Maryse Desrochers, 60 ans, soutenait en défense que d’autres employés auraient pu commettre les vols reprochés, que ce n’était pas son écriture sur les factures «annulées» et que les entrées d’argent correspondantes dans son compte en banque étaient le fruit de dons ou de gains obtenus à la suite de tournois de dards.
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Des arguments que la juge Julie Beauchesne, de la Cour du Québec, a rejetés le 8 septembre dernier en la trouvant coupable de fraude.
Si d’autres employés administratifs avaient effectivement accès à l’argent des ventes, indique la juge dans sa décision, «par son rôle de responsable des dépôts, l’accusée avait l’opportunité exclusive de commettre la fraude».
La preuve démontre aussi que c’était bien l’écriture de Mme Desrochers sur les factures «annulées» dont elle gardait le montant.
Finalement, «la corrélation entre les montants fraudés et les dépôts [effectués par l’accusée] est impressionnante», précise la juge.
Pour un montant fraudé de 333 $, par exemple, elle dépose 320 $ dans son compte le lendemain. En tout, 60 transactions de ce type ont été comptabilisées entre 2018 et son congédiement survenu en 2019, et il n’y en plus eu par la suite.
Dettes
À son procès tenu en juin dernier, Maryse Desrochers a fait valoir que sa situation financière était «correcte» à l’époque et qu’elle n’avait pas besoin d’augmenter ses revenus de façon illégale.
Mais le tribunal a, encore une fois, fait la déduction contraire à la lumière de plusieurs dettes et d’emprunts liés à un «manque de liquidités».
Mme Desrochers soutenait également que les dépôts faits dans son compte provenaient de gains récents de tournois de dards, mais cette version n’explique pas les nombreux dépôts faits durant l’été, alors que les tournois sont interrompus.
Et ces gains allégués ne suffisent par à expliquer l’apport de 20 000 $ à son compte personnel durant cette période.
«Heureuse»
L’accusée, qui était entrée dans l’entreprise comme cuisinière, y œuvrait depuis 17 ans. Elle a notamment participé à un reportage publicitaire en 2018 dans La Voix de l’Est où elle se disait «heureuse de faire partie de cette équipe très humaine et dévouée».
L’une des propriétaires de la chaîne de rôtisseries, Andrée-Anne Duhamel, soutient en entrevue être «tombée des nues» en constatant ce que l’employée de longue date avait fait.
«Elle faisait pratiquement partie de la famille», dit-elle. Le verdict rendu représente un «soulagement» après des mois de travail pour amasser les preuves nécessaires.
Depuis ces événements, les bureaux de la chaîne de restaurants sont équipés de caméras et un nouveau système informatique a été mis en place.
«Mais on n’est jamais à l’abri quand on met des dépôts dans la main de quelqu’un», fait remarquer Mme Duhamel.
Lors du procès, l’entreprise a indiqué que compte tenu de leur chiffre d’affaires annuel d’un million $, la perte de 20 000 $ était «passée inaperçue» pendant un certain temps.
Ce dossier revient devant la cour en novembre pour les observations sur la peine. Me Serge Michon assure la défense de l’accusée tandis que Me Marion Lequient s’occupe de la poursuite pour le ministère public.