Canam Ponts : Mathias Dutil dans les traces de son grand-père

Mathias Dutil a été nommé vice-président directeur général de Canam Ponts début novembre.

Petit, Mathias Dutil trouvait le travail dans une usine trop répétitif et voyait juste des pièces et des étincelles. Depuis, il a « aiguisé » ses yeux et veut tout savoir sur les processus de fabrication.


Depuis aussi longtemps qu’il s’en souvienne, Mathias Dutil aimait jouer avec des blocs. En grandissant, il n’a jamais senti de pression de la part de son père, Marc Dutil, le PDG du Groupe Canam, pour prendre la relève.

« Mon choix de carrière s’est fait naturellement. Je pense que mon père a éprouvé une pression pour aller dans le même domaine. Il me disait : “Tu veux être docteur, forestier, tu peux faire n’importe quoi.” », confie-t-il.

« J’hésitais entre des études en business et en ingénierie. Finalement, j’ai opté pour le programme en génie civil à l’Université McGill. Pendant mes études, j’ai fait des stages dans différents milieux : usines, bureaux et chantiers. Travailler sur un chantier, c’est ce qui m’intéressait le plus », poursuit-il.

Mathias Dutil

À la fin de ses études, son père le met en contact avec une entreprise américaine de monteurs d’acier à New York. Il est engagé comme ingénieur de projet. Il participe à différents chantiers, dont le stade des Falcons à Atlanta.

Fin 2020, il décide de revenir au Canada pour se rapprocher de sa conjointe, qui vit à Toronto. Il devient consultant pour Canam Ponts, une division du Groupe Canam. Et en janvier 2022, il est embauché comme ingénieur pour s’occuper de la construction du futur pont Gordie-Howe entre Windsor et Détroit.

Le petit-fils du patron

Après plusieurs mois à faire des allers-retours entre Détroit et Toronto, Mathias s’installe à Québec, à l’automne 2022. Il commence un nouvel apprentissage de gestionnaire chez Canam Ponts dans le but de prendre la suite de son grand-père, Marcel Dutil, actuel PDG de Canam Ponts. Celui-ci est également le fondateur de Groupe Canam et de Manac. Il préside aussi le conseil d’administration de Groupe Canam, Manac et leurs filiales.

Pendant un an, Mathias se familiarisera avec tous les départements avant d’être nommé en novembre, vice-président directeur général de Canam Ponts. Il a 31 ans.

Marcel Dutil

« Au début, je me décrivais comme ingénieur de chantier qui vient dans les bureaux. Je n’avais pas de titre, mais les directeurs de la gestion de projet et du transport relevaient de moi. C’était une façon de toucher à tous les secteurs », explique-t-il.

S’il est arrivé à Québec avec l’étiquette « petit-fils de Marcel Dutil », Mathias n’a jamais eu la prétention de tout savoir et de vouloir gérer comme bon lui semblait.

« Je n’ai pas peur de dire que je ne connais pas quelque chose. Je disais au monde : ce n’est pas parce que je suis Mathias Dutil que je connais les réponses. Je suis ici pour apprendre et je ne vais pas changer votre façon de faire. J’ai beaucoup appris des gens qui possèdent 15-20 ans d’expérience. »

—  Mathias Dutil

Régler des problèmes

Enfant, Mathias entendait son père et son grand-père discuter des affaires et des divers problèmes qui pouvaient survenir.

« Comme ingénieur, je ne faisais pas de design et de calcul, je réglais des problèmes. À leur manière, mon père et mon grand-père font la même chose. Donc ce n’est pas si différent. Je carbure à la pression, si je n’en avais pas j’aurais changé de travail », mentionne-t-il.

S’il commence à prendre plus de responsabilités au sein de Canam Ponts, Mathias ne brûle pas les étapes. Marcel Dutil est encore le grand patron, assure-t-il.

« J’ai débuté tranquillement avec deux départements, il y a un an. J’avance pas à pas. Parfois, je parle de la suite avec Marcel, mais le plan n’est pas encore établi. »

Des informations sont notées à chaque étape de la fabrication d'une structure afin de faciliter les vérifications.

« Mon défi pour l’instant est de connecter les différents départements ensemble. Je souhaite une plus grande communication entre les équipes lorsqu’elles travaillent sur un même projet. Marcel, lui, il vient pour motiver les troupes et nous aider à identifier les problèmes et à les régler », ajoute-t-il.

Mathias sait également qu’il peut compter sur son grand-père pour le guider. « Je ne le vois pas se retirer complètement. J’imagine qu’il va venir de moins en moins souvent, mais il sera toujours impliqué. »

« J’ai la chance aussi d’être entouré de gens très compétents. Parfois, je n’ai quasiment aucune responsabilité. Je peux réfléchir pour aider nos employés à mieux performer », évoque-t-il.

Le meilleur de son grand-père et de son père

Et comment est-ce de travailler avec son grand-père?

« Je ne perçois pas la différence entre le bureau et la maison. J’ai beaucoup joué aux cartes avec lui quand j’étais jeune. Il m’amenait au golf également. Pour moi, c’est mon grand-père. Je ne vois pas notre relation comme du travail, c’est plus une façon de vivre », partage-t-il.

Selon Mathias, le rapport diffère avec Marc Dutil. « À la maison, je le considère comme mon père. Quand je le rencontre au bureau, il est le patron du Groupe Canam », analyse-t-il.

De l’avis de Mathias, son père est également plus diplomate que son grand-père.

« Marcel est émotif et il est direct quand il veut passer des messages. Mais l’important pour moi est de prendre le meilleur des deux pour bien faire mon travail. J’aime le sentiment d’urgence de mon grand-père. Mon père est un très bon communicateur et motivateur d’équipe. »

—  Mathias Dutil

Deviendra-t-il le PDG du Groupe Canam?

« J’ai un intérêt pour le Groupe Canam, mais pour l’instant ma priorité reste Canam Ponts. Je vais dans l’usine chaque jour. J’adore mon travail en ce moment et je suis très fier de toutes nos constructions. »

Deux autres enfants de Marc Dutil, le PDG du Groupe Canam, œuvrent au sein de l’entreprise familiale. Corinne Dutil occupe un poste dans le service des communications et Simon Dutil est contremaître à la manufacture de Sherbrooke.