Q Est-ce que le Québec se distingue pour ses mouvements coopératifs?
R Oui. Le deux tiers des coopératives sur l’ensemble du territoire canadien sont créées au Québec. Et nous avons une loi qui est encadrante, en plus d’un écosystème en soutien à ce développement. Alors, nous sommes très forts en matière de coopération. Nous sommes très structurés, mais c’est encore trop méconnu. Les gens ne sont pas au fait qu’il y a une autre façon d’entreprendre au Québec que la «Inc».
Q Dans un contexte inflationniste, la gouvernance coopérative pourrait-elle être une avenue pérenne pour une entreprise?
R Le taux de survie des coopératives est supérieur aux autres entreprises. Quelque 64% des coopératives survivent au moins cinq ans contre 35% pour les entreprises globales. Et 44% des coopératives vont survivre au moins 10 ans contre 20% pour les entreprises. Et pourquoi? Car la coopérative est créée pour répondre à un besoin précis. Mais aussi, parce que l’implication des membres et des employés est nettement supérieure. Donc, ça fait des entreprises qui sont beaucoup plus solides de par leur constitution. Alors, dans un contexte inflationniste, les coopératives et les mutuelles sont très bien équipées pour passer à travers cette crise et ce contexte socio-économique plus difficile.
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Q Quel modèle de coopérative est la plus populaire au Québec?
R Je dirais la coopérative de travailleurs, car il y a beaucoup d’entreprises au Québec qui n’ont pas de repreneurs. Donc, ça permet aux employés de reprendre l’entreprise collectivement, de maintenir son offre de service et de ne pas délocaliser l’entreprise. Et qui de mieux placé que les employés pour reprendre leur entreprise?
Q Y a-t-il de nouveaux secteurs qui s’attachent au modèle coopératif?
R Un secteur qui n’est pas nouveau, mais qui a pris de l’ampleur ces dernières années, est celui des fermes maraîchères en coopérative. Pourquoi? Parce qu’on est dans un contexte où on veut avoir une offre de service alimentaire locale. Ce phénomène a pris de l’ampleur pendant la pandémie. Et le modèle coopératif permet souvent à ces fermes maraîchères de répartir leur charge de travail adéquatement entre les travailleurs, mais aussi de se donner une chance de démarrer, car les terres au Québec sont quand même dispendieuses. Nous sommes passés d’une vingtaine de fermes maraîchères coopératives sur l’ensemble du territoire québécois à 48 dans les dernières années.