La fonction publique doit redevenir séduisante, dit LeBel

PHOTO Edouard Plante-Fréchette, LA PRESSE
- Québec, Québec

Photo de Sonia Lebel, Ministre responsable de l'Administration gouvernementale et Présidente du Conseil du Trésor, lors de la journée de rentrée parlementaire. 

-  MARDI  12 SEPTEMBRE 2023 - 
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Devant un roulement de personnel élevé, la fonction publique doit se refaire une beauté sur le marché des employeurs. Cela passe entre autres par combattre « la connotation péjorative » véhiculée sur les fonctionnaires, dit la ministre Sonia LeBel.


Les rapports annuels de divers ministères et organismes gouvernementaux déposés récemment à l’Assemblée nationale du Québec montrent que le taux de départ volontaire dans plusieurs milieux de travail de l’administration publique surpassent les 10 %. Certains avoisinent même 20 %.

Par exemple, 18 % des employés du ministère de l’Éducation ont quitté volontairement leur poste l’an dernier, alors que ce taux n’avait été que de 11 % l’année précédente. Au ministère de la Santé, le taux de départ volontaire s’est élevé à 16 % l’an passé, alors qu’il a été de 18 % au ministère de la Cybersécurité et du Numérique.

Et on ne parle pas ici des enseignantes ou des infirmières, mais seulement des employés de la fonction publique. Qui sont autour de 75 000, en tout, au Québec.

Un 3 % « pas si pire »

« Il faut prendre acte de ce taux de départ, mais il faut quand même relativiser », a commenté la ministre responsable de l’Administration gouvernementale, Sonia LeBel, mercredi matin, au parlement.

Mme LeBel est aussi présidente du Conseil du trésor du Québec.

La moyenne pour l’ensemble de la fonction publique tourne autour de 15 %, a précisé la ministre dans sa réponse au Salon bleu. La députée de Québec solidaire Christine Labrie la questionnait sur le sujet.

« Mais dans ces 15 %, plus de la moitié de ces gens-là sont restés à la fonction publique, font des mutations [passent d’un ministère à un autre]. […] Moins de 3 % de ces gens-là ont quitté réellement la fonction publique. Dans un univers de pénurie de main-d’œuvre où tous les employeurs du Québec et du monde entier ont des défis de rétention, je considère que 3 %, ce n’est pas si pire », a constaté la ministre.

« Un nouvel univers »

« Il faut prendre acte que nous sommes dans un nouvel univers, où la main-d’œuvre cherche de la mobilité et un univers stimulant de travail », a aussi affirmé Mme LeBel, en mêlée de presse, elle-même employée de l’État pendant plus de 25 ans avant d’être élue.

Pour ce faire, deux solutions, selon elle : améliorer les conditions de travail et mieux faire connaître la fonction publique.

« Je suis consciente qu’il faut valoriser cette fonction publique dans son quotidien, dans son apport. Dans l’ensemble de la société, la notion de fonctionnaire a une connotation péjorative et il faut combattre cette connotation. »

—  Sonia LeBel, ministre responsable de l’Administration gouvernementale

La ministre LeBel rejette l’idée que les politiciens eux-mêmes soient parfois à l’origine de cette mauvaise réputation, alors qu’ils dénoncent souvent la lenteur et la lourdeur de « la machine ».

« Il y a une différence entre les règles, l’administration et les fonctionnaires », a souligné la ministre LeBel.

« La fonction publique, à l’instar de tous les domaines d’emploi, doit se réadapter à la nouvelle réalité. Dans la nouvelle politique qu’on va déposer sous peu, il va falloir démontrer qu’on a un environnement stimulant. Il faut leur donner l’occasion d’avoir des défis. Mais parmi les défis de la fonction publique, il y a cette capacité de changer de ministère », a indiqué Mme LeBel.