« J’ai certainement eu des doutes pendant ce grand voyage parce qu’on a rencontré certains imprévus, mais maintenant que le projet tire bientôt à sa fin, je n’en ai plus », déclare l’auteure-compositrice-interprète.

Rappelons que l’artiste s’était donné l’important défi, il y a trois ans maintenant, de réaliser onze albums de onze chansons chacun, et ce, en 1111 jours. L’inspiration lui était venue dans un petit café de quartier. Elle avait en main le cellulaire de sa fille et c’est en regardant le téléphone, qui indiquait le rappel « make a wish » à 11 h 11, que le projet s’est éveillé. « Comme je le dis souvent, si je peux visualiser un projet, ça peut exister », souligne-t-elle.

Les albums huit et neuf, Des bordées de mots et Critiquement incorrecte, permettront au public de rencontrer Lynda Lemay sous de nouvelles facettes, d’entrer davantage dans son univers créatif.

« Le public apprend à mieux me connaître parce que je peux aller encore loin dans mes créations. Pour le moment, tous les albums sont accueillis avec beaucoup d’amour et d’intérêt. Avant, j’allais souvent dans les extrêmes. C’était soit des albums ludiques, soit très dramatiques. Avec ce défi, je me suis laissé beaucoup de liberté pour qu’on me découvre plus en subtilité », déclare Lynda Lemay.

L’album Critiquement incorrecte reflétera son côté un peu plus grossier dans sa manière de dire les choses.

« J’aime rire et livrer ma pensée de façon directe. J’ose montrer ce côté de ma personnalité. C’est un album où je me permets tout. J’aime dire qu’il fait grimacer », souligne Lynda Lemay.

Des chansons comme La vache à lait, où l’artiste ne se prend pas au sérieux, d’autres comme Nausée ah bond et Confession d’une narcissique dévoilent son côté plus franc.

Dans Des bordées de mots, Lynda chante pour panser les blessures.

« Le pouvoir des chansons, c’est de soigner les bobos. D’aborder un sujet sensible et de le transformer en musique, c’est tout simplement magique », exprime-t-elle.

C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait en composant Ma petite parfaite inconnue. L’artiste, qui aime donner une voix aux maux, les a désamorcés en chanson avec cet album. L’un des sujets choisit : la dépression post-partum.

« J’étais en pleine séance d’autographe en France lorsqu’une femme m’a dit: “tu n’as jamais écrit sur la dépression post-partum”. Je pense que ça a raisonné en moi, car c’est sur le chemin du retour, en avion, que la chanson est née. »

Mon drame : toujours sous un nouveau jour

La chanson Mon drame revient, mais cette fois, ce sont les voix de Bruno Pelletier et de Daniel Jean qui se mêleront à celle de Lynda Lemay.

« J’ai pensé superposer ma voix avec une voix masculine différente sur chaque album pour la chanson Mon drame. Je trouvais que cette chanson-là pouvait être travaillée différemment pour susciter plusieurs émotions. Tout est dans la manière dont c’est livré », explique l’artiste.

Dans Critiquement incorrecte, l’auditeur découvrira une version presque heavy métal avec Bruno Pelletier. « Du heavy métal, j’écoutais ça plus jeune avec Iron Maiden et Scorpion, partage Lynda Lemay. Quand j’ai pensé à faire cette version de Mon drame, j’ai tout de suite pensé à Bruno. J’entendais sa voix pendant la composition. »

L’artiste a aussi opté pour un style plutôt rock dans l’album Des bordées de mots avec Daniel Jean. « Daniel fait partie de mon équipe de tournée depuis longtemps. Il fait partie du spectacle, de ma voix. Quand je chante du rock plus soutenu, ma voix peut devenir plus nasillarde et c’est Daniel Jean qui me rattrape. À ce moment-là, tout s’arrondit. Nos deux voix se marient à merveille », soutient Lynda Lemay.

Après la tempête, le retour au calme

« Il était onze fois m’a permis de faire des choses que je n’aurais jamais osé faire. Maintenant, j’ai envie de tout oser pendant que j’en suis encore capable, que j’ai encore de l’inspiration et la fougue de pratiquer le métier », exprime l’auteure-compositrice-interprète.

Pour le moment, Lynda Lemay se dit satisfaite du voyage qu’elle a tracé à travers les neuf albums. « On traverse les vagues d’émotions que je souhaitais avant d’arriver à la grande finale. Les albums huit et neuf ne sont pas encore disponibles que je pense déjà aux deux derniers. Je veux bien boucler la boucle, que tout ait un sens, que ça explique ce que je voulais, c’est-à-dire la vie. Dans un sens, c’est moi à travers toutes ces vies-là », décrit l’artiste.

Les cent derniers mètres sont remplis de fierté pour Lynda Lemay qui révèle la difficulté d’un projet d’une telle envergure. « C’est du travail 20 h sur 24. Je dors très peu. Je suis constamment en train d’y penser. Je suis déconnectée et totalement dévouée à ce projet-là », explique-t-elle.

Lynda Lemay et son équipe mériteront certainement une pause lorsque le 1111e jour sonnera. L’artiste dit qu’elle prendra du temps pour accepter la tranquillité, respirer profondément, méditer, mais surtout apprécier le calme après la tempête.

L’auteure-compositrice-interprète révèle que le dernier album rendra hommage à ses parents. Des arrangements symphoniques pour Le plus fort, c’est mon père et d’autres chansons avec Simon Leclerc et l’orchestre métropolitain boucleront le projet.

Après la pause qu’elle s’accordera, Lynda Lemay n’aura certainement pas froid aux yeux avec un agenda plein à craquer. « J’ai déjà un cahier plein de projets. J’ai un recueil de textes en cours, mon “mélo-métrage”, un livre qui l’accompagne et même un projet d’opéra avec le dernier album », explique-t-elle.

Lynda Lemay poursuit sa tournée, La vie est un conte de fous, en faisant place à ses nouvelles compositions comme aux plus anciennes. En 2024, l’artiste accomplira un nouvel exploit: se produire pour 64e fois à l’Olympia Bruno Coquatrix de Paris.