
Théâtre
Q Ça fait quoi de revenir sur scène après ce confinement?
R Ça fait énormément plaisir. C’est comme si je ne réalisais pas vraiment qu’il y avait une si grande différence. J’ai joué au mois de mars à Londres, ça fait quand même un bout que je n’ai pas joué au Trident. C’est comme si c’était juste une autre production, sauf qu’avec les nouvelles conditions — les masques, les consignes, le fait de ne pas toucher aux mêmes accessoires que les collègues —, c’est là que la réalité te frappe tout à coup. Quand on est au théâtre, on est déjà dans une autre réalité. Mais on est rattrapé par les nouvelles nécessités… Je pense que quand je vais voir la salle avec 140 personnes au lieu de 525, c’est là que je vais plus mesurer le choc.
Q Qu’est-ce qui se démarque à tes yeux dans ce texte que tu portes?
R Ce qui ressort, c’est la beauté de la langue. C’est une langue vraiment magnifique. Et ça parle de choses tellement fondamentales. Ça parle d’identité, ça parle de comment se sortir de la misère. Ce qui est beau aussi, c’est que la Sagouine, elle ne se plaint jamais. Elle n’est pas dans la misère. Elle est née à cet endroit-là, elle vit sa vie. C’est ce que je trouve tellement touchant. Elle s’arrache la vie, elle fait ce qu’elle peut pour s’en sortir. Et elle a énormément d’humour, aussi. Elle est très lucide. Elle réfléchit beaucoup. Ça me fait penser à mes parents ou mes grands-parents, qui étaient des espèces de sages qui vivaient dans un autre temps.
Q Comment entrevois-tu la suite des choses pour le milieu théâtral, si jamais les contraintes sanitaires se poursuivent pendant encore un moment?
R J’en parle avec les gens avec qui je travaille et avec mes élèves au Conservatoire. On a la sensation que ça ne sera plus comme avant. Il y aura encore du théâtre et des shows de musique, mais je pense que les spectacles vivants seront présentés live, mais aussi sur le Net. Je crois qu’une bonne partie du public va écouter ça de la maison sur leur écran. C’est sûr que c’est un peu absurde, parce qu’un spectacle live, ce n’est pas ça. Mais on ne pourra plus laisser de côté cette présence de l’écran. Mais si ça permet de rejoindre plus de gens et si on peut faire un spectacle à Québec avec des spectateurs qui viennent de Gaspé, c’est extraordinaire. D’une certaine façon, ça rend le spectacle encore plus accessible.
«La Sagouine» d’Antonine Maillet, mise en scène de Patrick Ouellet, avec Lorraine Côté, accompagnée de Stéphane Caron, à la salle Octave-Crémazie du 22 septembre au 18 octobre.