
Le sort politique de Labeaume serait déjà scellé…
La question reste en suspens pour l’instant. D’ailleurs, cette chronique ne porte pas à proprement parler sur la décision que prendra M. Labeaume de se représenter ou pas. Elle porte sur le cimetière des belles idées politiques; de ces idées qui feraient bien de rester sous terre.
Alors que Régis Labeaume évoquait vendredi son avenir politique, il m’est revenu à l’esprit un projet que le Parti québécois avait fortement promu il y a tout juste dix ans et des poussières, une idée a priori séduisante.
À la mi-décembre 2010, peinant dans les intentions de vote et cherchant à marquer l’opinion publique, le Parti québécois de Pauline Marois avait proposé que le titulaire de la charge de premier ministre du Québec ne puisse demeurer en poste plus de deux mandats et que le gouvernement restreigne à un maximum de trois mandats ou à 12 ans le règne d’un maire d’une municipalité de plus de 5000 citoyens.
Si une telle chose avait alors été adoptée en comptabilisant le passé, M. Labeaume n’aurait pas aujourd’hui le loisir de s’interroger sur son avenir. Son sort serait déjà scellé.
Modèle américain
Mme Marois avait évoqué le modèle américain, où le président ne peut accomplir plus de deux mandats.
Sa proposition figurait dans un plan dressé afin de contribuer à «l’assainissement des mœurs politiques au Québec». Jean Charest était au pouvoir depuis quelques années et le Parti québécois était particulièrement remonté.
Toutefois... Contrairement à ce que le parti avait annoncé dans l’opposition, et réitéré deux fois plutôt qu’une après son élection en 2012, le projet a été mis de côté. Le gouvernement minoritaire de Mme Marois avait d’autres priorités... On a souvent d’autres priorités lorsqu’un engagement ne passe plus comme lettre à la poste.
Si la proposition avait été conspuée dès le départ par de nombreux maires, parmi lesquels Régis Labeaume, elle passait aussi alors moins bien dans l’opinion publique. On rappelait qu’à Québec, par exemple, Jean-Paul L’Allier a été maire pendant 16 ans, de 1989 à 2005.
Renouvellement forcé
Sur papier, l’idée peut paraître séduisante. Elle peut participer au renouvellement des dirigeants politiques. C’est ce qui vient spontanément en tête lorsqu’on l’analyse. Et c’est ce que faisait valoir le Parti québécois.
Le problème est qu’il faudrait que l’on soit chaque fois certain que des gens soient véritablement en mesure de prendre la relève au bout de ces mandats circonscrits.
Le président américain Barack Obama aurait été réélu s’il n’avait pas été empêché de se représenter au bout de ses deux mandats.
À trop vouloir réglementer la démocratie, on peut y perdre.
Avant que quelqu’un ne redéterre cette fausse belle idée, il faut rappeler qu’il vaut mieux laisser les électeurs décider du sort des élus. Bien au-delà des personnes, c’est une question de principe.