Un coup de pouce pour accélérer l’innovation alimentaire

Les collations Croque Lupin d'Annie Demers ont reçu mercredi un prix coup de cœur du Créneau d'excellence Aliments Santé.

Qu’ont en commun des collations de lupins rôtis, des prêts-à-boire distillés sans alcool, de l’essence de marc de café et des gaufres aux légumes? Ce sont toutes des innovations alimentaires qui ont été développées à Québec, plus précisément au sein de l’incubateur-accélérateur Mycélium.


Parmi les plus récentes, la marque Croque Lupin propose des collations faites de lupins rôtis « qui se mangent comme des noix ».

La légumineuse, encore méconnue du public, regorge de propriétés nutritives, affirme la présidente Annie Demers. « C’est la légumineuse de l’avenir! » dit celle qui cultive le lupin blanc doux dans une ferme biologique de Québec. Elle le transforme par la suite dans la cuisine collective du Mycélium, qui est installée au cœur du Grand Marché de Québec.



Comptable à la Ville de Québec, Annie Demers commercialise ses produits depuis a trois mois à peine, « après plusieurs tests agronomiques et de goût ». La jeune entreprise s’est rapidement démarquée, recevant un prix OSEntreprendre régional et un prix coup de cœur du Créneau d’excellence Aliments Santé.

« La cohorte du Mycélium m’a aidée à structurer mon modèle d’affaires et à m’inscrire à différents programmes pour aller chercher le financement nécessaire avant de lancer mon entreprise et de commercialiser mes produits. »

Ses collations de lupins sont vendues dans quelques points de vente, dont Le Grand Marché de Québec. « Mon prochain défi est d’élargir mon réseau de distribution et d’accélérer la mise en marché. Comme je fais tout moi-même, et à temps partiel, j’y vais un pas ou un défi à la fois. »

Tester le marché

Faire avancer son entreprise, c’est aussi ce que souhaitait Jean-Philip Paradis lorsqu’il s’est inscrit au programme du Mycélium en mars dernier. « Je me suis inscrit sur un coup de tête, mais c’était la meilleure décision d’affaires. Je voulais valider mes tests de marché et établir un réseau de contacts pour m’aider à développer d’autres produits », raconte-t-il.



Ces produits, ce sont des prêts-à-boire sans alcool vendus sous la marque Spiritueux Statera. Ils sont actuellement disponibles dans 250 points de vente, principalement des dépanneurs, épiceries et restaurants. L’an dernier, l’entrepreneur avait d’abord testé le marché en commercialisant une bouteille de gin sans alcool. « Le gin se vend toujours bien, mais le marché est aux canettes », constate-t-il.

Dans les prochains mois, il souhaite diversifier sa gamme et « sortir des sentiers battus ». Il travaille actuellement sur l’élaboration de mimosas et des cocktails sans alcool, dont un infusé au café. « On a plein de projets en tête! » lance l’entrepreneur de Québec.

Mais avant, la prochaine étape pour Spiritueux Statera est d’augmenter ses volumes et de modifier le format de canette. « On s’en va vers un plus grand format en passant de 255 ml à 355 ml. C’est une décision que j’ai pu valider en étant dans la cohorte d’incubation », dit M. Paradis.

Jean-Philip Paradis a développé une gamme de spiritueux sans alcool offerts en canettes.

100 entreprises accompagnées

Ces deux entreprises font partie des plus récentes cohortes du Mycélium, qui organisait mercredi une soirée de reconnaissance et de réseautage.

« Parce que c’est le réseautage qui permet l’innovation, affirme la directrice générale, Annie Champagne. Les entrepreneurs trouvent des solutions ensemble ou en étant accompagnés par des experts et par ceux et celles qui sont passés par le même chemin qu’eux. »

Depuis sa création en 2019, l’incubateur-accélérateur de Québec a accompagné plus de 100 entreprises spécialisées en transformation alimentaire. La plupart proviennent de Québec et 30 % sont de l’extérieur. «Les entrepreneurs arrivent ici à différents stades de leur développement et leur mise en marché. Nous leur offrons aussi des services professionnels à faible coût et, dans certains cas, du soutien financier», explique la directrice générale.



Québec comme pôle d’innovation

Annie Champagne ne le cache pas : elle souhaite que la ville de Québec devienne un pôle d’innovation reconnue en alimentation. « Avec Mycélium et le Créneau d’excellence Aliments Santé, on a les outils pour se distinguer et propulser nos entrepreneurs », soutient-elle. Actuellement, 38 entrepreneurs suivent un parcours ou un programme de Mycélium, ce qui en fait « l’incubateur-accélérateur qui accompagne le plus grand nombre d’entreprises en transformation alimentaire chaque année au Québec », dit-elle fièrement.

Des histoires à succès

Les entrepreneurs derrière Croque Lupin et Spiritueux Statera voient grand. Comme les autres incubés de leur cohorte, ils rêvent de suivre les traces de ceux et celles qui les ont précédés et qui distribuent aujourd’hui leurs produits alimentaires sur les tablettes des supermarchés.

Parmi les histoires à succès du Mycélium, on retrouve notamment les gaufres aux légumes Les Snorôs, les bâtonnets de pois chiche Chickumi, ainsi que les produits de Bela Peko et Monsieur Maboule. « Même pour ces entrepreneurs qui sont distribués dans les grandes chaînes, les défis sont toujours nombreux. C’est un véritable parcours du combattant de se lancer en alimentation », illustre Mme Champagne.