Marc-André Grondin campe un patron mauvais, mais pas dénué de nuances, dans cette histoire où l’homme vaut bien peu de choses devant la pression des profits.
Ariane Castellanos et Nelson Coronado crèvent de leur côté l’écran dans une relation d’amitié et de solidarité montrant que l’humanité existe encore, même quand le système est cassé.
Richelieu nous ouvre la porte d’une entreprise de transformation alimentaire. Rachetée par une multinationale, la compagnie québécoise peine à atteindre les objectifs fixés par les dirigeants à l’étranger.
Le recours à de la main-d’œuvre guatémaltèque permet de faire des économies. Mais celles-ci viennent avec un coût humain : des tâches éreintantes, des blessures non soignées, des droits bafoués, des abus répétés de la part des patrons, mais aussi entre collègues, qui tirent tous le diable par la queue.
Dans ce contexte, Ariane (Ariane Castellanos) est embauchée comme interprète pour les travailleurs saisonniers. Elle se pliera d’abord aux consignes du gestionnaire Stéphane (Marc-André Grondin), mais constatera vite des injustices.
Ayant elle-même des origines latines, elle va sympathiser avec des collègues qui dépendent d’elle, notamment le gentil Manuel (Nelson Coronado), qui sera accablé physiquement par son travail.
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Avec ce premier long métrage, Pier-Philippe Chevigny offre une expérience cinématographique intense et immersive, qui s’approche presque du documentaire. Tout semble tellement naturel dans ces longs plans séquences, dans lesquels les enjeux s’imposent dans être martelés.
Il faut sans doute beaucoup d’écriture et de travail de préparation pour arriver à un résultat qui a l’air si spontané. C’est la beauté de la chose.
Cette manière de filmer laisse beaucoup de place aux acteurs, aux subtilités du jeu. Au cœur du récit, Ariane Castellanos et Nelson Coronado donnent tout. Une scène aux urgences, notamment, a de quoi bouleverser par son intensité dramatique et la présence complètement investie de la comédienne.
En vilain patron, Marc-André Grondin évite le piège du manichéisme. Rien n’est simple dans la situation exposée par le film de Pier-Philippe Chevigny. Voilà toute sa force.
Et que de matière à réflexion...
Richelieu est présenté au cinéma.
Au générique
- Cote : 8/10
- Titre : Richelieu
- Genre : Drame
- Réalisation : Pier-Philippe Chevigny
- Distribution : Ariane Castellanos, Marc-André Grondin, Nelson Coronado
- Durée : 1h30