La première sortie au cinéma qui vire presque au chaos, la première visite complètement magique au centre Bell… Marc Cassivi est entré dans le monde de la « chronique familiale » en partageant quelques histoires touchantes. Entre l’amour inconditionnel qui vient avec le rôle de père et les moments de doutes qui sont inévitables.
Or, ce type de textes est rapidement devenu pour le journaliste de La Presse un véhicule fort pertinent pour aborder des enjeux de société ou des questions d’actualité. Tant du côté des arts que de la politique ou des sports.
« Cette chronique-là ne parle pas juste de ma vie familiale. C’est aussi un prétexte pour parler de sujets de société en les prenant par l’intime. C’est comme si ça me permettait d’avoir un regard moins frontal.
« […] Passer par la famille, ça me donne l’occasion d’avoir un autre angle sur des thèmes parfois d’actualité ou qui m’intéressent simplement depuis toujours », explique Marc Cassivi, en entrevue au Soleil.
À travers la quarantaine de chroniques reproduites dans Nos fistons et publiées à l’origine dans La Presse, entre 2007 et 2022, les lecteurs replongeront ainsi dans une panoplie de sujets qui ont marqué l’actualité des dernières années comme l’élection de Donald Trump, la pandémie, le profilage racial au sein de la police, le décès de Leonard Cohen, etc. Le tout avec une certaine distance et le regard parfois naïf qu’apportent les enfants de l’auteur.
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« Souvent, le regard des enfants apporte une nouvelle perspective, c’est-à-dire que je me sens challengé sur des questions auxquelles je ne réfléchis plus vraiment. […] Avoir des ados en particulier, ça brasse beaucoup nos espèces d’a priori et nos lieux communs. Ça nous remet en question », ajoute celui qui compte déjà trois livres à son actif dont Mes coupes du monde : de Rossi à Messi, Mauvaise langue ainsi que Cannes au XXIe siècle (coécrit avec Marc-André Lussier).
Plusieurs textes de Marc Cassivi sont d’ailleurs nés alors que ses enfants, devenus adolescents, ont commencé à argumenter avec lui et à remettre en cause certaines de ses idées.
« J’ai vu une différence. Je vois à quel point j’ai changé d’idée sur des sujets. Et c’est probablement plus grâce à eux qu’à n’importe qui d’autre dans la société. Je pense notamment au “mot en n” », cite à titre d’exemple l’auteur.
« Je crois que les jeunes générations peuvent nous faire voir un peu plus certains angles morts qu’on a eus toute notre vie », soutient le cinquantenaire, qui voit entre autres Nos fistons comme un « beau legs » pour ses enfants.
Du social à l’intime
Marc Cassivi a dû relire des dizaines d’anciennes chroniques afin de choisir les quarante textes qui composent Nos fistons. Un exercice qu’il n’a pas pris à la légère.
« Il y a des chroniques qui ont parfois un succès, où les gens nous disent qu’ils se sont reconnus là-dedans. [En préparant le recueil], je m’étais dit que ce serait sûrement elles que j’allais choisir, mais c’est drôle parce qu’elles n’ont pas nécessairement bien vieilli », souligne l’auteur.
Si le journaliste campe bien souvent ses sujets dans un enjeu social ou d’actualité, Nos fistons est donc toutefois ponctué de textes plus intemporels.
Disposés en ordre chronologique, de 2007 à 2022, les textes dessinent ainsi l’évolution des fils de Marc Cassivi, que les lecteurs voient grandir au fil des 176 pages. De leur plus tendre enfance à la majorité, en passant par les années déterminantes de l’adolescence.
Des histoires universelles, souvent émouvantes ou rigolotes, qui ont de quoi interpeller tous les parents. Comme le fait de superviser les cours de conduite de son enfant — à ses risques et périls — ou encore d’aborder avec lui « la conversation » sur les relations sexuelles.
S’il protège l’identité de ses garçons en ne nommant jamais leurs noms dans l’ouvrage, Marc Cassivi s’ouvre cependant à quelques reprises sur son propre rôle de père.
Le critique de cinéma qui affirme avoir « la paternité heureuse » s’interroge dans quelques textes sur des questions de transmission. Qu’on parle de valeurs ou encore de culture.
Sans trop d’inquiétudes, Marc Cassivi conclut aussi son recueil avec une chronique inédite, Demain des hommes, le regard braqué vers l’avenir de ses deux fistons.
Nos fistons paraîtra en librairie dès le 13 juin.