Madra : à qui peut-on confier son enfant?

<em>Madra</em>, un suspense psychologique présenté au Périscope jusqu'au 25 novembre.

Nul besoin d’être parent pour être saisi par Madra, un suspense psychologique présenté au Périscope jusqu’au 25 novembre. D’ailleurs, Marc-André Thibault n’était pas encore papa quand il s’est glissé dans la peau d’Alex pour la première fois.


« Quand on a monté la pièce en 2019, je n’étais pas papa. Il y a plein d’affaires auxquels on a réfléchi dans ce show qui m’habite encore comme jeune papa. C’est des réalités de tous les jours : comment donner du lousse à nos enfants tout en les protégeant? » demande le comédien et directeur artistique du Théâtre Bistouri.

Alex et Madra sont les parents d’un enfant de 3 ans, Gabriel. Le couple décide de s’offrir une fin de semaine en amoureux et de le faire garder pour la première fois par Claire, la mère d’Alex.

À leur retour, les parents apprennent quelque chose de troublant qui leur fait remettre en question la confiance qu’ils accordent à leur entourage.

Surtout Madra.

Le public sera alors témoin de la descente aux enfers de cette mère angoissée incarnée par Sylvie De Morais-Nogueira.

« Ce n’est pas quelqu’un qui est prédestiné à angoisser outre mesure pour la sécurité de son enfant : ça pourrait être n’importe quelle maman », soutient Marc-André Thibault.

« Madra va avoir de la misère à faire confiance aux étrangers et va voir un potentiel de danger partout. Elle va devenir de plus en plus protectrice avec son enfant », ajoute-t-il.

Tous les inconnus croisés par la mère au cours de cette histoire sont interprétés par Frédéric Blanchette.

Tous les inconnus sont interprétés par Frédéric Blanchette.

« C’est voulu que ce soit joué par le même acteur. Il représente un potentiel danger. [Ou plutôt,] Madra le voit comme un danger potentiel. Mais il y a des inconnus qui vont l’aider et d’autres qui vont faire augmenter sa peur. C’est ça aussi dans la vie », souligne le comédien.

Choc générationnel

Dans cette pièce écrite par Frances Poet, le public assiste aussi à un choc générationnel qui pose la question : les parents d’aujourd’hui surprotègent-ils leurs enfants?

La grand-mère, interprétée par Louise Bombardier, tentera de se justifier. Elle racontera qu’elle a élevé Alex seule et que, parfois, elle n’avait pas le choix de faire parfois confiance à des gens qu’elle connaissait plus ou moins pour le surveiller.

Louise Bombardier dans le rôle de Claire, mère d'Alex et grand-mère de Gabriel.

« Je pense que notre génération est très au fait de toutes les possibilités… quand les gens étaient moins informés, il y a quelques décennies, ils se creusaient peut-être moins la tête avec ça… Tous les cas de pédophilie n’étaient pas aussi documentés à l’époque, on n’en parlait pas tant que ça », mentionne le comédien qui a traduit le texte de l’autrice anglaise basée en Écosse.

En 2019, France Poet est venue assister aux premières représentations de Madra à Montréal.

Lors d’une entrevue, l’autrice a évoqué le souvenir de ses enfants grimpant aux arbres. Elle a parlé de son impulsion de les empêcher de monter trop haut qu’elle retenait pour leur permettre d’apprendre par eux-mêmes jusqu’où ils pouvaient aller.

Le retour de Madra

Marc-André Thibault a eu le coup de foudre pour l’écriture de Frances Poet.

D’ailleurs, depuis la création de Madra, le directeur artistique du Théâtre Bistouri a traduit une deuxième pièce de Poet.

« Elle a le don de créer des personnages qui sont complexes, attachants, mais qui ont leur part d’ombre; ce n’est pas tous les auteurs qui réussissent à faire ça. C’est aussi une excellente dialoguiste », soutient Marc-André Thibault.

Le traducteur, qui a vu la pièce en Écosse, a confié la mise en scène à Marie-Hélène Gendreau. Il a préféré se faire guider par la vision de la metteuse en scène que de tenter d’imiter la version originale.

« C’est la richesse d’avoir des personnages qui sont profonds comme ça : tu peux aller dans des zones différentes et ça fonctionne quand même », constate le comédien.

Quatre ans et demi après sa création, Madra revient sur scène avec un nouveau décor.

« Il peut être à la fois réaliste, mais il peut s’éclater aussi, en même temps que la déchéance de Madra dans la pièce. C’est vraiment un très beau », mentionne Marc-André Thibault au sujet du décor conçu par Coralie Dansereau


Madra est présentée au Périscope du 14 au 25 novembre.