Depuis le 9 août, il est désormais possible pour les utilisateurs de l’application UberEats de créer un compte pour leurs enfants âgés de 13 à 17 ans. « Ce sont les parents qui détiennent un compte familial sur Uber qui pourront envoyer une invitation électronique à leurs adolescents », explique Jonathan Hamel, gestionnaire aux affaires publiques d’Uber au Québec.
Les adolescents pourront donc faire leurs commandes alimentaires à partir du compte familial, qui seront payées avec la carte de crédit des parents. Ceux-ci recevront une notification chaque fois que leurs adolescents passeront des commandes sur l’application, mais ils ne pourront pas bloquer une commande faite par eux.
« Ça va être une bonne discussion avec leurs jeunes! » ajoute M. Hamel. Différence notable avec l’application régulière : il ne sera pas possible pour les utilisateurs adolescents de commander des produits alcoolisés présents sur les menus.
Jonathan Hamel précise que cette version pour adolescents de UberEats « existe déjà en France depuis quelques mois. »
Par ailleurs, ce n’est pas la première mouture spéciale pour adolescents lancée par Uber. Depuis le printemps dernier, les jeunes peuvent en effet utiliser une version sécurisée de l’application pour leurs transports, qui permet aux parents de suivre en temps réel leurs ados pendant le trajet. Les adolescents doivent aussi fournir un code sécurisé aux chauffeurs avant d’entrer dans le véhicule.
Pour M. Hamel, l’objectif de ce nouveau service est de « simplifier la vie de tout le monde. Les parents sont occupés, les jeunes sont souvent occupés, ils ne sont pas toujours ensemble. Nous, à Uber, on veut donner plus de choix, plus de flexibilité. »
Inquiétudes des nutritionnistes
La présidente de l’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (ODNQ), Joëlle Emond, s’inquiète cependant des impacts que risque d’avoir cette application sur les habitudes de vie des adolescents. Ces derniers ne sont pas touchés par la Loi sur la protection du consommateur, qui interdit spécifiquement la publicité commerciale destinée aux enfants de 12 ans et moins.
« On sait que la restauration rapide, le prêt-à-manger et le mode de vie sédentaire ont des effets négatifs sur le poids, mais aussi sur le développement de nombreuses maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et divers types de cancers », explique Mme Emond.
Elle rappelle que l’adoption d’un mode de vie sain ne relève pas seulement de choix individuels, mais aussi de « l’environnement physique, socioculturel, économique et politique » dans lequel évoluent les gens.
Selon la nutritionniste, cette nouvelle application viendrait donc exposer les adolescents à des mauvaises habitudes en leur facilitant l’accès à des « aliments ultra transformés et de faible valeur nutritive », plutôt qu’en leur apprenant à cuisiner avec des aliments sains. « Du même coup, le fait de ne pas avoir à se déplacer pour aller chercher son repas favorise la sédentarité », ajoute-t-elle.
Questionné à ce sujet, Jonathan Hamel a simplement réitéré que « c’est aux parents d’encourager leurs adolescents à adopter des bonnes habitudes alimentaires. » Il ajoute cependant que les parents pourront connaître la teneur précise des commandes faites par leurs jeunes avec l’application.