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Anne Boyer : « Les galas, c’est fini »

« Un Gémeaux, ça ne sert à rien. Peut-être qu'un Oscar attire des contrats, mais pas un Gémeaux », affirme l'autrice et productrice Anne Boyer.

CHRONIQUE / Les espoirs de revoir sur nos écrans un Gala des prix Gémeaux s’amenuisent de jour en jour : après Sophie Lorain et Fabienne Larouche, qui ont choisi de se retirer de la compétition, voici qu’Anne Boyer, autrice et productrice d’une multitude de séries chez Duo Productions, annonce qu’elle se retire de la course.


« Sincèrement, je suis 100 % d’accord avec les propos de Sophie Lorain et j’irais même plus loin : les galas, c’est fini », affirme au Soleil celle qui produit notamment le docuréalité Si on s’aimait, diffusé à TVA.

Selon elle, les incongruités dans les différentes catégories des Gémeaux ne datent pas d’hier. « Il y a des affaires tellement weirds dans les nominations », explique-t-elle.

Récipiendaire de nombreux trophées, tant comme autrice que productrice pour les séries Yamaska, 2 frères et Nous, Anne Boyer ne voit plus l’utilité d’un gala comme celui des Gémeaux, qu’elle avait déjà boycotté une première fois au début des années 2000.

« On nous dit que ça sert à promouvoir notre industrie, mais ce n’est pas vrai. Les gens qui regardent le gala regardent déjà nos séries.

« Un Gémeaux, ça ne sert à rien. Peut-être qu’un Oscar attire des contrats, mais pas un Gémeaux. À part s’autocongratuler et faire un party un soir, ça ne donne rien », dit-elle, sans prendre de gants blancs.

En revanche, Anne Boyer croit que le gala pourrait être remplacé par autre chose.

« Pourquoi ne fait-on pas une semaine consacrée à notre télé, un festival, où on pourrait présenter le premier épisode de nos séries dans les cinémas, des bars ou des cafés, là où sont les gens qui ne nous regardent pas déjà? »

Anne Boyer, qui écrit en duo avec Michel d’Astous depuis 35 ans, ne croit plus qu’une nouvelle refonte des catégories, promise par l’Académie du cinéma et de la télévision — section Québec, puisse arranger quoi que ce soit.

« Les incongruités d’aujourd’hui relèvent de piles de décisions prises pendant les refontes. Ça va être dur d’enlever des catégories qui ont été réclamées à travers les années », juge-t-elle.

Le fait que les milieux de la musique, du cinéma et de l’humour aient leurs propres galas, mais que la télévision perde éventuellement le sien ne penche pas dans la balance à ses yeux.

« De toute façon, les jours de tous les galas sont comptés. Le problème, c’est les galas. On n’est plus là. Les gens de l’humour me disent aussi qu’ils réfléchissent. »

Lundi dernier, Sophie Lorain révélait à La Presse qu’elle ne soumettrait plus ses séries aux Gémeaux dorénavant. La productrice et actrice a parlé notamment d’« échantillonnage tout croche », de « système qui n’a aucun sens » et d’« organisme qui a l’air de s’en foutre ».

Mardi après-midi, Fabienne Larouche confiait au Soleil être d’accord avec Sophie Lorain, annonçant du même coup qu’elle ne présenterait plus aucune de ses séries l’an prochain, y compris STAT.

Comme Anne Boyer, Fabienne Larouche juge que le gala a fait son temps. « Il faut trouver une nouvelle formule, moins politique, moins coûteuse et plus originale », m’a-t-elle affirmé par écrit.

D’autres producteurs, comme Richard Speer d’Attraction et Louis Morissette de KOTV, ont dit se questionner sur les coûts exorbitants des soumissions de candidatures, qui s’élèvent à des dizaines de milliers de dollars pour les producteurs.

Anne Boyer est aussi d’avis qu’on pourrait « faire quelque chose d’autre avec cet argent-là ».

Par contre, d’autres producteurs comme Guillaume Lespérance de A Média, Guy Villeneuve de Fair-Play et Charles Lafortune de Pixcom m’ont affirmé qu’ils soumettraient leurs œuvres, en tout ou en partie, l’an prochain.

En poste depuis à peine un mois, la directrice générale de l’Académie, Chantal Côté, a invité les dissidents à s’adresser à elle pour trouver des pistes de solutions.

À entendre les personnes concernées, ce serait peine perdue.

En plus de celui des Gémeaux, il reste trois galas télévisés : ceux de l’ADISQ et des Olivier sur ICI Télé, et le Gala Québec cinéma, repêché cette année par Noovo.

TVA a mis fin à son Gala Artis l’année dernière après 36 ans d’existence.

Martin Matte en chiffres

La première de Martin Matte en direct avec Patrick Huard a attiré jeudi soir 875 000 curieux à TVA, contre 210 000 pour 100 génies sur ICI Télé et 294 000 pour Le maître du jeu sur Noovo.

À 21 h, Le bon docteur de TVA (488 000) devance de peu Enquête sur ICI Télé (429 000). Sur Noovo, Après le déluge n’attire que 78 000 irréductibles.

Plus tôt, STAT (1 380 000) conserve une avance confortable sur Indéfendable (1 072 000), tout comme Infoman (775 000) sur Si on s’aimait (530 000).