le lamellé-cloué (NLT), et sommes certifiés FSC (Forest Stewardship Council).

Au fil des années, nous avons développé un créneau dans l’intégration des projets en structure de bois massif, c’est-à-dire que nous prenons en charge les projets de la conception, la fabrication jusqu’à l’installation. Les projets sont ainsi plus rapides, simplifiés et plus économiques.

Nous continuons à réaliser des projets résidentiels pour environ 10 à 15 % de notre chiffre d’affaires. Cependant, l’impact environnemental est beaucoup plus significatif à remplacer l’acier et le béton dans les projets commerciaux, industriels et institutionnels. Notre priorité est donc le développement de systèmes en bois intelligents et économiques dans ce marché en pleine émergence.

Un investissement majeur

En 2018, nous avons besoin de plus d’espace de qualité pour nos travailleurs ainsi que d’équipements mieux adaptés et plus sécuritaires. Nous débutons donc la fabrication de notre nouvelle usine en bois, dans l’ancienne, en octobre 2018 et nous emménageons en mars 2019. Cette construction rapide et innovante fait parler et nous vaut plusieurs prix d’excellence Cecobois.

Le résultat est tellement apprécié que nous avons répliqué notre usine pour d’autres clients.

Jean-Marc Plamondon, oncle de Francis Moisan, qui travaillait avec Gaétan Moisan, père de Francis, pour la compagnie 
Saint-Raymond Paper.

Le bilan environnemental et humain du bois

Les structures de bois sont là pour rester. Le bois est un allier de taille dans la lutte aux changements climatiques. Son utilisation dans la construction de bâtiments, un secteur qui génère énormément de gaz à effet de serre, est une solution sensée, appuyée par de nombreuses recherches et groupes environnementaux. Un des aspects les plus positifs du bois est qu’il s’agit d’une ressource renouvelable et exploitée de manière durable au Québec.

En choisissant le bois, ce que le Québec fait de plus en plus, on encourage l’économie régionale. Alors, nous pouvons imaginer qu’il y a des retombées dans les poches des travailleurs forestiers, directement ou indirectement.

Par Francis Moisan, ing. du bois, président de Charpentes Montmorency