
Le club Vinland : À la recherche des Vikings disparus *** [VIDÉO]
C’est du moins ce que croit le frère Jean (Sébastien Ricard), qui agit comme prof dans un pensionnat de Charlevoix, en 1949.
Le religieux enseigne à des jeunes de 13, 14 ans qu’on destine aux champs ou aux mines. Comme Émile (Arnaud Vachon), un élève difficile qui est sur le bord de décrocher malgré un potentiel évident.
Parce que le frère entrevoit un avenir meilleur pour ses protégés. Afin de les stimuler, il les initie à l’archéologie au sein du club Vinland — une référence à la «terre promise» que cherchaient Leif Erikson et ses Vikings, lors de leur voyage en l’an 1005.
En prenant Émile sous son aile et en devenant une figure paternelle, comme avec les autres étudiants, il permet au garçon d’oublier la mort de son père à la guerre et de sortir de sa coquille
En parallèle à ce récit initiatique signé Normand Bergeron, Marc Robitaille et Benoit Pilon, Vinland évoque en filigrane la grève de l’amiante qui se déroule à la même époque. Un conflit de travail qui précède la Révolution tranquille, symbolisé par le frère Jean (et, dans une moindre mesure par la mère d’Émile, jouée par Émilie Bibeau).
Le progressiste veut ouvrir l’horizon à ses élèves et susciter des vocations scientifiques dans une société étouffante et écrasée par un clergé obtus. Ce qui lui vaut évidemment des problèmes avec sa hiérarchie, en particulier le frère Cyprien (François Papineau), jaloux de l’attention qu’il obtient auprès du frère Léon (Rémy Girard), supérieur de la congrégation.
Heureusement, le film n’en fait pas un saint : l’homme a ses contradictions. Son vœu d’obéissance lui pèse, mais il peine à déployer ses ailes.
Contrairement au prof John Keating dans La société des poètes disparus (Peter Weir, 1989). La comparaison s’avère inévitable, en raison de ses thèmes de liberté, d’affranchissement et de refus du conformisme, bien que Vinland ne transporte pas la même charge émotive.
Après tout, l’essentiel des efforts du jeune frère vise à pousser ses élèves en les faisant rêver. Le film, lui, y arrive peu — du moins pas autant que Léolo, par exemple. Une dose d’onirisme, voire de réalisme magique, aurait aidé à réellement propulser le propos.
Benoit Pilon sort un peu du cadre habituel de ses derniers longs métrages, qui font une large place aux autochtones, mais n’a pas perdu ses réflexes de documentariste. On le voit autant dans le sens du détail que sa façon de magnifier les paysages de Charlevoix.

Sa réalisation, efficace mais classique, accompagne cette histoire de transmission somme toute convenue. On remarque d’ailleurs à ce chapitre le beau clin d’œil en forme de mise en abime : le frère Jean partage sa passion du cinéma avec Émile en lui donnant sa caméra 8mm. Ce qui sert à une fin plutôt réussie.
On peut toujours compter sur la présence magnétique de Sébastien Ricard et les nuances de son interprétation pour nous river à l’écran. Le drame social captive aussi en raison de ses jeunes acteurs, qui apporte fraîcheur et spontanéité dans un milieu figé.
Le club Vinland saisit la camaraderie, les conflits et la promiscuité des pensionnaires dans une époque révolue, certes, mais dont les échos résonnent encore fortement.
Le club Vinland est présenté au cinéma
Au générique
Cote : ***
Titre : Le club Vinland
Genre : Drame
Réalisateur : Benoit Pilon
Acteurs : Sébastien Ricard, Arnaud Vachon, Rémy Girard, François Papineau
Durée : 2h05