La jeune pousse qui plantait des potagers dans les écoles

Alexandre Chamberland, de Vireo, aimerait que chaque école, comme celle de Les Prés-Verts, ait son jardin hydroponique intérieur.

Un potager dans la classe? Plus de 250 écoles en font déjà l’expérience, grâce à l’expertise de Vireo, une jeune pousse de Québec qui ne compte pas s’arrêter là. Prochaine étape : implanter ses projets d’agriculture scolaire dans une centaine d’écoles chez nos voisins du Sud.


Depuis ses débuts en 2018, Vireo rêve de faire pousser des potagers dans toutes les écoles du Québec et même ailleurs.

« Au départ, on ne visait pas spécifiquement les écoles, mais c’est rapidement devenu notre créneau puisqu’il y avait une demande », explique le président-fondateur, Alexandre Chamberland.

L’idée lui était venue durant ses études, après avoir travaillé à installer des jardins hydroponiques dans les cafétérias de l’Université Laval, dans le cadre d’un projet communautaire. « Les potagers attirent les gens; ils les reconnectent avec la nature et entre eux », avait-il alors constaté.

C’est ainsi qu’il a lancé Vireo, en misant d’abord sur le créneau des écoles, « qui sont un bon point de départ pour rendre les projets d’agriculture urbaine accessibles aux communautés ».

Les jardins hydroponiques de Vireo sont établis dans les écoles depuis trois ans et connaissent déjà un grand succès, affirme le fondateur.

Sur le marché américain

La demande vient de plus en plus de l’extérieur. Vireo vient tout juste de conclure un partenariat avec un distributeur aux États-Unis, qui souhaite utiliser l’expertise de la jeune entreprise québécoise pour mener son projet de commercialisation.

« Si tout va bien, on devrait avoir une centaine d’installations dans des écoles américaines pour la rentrée de septembre. »

—  Alexandre Chamberland, président-fondateur de Vireo

Selon lui, ce partenariat pourrait rapidement prendre de l’expansion et intéresser encore plus de districts scolaires américains.

« On voulait être capables de répondre à la demande au Québec avant d’aller explorer d’autres marchés », explique M. Chamberland, qui prévoit aussi étendre sa distribution dans les provinces canadiennes. Vireo a déjà vendu quelques installations au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, en Ontario et en Saskatchewan.

Produits au Québec

Afin de soutenir sa croissance, la jeune pousse de Québec devrait bientôt finaliser une première ronde de financement, ce qui lui permettra d’augmenter ses volumes de production. Actuellement, tous les jardins hydroponiques de Vireo sont fabriqués et moulés au Québec.

Le fondateur s’est également entouré d’une équipe de 17 employés et d’un chef de la direction qui vient tout juste de prendre les commandes des opérations.

« Partout où il y a des écoles, il peut y avoir des jardins Vireo », résume-t-il. Et même ailleurs puisque l’entreprise aimerait bientôt offrir ses produits dans des bureaux, des résidences pour personnes âgées et des restaurants, notamment. « L’agriculture urbaine intérieure peut être partout. Il n’y a pas de limite! »

Mettre la main à la terre

Le concept de Vireo est le même partout. L’entreprise vend un projet clé en main comprenant l’équipement, les semences, les engrais ainsi que le soutien technique pour aider les écoles à atteindre leurs objectifs. Les enseignants ont aussi accès à des ateliers éducatifs et à une plateforme numérique d’accompagnement.

« C’est la mission de l’entreprise : placer les jeunes au centre du projet et les impliquer concrètement au quotidien. On veut qu’ils deviennent rapidement autonomes et responsables », explique M. Chamberland.

Jusqu'à 99 plants peuvent croître dans les potagers mobiles qui peuvent être transportés d’une classe à l’autre.

Une école se distingue

C’est ce qu’ont fait des élèves de l’école Les Prés-Verts, à Québec. Ils ont pris en main leurs deux potagers durant la dernière année scolaire. Le projet de l’enseignante de 5e année Sylvie Fortin, qui souhaitait tisser des liens entre les élèves de sa classe et ceux d’une classe d’adaptation, a porté ses fruits. Récemment, il a même reçu le prix régional OSEntreprendre dans sa catégorie.

« J’ai vu leur fierté grandir tout au long de l’année, raconte l’enseignante. Les élèves ont beaucoup appris sur le jardinage et sur l’agriculture urbaine, mais ils ont aussi développé leur esprit d’équipe et d’entrepreneuriat. »

Les élèves ont d’ailleurs été surpris d’avoir pu réaliser quatre récoltes durant l’année. Certains légumes et fines herbes ont été remis gracieusement à un organisme d’entraide, tandis que la vente des autres récoltes a permis de financer des activités.

« La dernière récolte a été notre meilleure, s’exclame un élève, Xavier Dufour. On a eu des légumes plus gros que ma main! Je crois que nous étions devenus assez bons. »

Le projet s’est poursuivi jusque dans la cour d’école, où les élèves ont transplanté les invendus et fait quelques expérimentations. « On a fait pousser des plants de poivrons à partir des graines de poivrons qui étaient dans le lunch d’un prof », nous montre la jeune Frédérique Parent.

Le jardin hydroponique reprendra du service en septembre, confirme l’enseignante. « Ce sera au tour des prochains élèves de la classe de décider quelle direction ils veulent prendre avec le potager. C’est leur projet. »

Avec leurs camarades de classe, Xavier et Frédérique ont transplanté quelques légumes et fines herbes dans la cour d'école.