La littérature autochtone tournée vers l’avenir

Louis-Karl Picard Sioui présente cette année la 12e édition du Salon du livre des Premières Nations.

Roman, poésie, bande dessinée, essai, jeunesse : la littérature autochtone s’éclate à travers une multitude de formes et de sujets. Avec la douzième édition du Salon du livre des Premières Nations (SLPN), Louis-Karl Picard Sioui, directeur de la programmation, entend bien célébrer ces histoires riches et colorées, qui ont su se réinventer au fil des années.


S’il mijotait l’idée d’un salon tourné vers l’avenir de la littérature autochtone depuis quelque temps déjà, Louis-Karl Picard Sioui a vu les étoiles et les calendriers s’aligner pour la douzième édition du Salon du livre des Premières Nations.

Plusieurs livres parus dans les derniers mois traitent également du futur des communautés, du fait de « devenir soi » et d’affirmer son identité, sa culture.

« On sent qu’il y a quelque chose qui se passe », note Louis-Karl Picard Sioui, qui se réjouit de la vitalité du milieu littéraire.

Aux premières loges, le directeur de la programmation du SLPN constate que la littérature autochtone se transforme. Et ce, même si elle est toujours porteuse d’histoires riches, de connaissances ou encore d’épreuves douloureuses comme la colonisation, les pensionnats, etc.

« Ces enjeux-là font partie de qui on est, de notre histoire et donc nécessairement de notre présent. Mais la façon dont on les aborde est différente. […] Ils ne sont peut-être pas abordés de façon ouvertement politique, mais ils sont dans le récit, dans l’individualité [des personnages] », observe Louis-Karl Picard Sioui, en entrevue au Soleil.

Selon le quarantenaire, qui est lui-même auteur, « les gens se donnent beaucoup plus de liberté » aujourd’hui qu’avant.

« Mais ça, c’est propre à toutes les littératures, je crois. Quand les gens commencent à écrire, ils écrivent sur ce qu’ils veulent conserver. Il y a un esprit d’archivage. On les a vus dans les légendes traditionnelles, les témoignages par rapport au territoire, au colonisateur. […] Mais après ça, comment construit-on l’avenir? » ajoute-t-il.

Bâtie à coups de « beaux hasards » et de surprises, l’édition 2023 du Salon du livre des Premières Nations mettra donc cette question de l’avant avec une série de spectacles, d’entretiens, de tables rondes et d’ateliers de création.

Pour Louis-Karl Picard Sioui, le Salon du livre des Premières Nations a comme mission de célébrer les auteurs établis comme les plus jeunes qui débutent leur carrière.

Des feuilles aux racines

Cinq ans après la fin de la Commission d’enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, le SLPN souhaite notamment reconnaître l’importance du rôle des femmes actuellement dans le milieu littéraire à travers plusieurs activités.

Alors que la conférence Survival and Dignity illustrera le « sort des femmes autochtones au pays, de la Nouvelle-France à aujourd’hui », le spectacle Bercer les eaux fera entendre au public les voix d’Émilie Monnet, Andrée Levesque Sioui et Soleil Launière. « Des voix profondes, guérisseuses, résistantes, insoumises, bienveillantes, maternelles, guerrières », note-t-on dans la description de l’événement.

Une table ronde avec Michel Jean, Jean Sioui et Georges Pisimopeo, intitulée Masculinités littéraires des Premières Nations, interrogera quant à elle la place des hommes à travers cette histoire.

Louis-Karl Picard Sioui se réjouit également de voir le nom de plusieurs jeunes auteurs sur sa liste de participants.

« Je n’ai jamais vu ça. On a plus que le tiers des auteurs qui viennent pour la première fois au salon. […] Avec autant de nouveaux auteurs, la question “qu’est-ce qu’on devient en tant que milieu littéraire?” se posait aussi », affirme le directeur de la programmation du SLPN.

« Les jeunes se donnent de plus en plus de liberté, peut-être justement parce que d’autres ont fixé des bases avant eux. […] Il y a des bonnes racines donc les branches peuvent s’élever et devenir. »

—  Louis-Karl Picard Sioui, directeur de la programmation du SLPN et auteur

Quoique tourné vers l’avenir, l’écrivain ne compte pas oublier le passé et « ceux qui ont tracé la voie ».

Cette année, Louis-Karl Picard Sioui a d’ailleurs rassemblé les poètes renommés Joséphine Bacon, Jean Sioui et Virginia Pésémapéo Bordeleau autour du thème « devenir un bon ancêtre ». Un sujet qui l’habite de plus en plus avec les années.

« Je me sens vieillir… Je vois mes gars qui grandissent et je me pose souvent la question : “qu’est-ce qu’on lègue à la prochaine génération?” » se demande Louis-Karl Picard Sioui, qui ne doute cependant pas de l’avenir de la littérature autochtone, qui se trouve « sur une erre d’aller incroyable ».

Le Salon du livre des Premières Nations s’installe du 16 au 19 novembre au Morrin Centre, à la Maison de la littérature ainsi que dans plusieurs bibliothèques de la ville de Québec.

Pour plus de détails sur la programmation, on peut visiter le site web de l’événement.