Chronique|

Patiner avec le caucus

Le Centre Vidéotron pendant le Tournoi international de hockey pee-wee de Québec.

CHRONIQUE / Mai 2011 : les députés du Parti québécois apprennent dans les médias que leur parti va présenter un projet de loi « sécurisant » un éventuel futur nouvel amphithéâtre à Québec.


Plusieurs élus péquistes sont mécontents de l’apprendre par la télévision. D’autres sont fâchés de la teneur de la proposition législative.

D’autres sont surtout ébranlés par la controverse suscitée.

Il a fallu une bonne discussion en caucus le lendemain pour apaiser les premières tensions internes. Mais il était trop tard.

Une brèche était ouverte. Elle s’ajoutait à l’accumulation de nombreuses déceptions et frustrations au sein du PQ, qui formait alors l’opposition officielle.

En juin de cette année-là, cette affaire d’amphithéâtre a abouti à la démission fracassante de trois députés : Louise Beaudoin, Lisette Lapointe et Pierre Curzi. Excusez du peu!

Deux autres élus ont aussi très vite claqué la porte, mais à propos de la question de l’indépendance.

Pauline Marois parle de 2011 comme de la pire année de sa vie politique. (Après celle du printemps, elle a dû affronter une autre crise interne durant l’automne.)

De l’importance du caucus

Il n’y a pas et il n’y aura pas de comparaison possible entre cet épisode et celui lié à l’annonce par le ministre des Finances Eric Girard d’une dépense de 5 à 7 millions $ pour permettre au Kings de Los Angeles de disputer deux parties sans importance en octobre prochain à Québec.

Pas de lien, à part qu’il s’agit de hockey. Et à part qu’il soit aussi finalement question, pour la direction d’un parti ou d’un gouvernement, de ne pas « perdre » son caucus.

La CAQ ne perdra pas son caucus avec ce dernier épisode, bien sûr. N’empêche que la direction du gouvernement a des pots à recoller pas seulement avec une large partie de l’opinion publique, mais avec certains de ses députés.

Plusieurs ont été ébranlés par les réactions des citoyens en général. Or, ces réactions font que des caquistes se questionnent aujourd’hui non seulement sur l’à-propos de cette dépense frivole, mais sur sa pertinence réelle.

Elle n’est pas récurrente, certes, mais elle n’a rien de stratégique.

Les députés seront de retour cette semaine à l’Assemblée nationale, après une semaine de relâche parlementaire. En caucus, les caquistes voudront obtenir des explications du premier ministre, ainsi que d’Eric Girard. Ils en attendent.

La CAQ a toujours été forte de la loyauté et de la discipline de ses députés sur la place publique.

La haute direction du gouvernement sait mieux que nous tous qu’elle doit veiller à ne pas affaiblir ce qui a toujours constitué l’une de ses forces.

Une unité ébranlée peut mener à un certain vacillement, ce qui ajoute toujours aux difficultés.

Mais ce n’est pas tout de le savoir, encore faut-il agir comme tel. C’est un défi en soi.

C’est un défi en soi pour un gouvernement qui a toujours des dizaines de chaudrons sur le feu et qui, avec le temps, voit moins bien quelles casseroles au milieu de tous ces récipients peuvent déborder.

Le flair s’estompe avec les années. Sans doute à la même vitesse que fond un capital de sympathie. Parlez-en à d’anciens gouvernements du Parti québécois, mais pas seulement.

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