Québec joue avec le feu en matière d’énergie, dit l’Institut économique de Montréal

L'Institut économique de Montréal croit que la stratégie québécoise risque d'être insuffisante pour éviter une pénurie d'énergie.

Le plan énergétique de gouvernement Legault représente un « pari risqué », croit l’Institut économique de Montréal. L’organisme présente jeudi un rapport dans lequel il plaide pour le maintien, voire l’augmentation de l’utilisation du gaz naturel, vu comme un filet de sécurité pour éviter la fin des surplus d’électricité, attendue pour 2027.


« Ce que Québec propose pour faire face à la fin des surplus énergétiques, c’est soit trop peu, soit trop tard, soit un peu des deux », lance l’auteur du rapport, Gabriel Giguère, analyste en Politiques Publiques à l’IEDM. « Je ne dis pas que le plan environnemental ne fonctionnera absolument pas. Mais ce sont des paris somme toute risqués. »

« Dans cette dynamique, on se dit qu’on ne peut pas se passer du gaz naturel. »

—  Gabriel Giguère, analyste en Politiques Publiques à l’IEDM

Selon lui, le gouvernement serait mieux de renoncer à son intention de réduire la présence du gaz naturel au profit de l’électrification dans les procédés industriels et le chauffage des bâtiments, notamment.

« Ce qu’on dit, c’est qu’un maintien de la ressource permettrait de réduire la pression sur la nécessité d’approvisionnement d’électricité de la part d’Hydro-Québec. Et si la demande continue d’augmenter, il faut quand même s’assurer d’une sécurité énergétique », affirme M. Giguère.

Gabriel Giguère, analyste en Politiques Publiques à l’Institut économique de Montréal

Le gouvernement reconnaît lui-même le gaz naturel comme une énergie de transition utile pour le Québec « en raison de son caractère moins polluant que les produits pétroliers, comme l’essence ou le mazout, et de son efficacité énergétique », peut-on lire sur le site Web du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.

Mais l’IEDM estime que son utilisation n’est pas suffisamment mise de l’avant dans les plans de l’État. Il calcule aussi que les trois avenues proposées par le gouvernement pour prévenir la fin des surplus d’électricité ont toutes des lacunes :

La construction ou la mise à niveau des barrages hydroélectriques arrivera trop tard; l’intermittence de la production éolienne, tributaire des vents, permet de fournir seulement 35 % de la puissance potentielle; la réduction de la consommation a ses limites, puisque les pics de demande exigent de plus en plus de puissance. Et la pression augmente sur le réseau électrique.

Selon Gabriel Giguère, le manque d’énergie qui risque de frapper le Québec en 2027 est un frein au développement économique.

Le ministre responsable de l’énergie, Pierre Fitzgibbon, a aussi reconnu la semaine dernière que le Québec avait « un problème à court terme, d’ici 2028 » : Hydro-Québec n’arrive pas à fournir à la demande en énergie pour tous les projets des entreprises.

Permettre l’exploitation

M. Giguère croit que le gouvernement devrait non seulement laisser la porte ouverte au gaz naturel, mais en permettre à nouveau l’exploitation et l’exploration sur son territoire, chose interdite depuis le 23 août 2022. Le gaz naturel utilisé au Québec est importé de l’Ouest canadien et des États-Unis.

« Le gaz naturel permettrait de réduire la pression, et en parallèle à ça, de permettre à des producteurs indépendants de fournir de l’électricité à d’autres entrepreneurs qui ont des projets, ce qui permettrait un développement économique, chose qu’Hydro-Québec peine à faire actuellement », affirme M. Giguère.

Ce dernier ne semble pas craindre la réaction d’une partie de la population, partisane de l’arrêt de l’utilisation de toutes les formes d’hydrocarbures en raison de leur empreinte environnementale néfaste.

« Je pense que la population voit le besoin en énergie [du Québec]. Je ne suis pas persuadé que c’est négativement vu, le gaz naturel, dans une dynamique où la sécurité de l’approvisionnement est nécessaire », dit-il.