J’te pète en mixte : une pièce dont « tu » es la victime

J’te pète en mixte, un solo écrit et mis en scène par Gabrielle Ferron, est présenté à Premier Acte jusqu’au 18 novembre.

CRITIQUE / J’te pète en mixte saisit instantanément le public en le plaçant au centre de cette histoire d’impro et de violence conjugale racontée au « tu ». Lors de la première mardi soir à Premier Acte, la comédienne Clémence Lavallée a réussi à rendre l’humour et le drame de ce solo signé Gabrielle Ferron.


Après Blackbird et Aime-moi parce que rien n’arrive, l’Apex Théâtre propose un solo écrit et mis en scène par sa directrice Gabrielle Ferron, qu’on connaît aussi comme co-coordonnatrice artistique du Périscope.

Avec J’te pète en mixte, elle invite le public à revenir à une époque pré-#moiaussi où les gens criaient YOLO, dansaient le shuffle sur du LMFAO et chantaient du Lonely Island. C’est dans ce contexte que Catherine fait son entrée au Cégep.

Catherine est cette première de classe au secondaire qui pleurait quand elle avait moins de 95 %. Évidemment, cela n’arrivait pas souvent, car Catherine réussit tout ce qu’elle entreprend.

En 2011, elle entre dans le programme d’Arts et lettres du Cégep de Trois-Rivières avec l’objectif de devenir comédienne. Rapidement, elle constate que les gars d’impro forment la caste supérieure de ce nouveau monde où elle tente de faire sa place.

Catherine est donc très excitée quand Vince, le plus cool des gars d’impro, jette son dévolue sur elle. Grâce à lui, elle intègre l’équipe d’impro et découvre les subtilités de la violence conjugale.

La violence que vit Catherine dans sa relation prend plusieurs formes. De plus, elle vient s’ajouter au sexisme et aux microagressions dans lesquelles la jeune adulte baigne au quotidien.

Clémence Lavallée a su rendre l'humour et le drame de cette histoire d'impro et de violence conjugale.

Tranquillement, l’époque qu’on trouvait drôle au début de cette pièce de 75 minutes devient gênante. On ne voudrait pas revenir dix ans en arrière. Ce petit voyage dans le temps peut être assez confrontant.

En plus d’aborder la violence conjugale chez les jeunes adultes – « au Québec, 40 % des cas de violence conjugale rapportés à la police auraient pour victime une femme âgée entre 18 et 29 ans », mentionne l’autrice de la pièce dans son mot de présentation – J’te pète en mixte ouvre une fenêtre plus spécifique sur le sexisme dans le domaine de l’humour.

Clémence Lavallée, qui incarne tous les personnages avec l’aide d’accessoires, est encerclée par les spectateurs dans la salle de Premier Acte transformée en arène.

Selon où on était assis, on voyait mal les projections au sol mardi soir. C’est dommage, car elles semblaient intéressantes.

En plus d’évoquer la patinoire sur laquelle s’affrontent les joueurs dans un match d’impro, cette disposition rappelle que plusieurs agressions se déroulent sous les yeux de témoins qui n’osent pas intervenir.

Dès le début de la relation, le chum de Catherine n’est pas présenté sur un jour flatteur au public. Il peut sentir que cette histoire tournera mal : les « red flags » sont partout, même dans le décor.

En fait, ce ne sont pas tant des drapeaux que des verres en plastique rouges, un tapis rouge, un panneau rouge...

De son titre à la chanson de Britney Spears interprétée au karaoké, tout dans cette pièce annonce le drame que vivra la cégépienne. N’empêche, ça fesse.

J’te pète en mixte est présenté à Premier Acte jusqu’au 18 novembre.