La pièce Embargo, d’après un premier texte de Lauren Hartley, aussi protagoniste en compagnie de Nicolas Dionne-Simard, joue à fond la carte de l’intarissable thème de la dynamique homme-femme. À travers la radiographie de ce couple en crise se profile toute la complexité sentimentale qui habite deux partenaires lorsque vient le moment de mettre cartes sur table.
La blessure découlant d’une rupture en est-elle une d’amour ou d’orgueil? Jusqu’où l’un des partenaires peut-il se dévoiler à l’autre sans afficher sa vulnérabilité? Est-on capable de commettre des actes qu’on n’accepterait pas nous-mêmes? L’ego est-il soluble dans le chagrin d’amour? Autant de questions qui s’imposent en filigrane de ce huis-clos fort de plusieurs éléments porteurs, mais à la construction inégale.

Fort d’une belle complicité, le duo de comédiens s’affrontent en deux actes, d’abord au gré d’une chicane sur fond de jalousie où l’ombre d’une tierce personne, une «fucking salope», vient jouer les trouble-fête, puis d’un rapprochement qui ne tardera pas à virer à nouveau à l’eau de vaisselle. «Ça donc ben dégénéré vite...» s’étonne le gars face aux discussions en montagnes russes avec sa vis-à-vis.
Si la pièce s’égare parfois sur des chemins de traverse, en revanche, elle a le mérite dans ses meilleurs moments de faire communier à l’état d’esprit du couple. Ici et là, plusieurs traits d’humour — bonjour les voix nasillardes à l’hélium… — permettent de détendre un peu l’ambiance.
La scénographie minimaliste — un sofa, des semblants de murs, des bouteilles de vin, quelques ballons, un pot de fleurs cassés... — permet de garder l’attention sur les deux protagonistes englués dans leurs malaises. En ouverture, la mise en scène d’Olivier Lépine surprend agréablement avec ces successions de tableaux où le couple emprunte diverses postures immobiles, entre lumière et obscurité, sur la chanson Where’s the Catch? de James Blake.

Pour les intéressés qui veulent pousser plus loin en aval la réflexion sur le couple, la thérapeute en relation d’aide Nancy Lacasse se joindra à une causerie avec les créateurs de la pièce, vendredi, après la représentation.
Embargo est présentée à Premier Acte jusqu’au 13 avril.