«Rêver encore plus grand»: les ambitions de croissance de Maison Orphée

Élaine et Élisabeth Bélanger copropriétaires du fabricant d’huiles et de condiments Maison Orphée.

«On a toujours beaucoup d’imagination et le goût de rêver encore plus grand», lance Élaine Bélanger, copropriétaire avec sa soeur Élisabeth du fabricant d’huiles et de condiments Maison Orphée qui célèbre ses 40 ans en planifiant une autre importante étape de croissance.


La PME de Québec, qui offre plus de 45 produits dans quelque 2000 points de vente partout au pays, souhaite en effet faire passer ses revenus annuels de 20 à 30 millions $ d’ici 5 ans. Cet ambitieux projet de croissance passe principalement par une présence accrue dans le reste du Canada, qui génère actuellement quelque 15 % des ventes de l’entreprise fondée en 1983 puis acquise par leur père Florent en 1992.

«Il y a encore beaucoup de place à prendre dans les autres provinces. Il faut améliorer notre stratégie de marketing, pour mieux faire connaître nos produits, et s’adapter aux marchés qui ont chacun leur réalité. On ne peut pas vendre le même produit de la même façon dans toutes les provinces. Le goût des consommateurs varie», précise Élaine Bélanger.



Un travail d’éducation et de démocratisation

Le Québec, déjà bien desservi, présente aussi un potentiel de croissance. «On a toujours travaillé sur l’éducation et la démocratisation de nos produits. Mais rien n’est acquis et il y a encore du travail à faire dans nos aspirations à mettre nos huiles et condiments sur à peu près toutes les tables du Québec», souligne Mme Bélanger.

Maison Orphée mise entre autres sur ses huiles de graines vierges issues de l’agriculture biologique locale, comme celles de lin ou de tournesol, qui sont encore méconnues et peu utilisées. Elle table également sur la conception de nouveaux produits, comme l’Huile Parfaite élaborée à partir de quatre huiles de graines vierges et de son huile d’olive vierge signature, lancée en mai dernier pour souligner ses 40 ans.

L’entreprise, qui est certifiée B-Corp depuis l’an dernier, souhaite aussi faire davantage sa marque auprès de transformateurs. «On s’est toujours concentré principalement sur le marché du détail. Mais on se rend compte que les transformateurs sont aussi à la recherche d’ingrédients de qualité, fabriqués ici, pour la conception de leurs propres produits», fait valoir Mme Bélanger.

En mode automatisation

Pour parvenir à ses fins, Maison Orphée vient d’amorcer une phase d’automatisation de ses processus qui nécessitera des investissements de plus de 2 M$. Au menu: automatisation de la ligne de conditionnement de produits et robotisation de certaines tâches. L’objectif: améliorer la productivité de l’entreprise qui emploie quelque 40 personnes, dont une vingtaine en usine.



«On veut aller chercher de la valeur ajoutée en faisant davantage appel à l’intelligence de nos employés. En dégageant du temps de travail, on pourra du même coup se concentrer davantage sur le développement et l’amélioration de produits.»

—  Élaine Bélanger

Une meilleure productivité lui permettra aussi d’accroître la production qui peine parfois à suffire à la demande, ajoute-t-elle.

Ce projet d’automatisation est piloté par le directeur de l’usine, qui est ingénieur, et par Élaine Bélanger qui porte le chapeau de vice-présidente aux opérations au sein de l’entreprise. Pour le mener à bon port, Maison Orphée n’a pas hésité à visiter d’autres entreprises pour s’inspirer des meilleures pratiques.

Des employés bien informés

Maison Orphée tenait également à informer ses employés des changements à venir, les invitant même à se rendre chez les fournisseurs d’équipements pour leur permettre entre autres de voir les robots et d’assister à des démonstrations.

«On n’a pas attendu que les gens manifestent leurs inquiétudes. On a pris le taureau par les cornes dès le départ pour leur expliquer notre démarche, l’impact et les avantages, et leur dire qu’il n’y aurait pas de pertes d’emplois, bien au contraire. Comme on a la chance d’avoir des employés qui nous font confiance, ça facilite grandement la mise en place de changements», affirme Élaine Bélanger.

Voilà, la table est mise pour que l’entreprise, qui s’était d’abord spécialisée dans l’importation d’huiles vierges de qualité supérieure, puisse aller de l’avant dans ses projets de développement de produits et de nouveaux marchés.

+ 3 questions à Élaine Bélanger

1. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneure, comme dirigeante?



«Avec la Covid, les dernières années ont été les plus difficiles de ma carrière, mais je n’ai jamais été aussi motivée. J’adore avoir des objectifs à atteindre, trouver des solutions, et surtout, mobiliser des équipes pour y parvenir ensemble. Il faut trouver une manière de communiquer les choses pour rendre ça concret et aider les gens à cheminer.»

2. Si vous étiez en politique, quel enjeu économique retiendrait votre attention prioritairement et comment le résoudre?

«L’éducation! Vous allez me dire que ce n’est pas un enjeu économique, mais oui quand on y pense. Ce n’est pas juste l’affaire d’un parti politique, c’est carrément un dossier de société. Il y a des changements qui doivent s’opérer et la solution passe par un maximum de citoyens allumés! Nous nous apprêtons à accueillir un bon nombre d’immigrants économiques: si nous ne sommes pas prêts à bien les intégrer dans notre culture, ça ne va pas bien se passer. L’eau se fait plus rare sur la planète. Si on est mal préparé à négocier avec les gens qui vont frapper à notre porte dans les prochaines années pour en avoir, nous n’allons pas réussir à nous positionner. Ce que nous mangeons, ce que nous achetons, les causes que nous appuyons, tout cela est lié à la qualité de notre citoyenneté et à l’éducation qui la soutient. L’éducation, c’est le remède contre la pauvreté et les inégalités.»

3. Que feriez-vous si vous n’aviez peur de rien?

«Me lancer en politique!»

En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce