À une époque où le cinéma est très souvent soumis à des éclats et un rythme effréné, le vétéran réalisateur nous propose à nouveau de ralentir la cadence pour explorer des sentiments humains pas toujours simples à exprimer, mais qui traversent néanmoins le temps et les frontières.
Avec ce long métrage mettant en vedette Hélène Florent et Martin Dubreuil (tous deux excellents), le cinéaste à qui l’on doit notamment La femme qui boit, 20h17 rue Darling et La neuvaine s’inspire d’un récit de Luigi Pirandello pour nous replonger dans le Québec des années 30.
Pendant que la crise économique sévit, celle plus personnelle qui a opposé les époux Rose et Paul Émile se déclinera dans un nouveau chapitre.
Devant les infidélités du mari, le couple s’est séparé depuis un moment. L’homme a eu trois filles avec sa nouvelle compagne, maintenant malade, avec qui il vit pauvrement.
Une précarité qui le poussera à renouer avec sa première épouse, issue d’un milieu aisé et qui n’a jamais pu goûter à son rêve de maternité.
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Au cœur d’un hiver aux paysages d’une élégance figée et dans une maison cossue, mais guère plus chaleureuse, une dynamique complexe et tendue va s’installer.
Dans beaucoup de non-dits, on entend un sens du devoir, du ressentiment, des relents de désir, de la frustration, de la jalousie… Mais aussi une véritable bienveillance envers ces trois fillettes. On est loin de la belle-mère de la petite Aurore, on peut le confirmer.
D’une beauté sculpturale, Hélène Florent offre une grande performance d’actrice dans la peau de cette femme rigide, qui ne prononce jamais un mot plus haut que l’autre, mais dont on sent tout le bouillonnement intérieur.
Dans un rôle plus sanguin, mais qui cultive aussi bien la nuance, Martin Dubreuil s’illustre également.
Une rencontre d’interprètes d’autant plus porteuse qu’elle se déroule dans un écrin subtil. Bernard Émond impose à Une femme respectable un rythme lent, qui nous happe néanmoins.
Il soigne chaque plan comme un tableau, qu’il accompagne d’un souffle sonore minimaliste, témoin de la lourdeur régnant dans cette demeure froide, en grand manque de joie et de vie.
Il laisse surtout parler des silences qui en ont long à dire pour un personnage semblant souvent crier tout bas.
Une femme respectable est présenté au cinéma.
Au générique
- Cote : 8/10
- Titre : Une femme respectable
- Genre : Drame
- Réalisation : Bernard Émond
- Distribution : Hélène Florent, Martin Dubreuil, Paul Savoie
- Durée : 1h42