Des obstacles au repreneuriat

Selon Pierre Graff, pdg du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, un processus de transfert d'entreprise doit être élaboré bien avant de prendre la décision de vendre.

« Il est minuit moins une pour beaucoup d’entreprises qui cherchent une relève », alerte Pierre Graff, PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).


Selon l’organisation, dans les dix prochaines années, près de 70 % des PME devront trouver un nouveau propriétaire. Or, actuellement, seulement quatre entrepreneurs sur dix ont un plan de relève.

« Trop d’entrepreneurs attendent d’être au bout du rouleau ou d’être prêts à prendre leur retraite pour préparer leur relève », déplore M. Graff.



Face à ce constat, le RJCCQ craint que des dizaines de milliers d’entreprises québécoises seront contraintes de fermer leurs portes.

Un long processus

Ces derniers mois, Pierre Graff a sillonné le Québec et visité plusieurs entreprises qui ont entamé un processus de repreneuriat. Un processus qui peut être long et complexe.

« Plus un entrepreneur attend à la dernière minute, quand il est prêt à vendre, plus il augmente les chances d’aboutir à un échec. »

—  Pierre Graff, PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec

N’empêche, même lorsqu’ils sont planifiés, les processus de repreneuriat ne sont pas tous couronnés de succès

Pour la majorité des entreprises, le transfère se solde malheureusement par un échec. « On présente souvent les histoires à succès, mais pour chacun d’elle, il y en a peut-être deux qui n’ont pas réussi », calcule le PDG.



Il explique ce taux d’échec par les nombreux défis auxquels doivent faire face les entrepreneurs. Ceux-ci doivent composer avec une pénurie de main-d’œuvre, le manque de matériaux, la modernisation de leurs équipements et les besoins en investissements, notamment.

À l’aube de la retraite, bon nombre d’entrepreneurs hésitent à investir. « Ce n’est pas une bonne stratégie. Ils creusent ainsi l’écart entre eux et leurs compétiteurs et deviennent moins attrayants pour d’éventuels repreneurs. »

Dans certaines industries, le virage technologique n’est toujours pas terminé. Plusieurs dirigeants ou gestionnaires effectuent toujours leurs opérations manuellement, sans les numériser ou les standardiser. « Ils ont tout dans leur tête, mais cette façon de faire peut compliquer le transfert ou carrément être la cause de son échec. »

Enfin, selon M. Graff, une passation de pouvoir nécessite une période de transition qui doit être réfléchie et préparée dans les moindres détails.

C’est aussi une façon de rassurer les équipes en place, les partenaires et les banquiers. « La stabilité et la continuité vont rassurer tout le monde. Vous pensez vendre? Parlez-en! Il y a peut-être un cadre, un jeune employé ou un partenaire qui aimerait prendre la relève. »