Lancement de l’autobiographie posthume Jean-Pierre Bérubé, semeur de mots et de notes

L’autobiographie posthume de 214 pages intitulée «Jean-Pierre Bérubé, semeur de mots et de notes» est publiée par la maison d’édition Histo-Graff.

L’autobiographie posthume intitulée Jean-Pierre Bérubé, semeur de mots et de notes a été lancée samedi à Saint-Ulric, près de Matane. Une centaine de personnes ont assisté à l’événement, dont les proches de l’auteur-compositeur-interprète.


L’activité était animée par la veuve de l’artiste, Colette Bonenfant, et par sa grande amie France Bernier, qui a consacré de longues heures à achever, à réviser et à faire éditer l’ouvrage par la maison Histo-Graff de Sainte-Félicité, près de Matane.

Comme le livre est publié après le décès de son auteur, survenu le 30 août 2022, ce lancement n’en était pas un comme les autres. Il a été l’occasion, pour les gens qui ont connu l’auteur de La marche des poètes, de lui rendre hommage dans le cadre d’un mini-salon du livre organisé par le Comité culturel de Saint-Ulric, en marge des Journées de la culture.

Idée de départ

L’idée de cet ouvrage est venue d’une amie de très longue date de l’artiste, France Bernier, qui souhaitait qu’il fasse mieux connaître sa vie. « Je trouvais qu’il avait tellement une belle plume », a-t-elle souligné.

Avec l’encouragement de l’enseignante de littérature à la retraite du Cégep de Matane, Jean-Pierre Bérubé a alors pris papier et crayon pour écrire trois, quatre et cinq pages. Chemin faisant, il a noirci 100 pages, puis plus de 200 pages. « Il s’est fait prendre au jeu, a indiqué Colette Bonenfant. Jean-Pierre a appris qu’il avait un cancer en juin 2016. Après que France lui a demandé d’écrire ce livre, il s’assoyait à l’ordinateur très tôt le matin et, des fois, il pouvait écrire pendant cinq heures. Sans me le dire, je pense que ça lui a fait oublier sa maladie. Ça a été comme un échappatoire de se rappeler plein de souvenirs qu’il avait vécus: sa vie amoureuse, sa vie artistique, ses défaites. Ça a été un beau cadeau pour lui d’écrire ce livre. »

Une vie en 70 tableaux

En 70 tableaux truffés d’anecdotes, l’auteur né à Québec raconte son enfance à Saint-Ulric et à Matane. Ce récit de vie achronique relate sa carrière qui a commencé à Matane avec le groupe Les Quidams et qui a ensuite pris un tournant vers l’animation et l’enseignement de la musique, ce qui l’a amené à bourlinguer avec sa guitare en bandoulière et sa voix chaude dans 23 pays.

Huit jours avant que l’homme de 77 ans ne rende l’âme, son oeuvre était inachevée. Son corps usé par la maladie, Jean-Pierre Bérubé n’avait plus la force de taper les mots qui viendraient sceller ce testament littéraire. Sa fille Émilie et son conjoint Luc ont pu coucher sur papier les dernières paroles de l’auteur qui sont devenues le mot de la fin. France Bernier a retravaillé le texte pour l’ajouter comme conclusion au livre.

Devoir de mémoire

« J’avais un devoir de sortir ce livre et de faire connaître son parcours », s’est dit Mme Bonenfant. Pour France Bernier, la parution de ce livre était d’autant plus importante qu’elle voyait en Jean-Pierre Bérubé l’homme généreux et le grand artiste prolifique qui a laissé 350 chansons, sept albums et quatre livres, incluant sa biographie.

De son vivant, elle avait souhaité qu’un film soit produit sur lui, à la manière de celui qui a été réalisé par Guillaume Lévesque sur le poète et chansonnier Lawrence Lepage de Rimouski. Elle avait même approché le cinéaste. Mais, faute de financement, le projet n’a pas pu voir le jour. Or, à défaut d’un documentaire sur sa vie et son oeuvre, Jean-Pierre Bérubé laisse un dernier legs: son autobiographie.

Prolifique carrière internationale

Sa carrière à l’international a commencé en 1984 lorsque Sylvain Lelièvre a annulé un contrat de professeur de français à Caracas, au Vénézuela. Jean-Pierre Bérubé l’avait alors remplacé à pied levé. C’est comme ça qu’une longue carrière internationale a pris naissance.

France Bernier, qui a consacré de longues heures à achever, à réviser et à faire éditer l’autobiographie de Jean-Pierre Bérubé et Colette Bonenfant, qui a fait toutes les démarches nécessaires à la publication de l’oeuvre de son défunt mari.

« Dans le cadre des activités du BELC [Bureau d’enseignement de la langue et de la civilisation françaises], Jean-Pierre donnait des ateliers à des enseignants de français langue seconde par le biais de la chanson, a précisé France Bernier. Au fil de ses contacts, il a été amené à rencontrer plusieurs groupes d’élèves un peu partout dans le monde et à donner des spectacles. » Selon Colette Bonenfant, il était accueilli comme un roi. Celle-ci a notamment raconté quelques anecdotes de voyages marquantes, dont l’une en Russie, où la voiture de l’ambassade du Canada attendait le couple à sa descente de l’avion.

Nul n’est prophète en son pays

Le chantre à la généreuse chevelure blanche n’a pas fait mentir l’adage qui dit que nul n’est prophète en son pays puisqu’il a été davantage connu à l’international qu’au Québec. Le maire de Saint-Ulric, une municipalité où Jean-Pierre Bérubé possédait une résidence et où il vivait à mi-temps, a d’ailleurs déploré que celui-ci n’ait pas, selon lui, reçu la reconnaissance qu’il aurait méritée au Québec.

« La beauté de Jean-Pierre était la voix qu’il avait, a soutenu Michel Caron. Il aurait pu être un chanteur d’opéra, avec sa belle voix grave. C’est dommage qu’on ne le voyait pas sur la scène culturelle au Québec. On voyait toujours les mêmes. Jean-Pierre aurait pu facilement sortir de l’ombre s’il avait été invité dans des émissions à la télé. Les gens au Québec ne l’ont pas connu; il a été plus connu à l’international. »

L’élu a tenu à souligner son attachement personnel à l’égard de l’artiste. « Il s’arrêtait pour me saluer et me donner la main. Il avait un côté humain en lui. » Selon lui, M. Bérubé avait cette façon de regarder les gens droit dans les yeux et de les faire sentir importants. « Jean-Pierre avait une bonté naturelle. Il nous laisse de belles choses en mémoire. » De l’avis de Mme Bonenfant, l’autobiographie de son défunt mari poursuit justement cette volonté de mieux le faire connaître au Québec.

Si le Québec ne lui a pas donné la reconnaissance souhaitée, l’auteur-compositeur-interprète était serein avec cela, selon celle avec qui il a été marié pendant 22 ans. La population de Saint-Ulric, elle, n’a jamais oublié le poète de Tartigou, le secteur de la municipalité où il avait sa coquette maison de la couleur de la mer, située en contrebas. De l’amour des siens, Jean-Pierre Bérubé n’a jamais douté. D’ailleurs, la chanson White River, en référence à la rivière Blanche qui traverse le centre du village de Saint-Ulric, n’est qu’un témoignage parmi d’autres de l’attachement particulier qu’éprouvait le personnage plus grand que nature à son coin de pays situé au début de la région touristique de la Gaspésie. Pour les Ulricois, Jean-Pierre Bérubé était et demeurera leur vedette.