Des valeurs de fierté, d’engagement et de bienveillance: le secret de la longévité de Millette et Fils

Alexis Tessier, directeur général et Éric Daigneault, conseiller en ressources humaines. Absente sur la photo mais présente à l’entrevue: Kathy de L’étoile, technicienne RH

«Nos employés, on les côtoie au quotidien et pas juste au travail, mais aussi au dépanneur ou sur le perron de l’église à l’époque. Il y a des liens de proximité qui se sont ainsi créés avec les années. On fait partie d’une petite communauté de 650 habitants depuis plus de 130 ans et c’est important de bien faire les choses avec des gens qui ne sont pas seulement des collègues de travail, mais aussi des voisins et des membres d’une collectivité. Cet esprit-là a toujours teinté la couleur et les valeurs de l’entreprise.»


Ces valeurs, que sont la fierté, l’engagement, la proximité, la bienveillance et la pérennité, Alexis Tessier entend bien continuer à les cultiver au sein de l’entreprise familiale Millette et Fils de Lawrenceville en Estrie, spécialisée dans la fabrication de caissons d’emballage en bois pour le secteur industriel. Il représente aujourd’hui la 5e génération, en compagnie de son frère Pierre-Emmanuel, à reprendre le flambeau des mains de son père Pierre et de son oncle Stéphane Millette.

«Le processus de transmission est en cours et la 4e génération est encore active dans la direction de l’entreprise», souligne celui qui a joint l’entreprise familiale en 2015, après l’obtention de son diplôme en administration de l’Université de Sherbrooke, et qui occupe le poste de directeur général depuis l’été 2020. «J’y travaille à temps partiel depuis que je suis tout jeune et j’ai toujours voulu y faire carrière», précise-t-il.



Mieux se faire connaître

Il y a quelques mois, dans un désir d’assurer le recrutement et la rétention d’employés en ces temps de pénurie, la direction a amorcé un processus de réflexion afin de bien déterminer et mettre en lumière ces valeurs qui font la force de l’entreprise.

«Avec les années, on a élargi notre bassin de main-d’oeuvre et on a des travailleurs qui viennent de Sherbrooke et de Granby. Mais on n’est pas forcément très connu à l’extérieur de notre région. On voulait, de façon plus officielle, définir et partager les valeurs qui nous ont toujours identifiées. Pour ne pas tomber dans le marketing RH de dire simplement aux gens de venir travailler chez nous parce qu’on est beau et fin», explique Alexis Tessier.

Cet exercice, réalisé avec une firme spécialisée en stratégies de fidélisation des employés, a amené l’entreprise à sonder le terrain auprès de ses équipes de travail. Résultat ?

«La bienveillance et l’écoute sont très appréciées des employés qui se sentent à l’aise de nous parler, autant de leurs bons coups que des choses plus difficiles qu’ils peuvent vivre. Ils savent qu’ils ne seront pas jugés», indique Kathy De L’Étoile, technicienne en ressources humaines qui a joint l’entreprise récemment.



À l’écoute des employés

Les valeurs de bienveillance, d’écoute et de proximité ont notamment été mises en pratique alors que l’entreprise vient d’amorcer un processus d’automatisation de certaines activités de production.

«On a rencontré les équipes de travail pour leur demander quelles tâches devraient être automatisées en premier. Ils ont rapidement identifié un poste de travail spécifique qu’ils trouvent ennuyant et peu ergonomique»

—  Alexis Tessier

Ce processus de réflexion sur les valeurs de l’entreprise était d’autant plus important que Millette et Fils compte maintenant plusieurs jeunes travailleurs parmi ses quelque 90 employés.

«Les plus jeunes n’ont pas encore le même lien avec l’entreprise, ou les mêmes besoins, que peuvent avoir certains de nos employés qui travaillent ici depuis 40 ans et même 50 ans. Cette relation-là doit se construire et les premières années sont cruciales. Nos valeurs de proximité deviennent alors un atout pour les jeunes qui cherchent des mentors», fait valoir M. Tessier.

Les origines de Millette et Fils remontent à 1891. Les frères Didace et Émery Millette, revenus du Massachusetts où ils étaient partis travailler dans des filatures, s’installent dans cette petite municipalité située près de Valcourt entre Sherbrooke et Granby pour y produire initialement des portes et châssis, puis des meubles et des cercueils.

Dans les années 1960, sous la gouverne d’une troisième génération, la PME se lance dans la fabrication de caissons de transport pour les produits Ski Doo de Bombardier, à Valcourt. L’entreprise dessert encore aujourd’hui BRP, son principal client, et a même implanté deux usines de fabrication à Ciudad Juárez puis à Querétaro au Mexique pour y accompagner le fabricant de véhicules tout terrain et de motomarines, tout en élargissant son bassin de clientèle dans cette région du monde.

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3 questions à Alexis Tessier

1. Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ou que vous aimeriez avoir reçu?



«Quand j’étais à l’École d’Entrepreneurship de Beauce, un entrepreneur a souligné que son entreprise disait toujours aux candidats qui passaient des entrevues que, peu importe le bout de chemin qu’ils allaient parcourir avec eux, l’important était qu’ils puissent s’accomplir et se développer. Une bonne partie de ce qu’on fait ici, de notre culture, est aussi inspirée du fait qu’on veut donner du sens au travail des gens.»

2. Avec le recul, qu’auriez-vous fait différemment?

«Une des choses que je regrette c’est d’avoir toléré trop longtemps des employés qui ne cadraient pas dans notre culture organisationnelle. Une culture d’entreprise, c’est très fragile et il faut s’assurer de la préserver. Après avoir congédié les récalcitrants, je me disais que j’aurais dû le faire bien avant.»

3. Quel souvenir souhaitez-vous laisser de votre parcours d’entrepreneur?

«Je voudrais laisser en héritage le fait d’avoir réussi à fabriquer des caissons de transport carboneutre. On y travaille et c’est un projet dont la réussite me tient à coeur et me rendrait fier.»

En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce