La nouvelle carte électorale québécoise abolirait une circonscription en Gaspésie

La Gaspésie ne compterait plus que deux circonscriptions, au lieu des trois actuelles.

La nouvelle carte électorale québécoise proposée pour 2026 par la Commission de la représentation électorale compte une circonscription de moins en Gaspésie et aussi une de moins dans l’est de l’île de Montréal. Tandis que deux nouvelles pousseront dans les Laurentides et au Centre-du-Québec.


Par le biais de la Commission de la représentation électorale, présidée par le directeur général des élections du Québec (DGEQ), Élections Québec doit faire une proposition de délimitation des circonscriptions à toutes les deux élections générales. Le résultat est dévoilé au plus un an après le scrutin.

Selon le rapport déposé mardi après-midi, à l’Assemblée nationale du Québec, la partie sud de la circonscription de Gaspé et celle de Bonaventure fusionneraient.



De l’autre côté de la péninsule, la circonscription de Matane-Matapédia récupèrerait la Haute-Gaspésie, ce qui représente presque la moitié de l’actuelle circonscription de Gaspé. Cinq municipalités de La Mitis passent dans Rimouski.

« C’est clair qu’il y a une certaine déception pour notre population, pour la région en général. La Gaspésie mérite une représentativité plus forte que ce que propose la nouvelle carte. »

—  le député de Gaspé, Stéphane Ste-Croix, à sa sortie du Salon bleu de l’Assemblée nationale

M. Ste-Croix représente la Coalition avenir Québec (CAQ) et la députée de Gaspé, Catherine Blouin, aussi. Ces deux circonscriptions appartenaient toutes deux au Parti québécois (PQ) avant de passer à la CAQ, l’an passé.

« On va participer en bonne et due forme [aux consultations] pour faire valoir nos arguments, a poursuivi M. Ste-Croix, qui n’imagine toutefois pas de levée de boucliers pour l’instant. Mais « il y a des enjeux particuliers en termes de territoire et de distance ».

Beaucoup moins que 51 000 électeurs

Le nombre actuel de 125 circonscriptions demeurerait le même en vue des élections de 2026 et de 2030.



Les députés et les citoyens pourront s’exprimer sur la question dans les prochaines semaines, mais ce sera à la Commission de trancher à savoir si la proposition de carte sera adoptée ou pas.

La Commission est formée de trois commissaires, soit le DGEQ et deux commissaires indépendants d’Élections Québec.

Parmi la dizaine d’audiences publiques tenues du 10 octobre au 9 novembre, la première aura lieu à Québec, le 10 octobre, dans les bureaux de la Commission de la représentation électorale, sur l’avenue Wilfrid-Pelletier.

Un questionnaire déjà en ligne et des audiences virtuelles, les 3 et 15 novembre, permettront aussi à tout un chacun de s’exprimer sur la question.

Rappelons que la Gaspésie va aussi perdre une circonscription sur la scène fédérale, avec l’abolition d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia.

Cette révision de la carte électorale aux huit ans s’avère nécessaire pour « tenir compte de la croissance et des mouvements de la population sur le territoire québécois, qui créent des inégalités de représentation devant être corrigées », explique Élections Québec, par communiqué.



L’idée est que chaque circonscription réunisse environ le même nombre d’électeurs, autour de 51 000. Le nombre moyen d’électeurs par circonscription est de 50 694.

L’exception gaspésienne

En tout, pas moins de 55 des 125 circonscriptions électorales actuelles verraient leurs délimitations modifiées par cette proposition. Mais on parle généralement d’un réaménagement des frontières d’une rue ou d’un quartier en plus ou en moins.

Le cas de la Gaspésie est particulier. Les circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure dérogent en ce moment à cette règle, avec autour de 30 000 et 35 000 électeurs respectivement. Les Îles-de-la-Madeleine conservent pour leur part leur statut d’exception, avec quelque 10 000 électeurs.

Le président de la Commission de la représentation électorale et directeur général des élections du Québec, Jean-François Blanchet, précise dans le communiqué que « la proposition de délimitation vise à corriger des inégalités de représentation ».

« Nous agissons pour respecter le principe de la représentation effective, qui est inscrit dans la Loi électorale et reconnu par la Cour suprême du Canada. Ce principe veut que l’ensemble des électrices et des électeurs soit représenté de façon juste et équitable à l’Assemblée nationale », indique M. Blanchet.

La Loi électorale prévoit qu’une circonscription peut compter jusqu’à 25 % plus ou moins d’électeurs que la moyenne, donc entre un minimum de 38 021 et un maximum de 63 368 électeurs.

Cinq autres circonscriptions sont exemptées par la Commission, malgré un nombre d’électeurs inférieur à 25 % de moins que la moyenne : Abitibi-Est et Abitibi-Ouest en Abitibi, Duplessis et René-Lévesque sur le Côte-Nord, Ungava.

Deux nouvelles circonscriptions

La situation changerait aussi dans le secteur est de l’île de Montréal, où le nombre de résidents non permanents augmente. Cela entraînerait la disparition de la circonscription d’Anjou-Louis-Riel. Son territoire serait alors redistribué entre ce qui deviendrait Rosemont-Louis-Riel et l’actuelle Camille-Laurin. Qui elles redonneraient chacune une partie de leur territoire à leurs voisines.

Le chef du Parti québécois (PQ) et député actuel de Camille-Laurin, Paul St-Pierre Plamondon, s’est dit « choqué et surpris de constater que l’Est de Montréal perdrait une circonscription et que ma circonscription de Camille-Laurin perdrait tout le secteur Longue-Pointe, tout en ajoutant Anjou au comté. Les réalités y sont différentes et les citoyens de Camille-Laurin ont le droit de maintenir une cohésion et représentation distincte », a-t-il commenté sur les réseaux sociaux.



« Un redécoupage qui ne tient pas compte de ces réalités n’est pas souhaitable; on ne gouverne pas par coins de rue, mais pour des populations dont les enjeux sont partagés », a ajouté le chef péquiste St-Pierre Plamondon.

Pour combler la perte de circonscriptions en Gaspésie et dans l’est de Montréal, les régions du Centre-du-Québec et des Laurentides en gagnent chacune une.

On créerait la circonscription Marie-Lacoste-Gérin-Lajoie entre Drummond-Bois-Francs et Johnson, rebaptisée Daniel-Johnson, et celle de Bellefeuille entre Mirabel et Saint-Jérôme.

À Québec, les territoires des circonscriptions de Vanier-Les Rivières et de La Peltrie sont remaniés « pour éviter que les circonscriptions suivantes deviennent trop populeuses d’ici quelques années ».

Les municipalités de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Lac-Saint-Joseph et Fossambault-sur-le-Lac retournent pour leur part dans la circonscription de Portneuf, dont elles faisaient partie avant 2011.