Pierre-Luc Asselin : fabriquer des guitares et des chansons

Après avoir fabriqué des guitares pour des musiciens connus, dont Daniel Lanois, Steve Hill et Flea, Pierre-Luc Asselin dévoile maintenant son premier album Lorsque la fin du monde.

Professeur de littérature et luthier amateur, Pierre-Luc Asselin a plusieurs cordes à son arc. Après avoir fabriqué des guitares pour des musiciens connus — Daniel Lanois, Steve Hill, Flea et bien d’autres — l’auteur-compositeur-interprète dévoile maintenant son premier album Lorsque la fin du monde .


Résident de Québec, Pierre-Luc Asselin a accueilli Le Soleil dans son studio maison où cinq guitares de sa fabrication étaient accrochées aux murs.

« Maintenant, je n’en fais quasiment plus », annonce le luthier autodidacte, qui se concentre à présent sur la fabrication de chansons.

Des guitares fabriquées par Pierre-Luc Asselin.

Tout près des instruments, on découvre une série de pochettes d’album dédicacées par des musiciens auxquels il a fabriqué des guitares : Deux Frères, Kaïn, Philippe Brach…

Guidé par des tutoriels YouTube, ce patenteux a fait ses débuts en lutherie alors qu’il travaillait au Plav Audio à Sherbrooke, pendant ses études universitaires.

Il a assemblé sa première guitare à partir de pièces achetées. Rapidement, il a commencé à modifier les morceaux pour les adapter à ses besoins spécifiques, jusqu’à être en mesure de carrément fabriquer ses pièces.

Préférant ses créations à tout autre matériel, il s’est mis à vendre ce qu’il n’utilisait plus. C’est ainsi qu’il a fait la connaissance d’André Papanicolaou en 2014.

Ce dernier l’avait contacté concernant une pédale steel qu’il vendait sur Internet. La vente n’a finalement pas eu lieu, mais Pierre-Luc Asselin a saisi l’occasion pour lui proposer gratuitement une de ses guitares.

« Il a tripé et il a joué live tout de suite après l’avoir reçue », se souvient-il avec fierté.

Après ce premier succès, son nom a circulé dans le milieu artistique québécois et il a reçu des commandes de Simon Pedneault, Louis-Jean Cormier, Maxime Tremblay, Pierre Fortin, Jeff Stinco, Steve Hill…

Pierre-Luc Asselin

« Pour moi, un tripeux de musique, c’était débile de rencontrer toutes ces personnes », déclare le mélomane qui remet pratiquement toujours les instruments en main propre aux artistes.

C’est ainsi qu’il a rencontré Flea lors du passage des Red Hot Chili Peppers au Festival d’été de Québec (FEQ) en 2016.

Il s’est également rendu à Toronto, dans l’ancien temple bouddhiste où Daniel Lanois a établi ses quartiers.

Les musiciens vantent la finition de ses guitares, la résonance du bois, mais surtout les manches qui sont tous faits à la main.

« J’ai lu beaucoup sur les anciennes façons de faire des guitares des années 50 et 60 », mentionne le collectionneur, qui s’inspire de guitares vintage pour créer ses modèles uniques.

Avec autant de contacts dans l’industrie de la musique, Pierre-Luc Asselin était bien entouré au moment d’enregistrer son album.

« J’ai tout payé mon monde en guitares », dévoile le musicien originaire de l’Estrie.

Celui-ci a notamment collaboré avec Alex Kirouac, Gabriel Desjardins, François-Olivier Doyon, Pierre Fortin, Andrée Anne Lizotte et Jean-Sébastien Chouinard.

La fin du monde n’est qu’un début

Lorsque la fin du monde est une collection de 12 chansons indie rock francophones et lumineuses.

« Le truc qui m’inspire le plus au monde, c’est la résilience », affirme Pierre-Luc Asselin.

Ses compositions sont empreintes de sa propre résilience et de celle dont il est témoin autour de lui.

Pour toi est une chanson intime qu’il dédie à son père décédé alors qu’il était encore jeune. Comme sur d’autres pièces, les paroles y sont mi-chantées, mi-récitées.

« J’aurais aimé ça avoir une super voix comme David Gilmour », laisse tomber le mélomane, qui a tout même préféré utiliser sa voix que celle d’une autre personne.

Même quand il était un adolescent timide, Pierre-Luc Asselin a toujours été attiré par le devant de la scène.

« C’est vraiment la musique qui m’a permis de m’exprimer, sans ça je n’aurais jamais pensé être prof », affirme celui qui enseigne la littérature au Cégep de Sainte-Foy.

Dans la chanson à saveur blues-rock On m’a dit, il évoque les ambitions qui lui semblaient hors de portée, mais vers lesquelles il n’a jamais cessé de tendre.

« Souvent, j’ai des étudiants qui me disent qu’ils sont gênés de parler devant les gens. Moi aussi, mais j’ai trop de fun à le faire », rapporte le professeur qui a laissé le plaisir l’emporter sur la gêne.

Père de deux jeunes garçons, Pierre-Luc Asselin est aussi inspiré par les discussions qu’il a avec eux. D’ailleurs, c’est au plus jeune qu’il doit le refrain de la chanson-titre de l’album.

Au lieu d’avoir peur de la fin du monde, l’enfant l’a présenté à son père comme une possibilité de recommencement.

« Il a une maturité émotive vraiment touchante », s’émeut le musicien.

Dans l’écriture de chansons comme dans l’écriture de nouvelles littéraires, cet amoureux de la langue française tente de faire jaillir l’émotion en utilisant un minimum de mots.

« Ferme les yeux, laisse-toi porter et ressent », prescrit-il à ceux et celles qui tendront l’oreille à sa musique.

Ce premier album n’est que le début pour l’auteur-compositeur-interprète qui projette de l’inclure dans un triptyque.


Pierre-Luc Asselin sera à la Ninkasi à Québec le 2 juin pour le spectacle de lancement de son album Lorsque la fin du monde.