Le coup de sonde est sans équivoque. Depuis sa réélection en octobre 2022, le gouvernement caquiste a perdu des plumes dans l’esprit des électeurs. « C’est l’usure du pouvoir qui commence », observe Éric Lacroix, vice-président et chef de la stratégie d’affaires chez SOM.

Quelque 45% des 1109 répondants à travers la province affirment que leur satisfaction à l’égard du gouvernement Legault a diminué depuis sa réélection, à l’automne dernier.

À l’inverse, à peine 4% des électeurs affirment qu’elle a augmenté.

Le reste, soit 49% des personnes interrogées, affirme que son opinion du gouvernement est restée stable.

« En fait, pratiquement tous ceux dont l’opinion du gouvernement a changé, c’est parce qu’elle a diminué. »

—  Éric Lacroix, vice-président et chef de la stratégie d’affaires chez SOM.

Le taux de satisfaction général du gouvernement chute lui aussi.

Pour une rare fois depuis l’accession de François Legault à la tête de l’État, un sondage indique qu’il suscite davantage de mécontentement que de satisfaction.

Son taux d’approbation passe à 44% à l’échelle du Québec.

« Après cinq ans au pouvoir et des décisions impopulaires, on voit que l’usure du pouvoir commence à s’installer », analyse Éric Lacroix. SOM a déjà calculé des taux de satisfaction au-delà de 80% pendant la pandémie, rappelle-t-il.

Québec n’est plus en amour avec la CAQ

Après avoir dû avaler l’abandon du populaire projet de troisième lien, la région de Québec n’est plus acquise à la CAQ.

Historiquement très fertile pour François Legault et son équipe, la Capitale-Nationale et ses alentours « ont rejoint Montréal » dans son insatisfaction à l’égard du gouvernement, remarque Éric Lacroix.

Dans la métropole comme dans la capitale, 56% des Québécois se disent « insatisfaits » ou « très insatisfaits » du gouvernement Legault.

« Heureusement, il se rattrape ailleurs au Québec », souligne M. Lacroix.

« C’est une grosse chute dans la région de Québec. »

—  Éric Lacroix, vice-président et chef de la stratégie d'affaires chez SOM

Le vice-président et chef de la stratégie d’affaires de SOM dresse sans surprise un lien avec le changement de cap du gouvernement Legault sur le tunnel, qu’on promet désormais réservé au transport en commun.

53% des résidents de la grande région de Québec affirment que leur opinion du gouvernement a chuté depuis sa réélection.

C’est l’endroit où les électeurs sont les plus sévères.

Le troisième lien toujours populaire à Québec

Même si le gouvernement Legault a officiellement tiré un trait sur le projet de troisième lien autoroutier, l’appétit pour un tel projet est toujours bien présent dans la région métropolitaine de Québec.

Quelque 64% des répondants de la région affirment qu’un troisième lien routier est toujours nécessaire entre les deux rives du Saint-Laurent, alors que 32% jugent l’idée inutile.

Cette donnée laisse entendre que la frustration causée par l’abandon du troisième lien, en avril dernier, pourrait s’installer pour longtemps chez bien des électeurs de Québec, explique Éric Lacroix. Le haut taux d’approbation du projet pourrait aussi être le résultat de l’été de travaux qu’ont vécu Québec et Lévis cet été, ajoute-t-il.

« La déception risque de continuer à se faire sentir. Les deux tiers des électeurs sur les deux rives veulent encore le troisième lien. »

—  Éric Lacroix, vice-président et chef de la stratégie d'affaires chez SOM

À l’échelle du Québec, le troisième lien est toutefois significativement moins populaire. 45% des Québécois estiment que la situation du trafic dans la capitale ne justifie probablement ou certainement pas la construction d’un nouveau lien, alors que 37% appuient l’idée.

Le sondage SOM-Le Soleil a été mené en ligne du 29 août au 1er septembre 2023 auprès de 1 109 adultes québécois francophones.

L’échantillon a été tiré du panel or de SOM, lequel est constitué d’individus recrutés de façon aléatoire par téléphone (fixe et cellulaire). Les données ont été pondérées pour refléter au mieux les caractéristiques de la population selon l’âge, le genre, la taille du ménage, la scolarité, le logement (propriétaire/locataire), la langue maternelle et le secteur géographique. La marge d’erreur maximale, pour l’ensemble des répondants, est de 3,9 %.