Brillante idée de présenter ce spectacle en rassemblant artistes et public sur la scène, en inversant le point de vue habituel des spectateurs. Les bandeaux de lumières qui éclairent les quatre niveaux et les corbeilles créent un arrière-plan magnifique, tandis que la scène se transforme en chaleureux cabaret.
C’était le contexte parfait pour présenter le spectacle de Sara Dufour, qui a souvent tourné dans de petits villages où «il y a quatre maisons d’un bord, trois de l’autre et où le dernier qui sort ferme la lumière». Elle conjugue avec une authenticité rafraîchissante son expérience de Montréalaise et son bagage de «fille de région», que son accent jeannois, son amour des petits moteurs («Si y’a une clanche à gaz, I’m in!») et sa connaissance de la méthode pour confectionner des guns à patates ne sauraient lui faire renier. Pour reprendre une maxime connue : on peut sortir la fille du lac…
La musique aussi était un quelque sorte un heureux mélange de tradition bluegrass, avec des incursions rock n’roll, voire punk rock, et de ballades à la Willy Nelson (voire à la Adamus ou à la Lisa Leblanc). Avec deux albums et plusieurs prix en poche, Sara Dufour mène la parade avec aplomb et humour. La voir grimper sur la contrebasse ou pointer le manche de sa guitare au ciel, avec un large sourire qui lui traverse le visage, chasse tous les soucis.
L’ambiance était on ne peut plus festive. Entre des savoureuses anecdotes qui introduisaient les chansons et les prestations survoltées mariant banjo, contrebasse, claviers, guitare, percussions, alouette, on n’a pas eu le temps de s’ennuyer, même si le party a duré plus de deux heures.
Deux dizaines de motivés se sont joint à Sara Dufour pour danser la chorégraphie de son nouveau vidéoclip pour la chanson Trois heures. En quintette, après l’entracte, elle a joué sa version colorée de Le Père Noël, c’t’un Québécois.
Elle était entourée d’une bande talentueuse, avec Camille Gélinas pour la première fois aux claviers, et leur synergie évidente permet de croire qu’ils iront loin et qu’on les verra bientôt dans une plus grande jauge.