Le français, future langue d’affaires

La femme d’affaires Danièle Henkel, présidente d'honneur de la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF23), du 11 au 13 juin prochain, à Québec.

D’ici 40 ans, la clientèle francophone mondiale pourrait frôler le milliard. Un bassin exponentiel – et rempli de potentiel – qui gît dans l’ombre des marchés anglophones, et dont le futur sera au cœur de la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF23), du 11 au 13 juin, à Québec.


Après la France et la Côte-d’Ivoire, c’est maintenant au tour de Québec d’accueillir 800 entrepreneurs et dirigeants de 28 pays francophones dans la cadre de la REF23.

Si des thèmes tels que la transition énergétique, la décarbonation, et la chaîne logistique seront sur la table lors des trois jours de l’événement, la présidente d’honneur, Danièle Henkel, espère que l’occasion permettra également des discussions sur l’ouverture du Québec à d’autres marchés que celui du sud.



« La REF23, c’est un événement qui semble être le démarrage de quelque chose de très important, et j’en suis très heureuse. Car cela va faire un petit peu plus de 10 ans que je prône l’internationalisation commerciale du Québec auprès de l’Afrique », déclare la femme d’affaires d’origine marocaine, qui, avant la création des Entreprises Danièle Henkel, a assuré les fonctions de conseillère politique et économique de l’ambassadeur des États-Unis en Algérie pendant 12 ans.

Organisée par le Conseil du patronat du Québec (CPQ) dans le cadre de la tournée de l’Alliance des Patronats Francophones, la REF23 se déroulera de dimanche à mardi, au Centre des congrès de Québec.

Karl Blackburn, président du CPQ, porte également le chapeau de trésorier et vice-président de la région des Amériques pour l’Alliance.

Québec sur cinq continents

En marge de l’événement international, Mme Henkel réitère à plusieurs reprises le pouvoir commercial des communautés francophones, dont le Québec fait partie.



« Il y a des choses que nous faisons ici [qui sont] uniques au monde. Et j’ai l’impression que nous ne sommes pas assez fiers de ce dont nous sommes capables d’accomplir, alors que nous sommes si peu, 8 400 000 personnes, mais nous représentons un fort potentiel francophone. »

M. Blackburn et Mme Henkel s’accordent pour dire que les entrepreneurs québécois tendent parfois la main trop rapidement vers les marchés anglophones.

Considérant que le français se maintient comme troisième langue d’affaires dans le monde, en plus d’être présent sur cinq continents, et regroupant 325 millions de francophones.

Karl Blackburn, président du CPQ, porte également le chapeau de trésorier et vice-président de la région des Amériques pour l’Alliance.

« Trouvez-moi un secteur économique, quel qu’il soit, qui est capable de prévoir sans se tromper que sa clientèle va tripler d’ici 40 ans? Je n’en connais pas beaucoup », lance M. Blackburn, en faisant référence à la courbe croissante de la démographie francophone.

Les États-Unis étant notre voisin, il est devenu naturel de prioriser ce pays pour faire des affaires. Mais parfois, briser de vieilles habitudes peut mener à de nouvelles opportunités.

« Il faut se décomplexer de notre voisin anglophone, avec lequel nous évoluons tous les jours, et faire en sorte que cette francophonie puisse avoir une signification économique, projette M. Blackburn. Il ne faut pas perdre de vue que toute la francophonie internationale doit devenir un marché plus naturel pour les entreprises québécoises qu’il ne l’est maintenant. »



L’âge d’or du français

Que ce soit pour combattre la crise de la main-d’oeuvre, trouver de nouveaux canaux de commercialisation ou des clients pour de l’exportation, les entrepreneurs québécois détiennent un avantage concurrentiel très souvent sous-estimé, croit M. Blackburn.

Ils peuvent faire affaire dans les deux langues. S’adresser et avoir accès à deux marchés, dont l’un d’eux risque fortement de devenir prolifique dans les 20 prochaines années.

« Les défis de notre société nord-américaine, et plus particulièrement au Québec, entre autres avec la pente démographique de notre population qui est plus âgée ici qu’ailleurs et tous les défis que ça occasionne, peuvent être des opportunités pour tous ces pays francophones qui vont connaître des croissances exponentielles de leur population », affirme M. Blackburn.

Mais il faut « oser », tranche Mme Henkel, afin d’atteindre ce bassin « de plus d’un continent complet, qui nous attend et ne demande qu’à faire affaire avec nous ».