Camellia Sinensis: 25 ans d’amour pour le thé

Parmi les quatre copropriétaires de Camellia Sinensis, Jasmin Desharnais est le responsable des succursales, dont celle de la rue Saint-Joseph Est à Québec.

De jeunes hippies à hommes d’affaires, les quatre copropriétaires de Camellia Sinensis ont toujours été portés par leurs valeurs. Au fil de voyages à l’origine et de rencontres humaines, ils ont su partager leur amour du thé frais depuis un quart de siècle.


« On n’était pas des entrepreneurs à la base. On était des tripeux qui voulaient faire connaître le thé », admet Jasmin Desharnais, l’un des copropriétaires de Camellia Sinensis, rencontré à leur boutique sur la rue Saint-Joseph Est à Québec.

Camellia Sinensis, qui célèbre ses 25 ans, est née sous la forme d’un modeste salon de thé à Montréal en 1998. L’initiative de Hugo Americi en a rallié plus d’un. Jasmin Desharnais, François Marchand et Kevin Gascoyne se sont joints au projet, avec chacun leurs spécialités.

Depuis, deux succursales sont apparues, l’une à Québec et l’autre au Marché Jean-Talon; deux écoles offrent des ateliers de formation; et le Tea Studio, une fabrique de thés, a ouvert ses portes à Nilgiri, dans le sud de l’Inde.

Plus récemment, l’entreprise a fait l’acquisition d’un entrepôt de 16 000 pieds carrés dans la région de Montréal « pour aller vers le futur », indique M. Desharnais.

« Notre force, c’est d’être capable de nous parler. Que le temps passe et que les cycles de vie de l’entreprise et des individus se rencontrent »

—  Jasmin Desharnais

Les débuts n’ont pourtant pas été si faciles. Tandis que les copropriétaires ont eu une véritable révélation en dégustant des infusions de qualité dans le Quartier chinois de la métropole, le goût du thé frais ne semblait pas être apprécié de tous.

« Les gens buvaient du thé vert et trouvaient que ça goûtait la feuille. Mais ça vient d’une feuille. Ils étaient tellement habitués à boire du thé pas frais qu’ils trouvaient le goût intense. Ça nous a pris du temps pour les sensibiliser. »

La boutique à Québec a ouvert ses portes six ans jour pour jour après le début de Camellia Sinensis.

Après une dizaine d’années, la tendance s’est renversée, observe-t-il, alors que la clientèle a plongé dans le thé comme elle a plongé dans la bière de microbrasseries, le vin ou le fromage. « Maintenant, on est ailleurs. On cherche la fraîcheur. »

Savoir d’où le thé vient

Pour Camellia Sinensis, derrière chaque thé, il y a des histoires. « On est des importateurs de thé. Pas des grossistes. On connaît personnellement les familles. On sait d’où ça vient, qui cultive la feuille, dans quel jardin et de quelle façon », énumère celui qui se décrit comme un voyageur dans l’âme.

Après avoir épluché des livres et des livres, Hugo Americi et Jasmin Desharnais ont voulu aller voir et toucher des théiers pour la première fois en 2003. Un voyage qu’il aurait fallu éviter pour ne pas se mettre les deux pieds dans l’importation, plaisante M. Desharnais.

Avec une centaine de kilos de feuilles de thé dans leurs valises, il était trop tard pour reculer.

« J’ai construit des liens de confiance hallucinants avec des producteurs en étant vrai et authentique. »

—  Jasmin Desharnais, copropriétaire de Camellia Sinensis

Payer le juste prix, favoriser l’achat direct et pérenniser des partenariats avec un réseau de près de 100 artisans ont constitué la base de leur commerce.

«Souvent, les gens tirent sur la couverte pour avoir le moins cher possible. Mais ce n’est pas une vision à long terme. Si tu veux travailler longtemps, il faut que ce soit gagnant-gagnant. Pas siphonner le meilleur prix», affirme M. Desharnais qui apprécie retrouver le même thé d’année en année pour voir son évolution.

Des ateliers de dégustation et des formations offerts par Camellia Sinensis permettent à la clientèle de démystifier le monde du thé.

Des fermetures en série

Au printemps dernier, Sébastien Champagne, alors propriétaire de la boutique de thés Sebz située dans le quartier Montcalm, a mis la clé sous la porte après 15 ans d’existence.

Ce n’est qu’un cas parmi d’autres, souligne M. Desharnais, alors que Camellia Sinensis est à présent le seul commerce spécialisé au centre-ville de Québec.

« Je ne pense pas que c’est l’amour des gens pour le thé qui est en cause. Mais des contextes d’affaires. De Rimouski à Gatineau, il y en a plusieurs qui ont fermé », s’attriste-t-il.

De son côté, Camellia Sinensis poursuit son bel élan avec des voyages dans les pays producteurs au calendrier, un premier thé vieilli Pu Er qui sortira de leur Tea Studio et la vente d’une partie des parts de leur fabrique indienne à des partenaires français et tchèque.

« C’est encore là des rencontres, des humains et des cultures qui se mélangent. Ça va toujours être ça qui va nous stimuler », conclut M. Desharnais qui partira pour la Chine au printemps.