Une formation pour un langage clair et simple en santé

Des formations ont été conçues afin de sensibiliser les professionnels de la santé aux enjeux de littéracie de la population.

Le vocabulaire utilisé dans le système de santé peut parfois être difficile à comprendre pour certaines personnes. Pour remédier à la situation, un projet a vu le jour afin de sensibiliser les professionnels de la santé aux enjeux de littéracie.


Cette formation sur la littéracie en santé vise les différents acteurs qui gravitent autour des patients dans le système de santé. L’objectif est de répandre l’initiative à travers le Québec. « Cette formation a déjà commencé à être offerte auprès de différentes directions de santé publique à travers le Québec en ligne ou en personne », explique la professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, Christine Loignon, qui participe au projet.

Cette formation comporte plusieurs volets, dont un sensibilisant mettant de l’avant la réalité des personnes vivant avec des difficultés en littéracie ainsi que les raisons pour lesquelles l’utilisation d’un langage clair et simple en santé est nécessaire. Les conséquences d’un langage technique et complexe sont aussi mises en lumière. Un volet plus technique et approfondi est intégré à la formation. Des outils, dont des guides et des lexiques, sont fournis aux professionnels de la santé.



Le centre d’alphabétisation populaire de Villeray, La Jarnigoine est responsable de la formation.

Les enjeux de littéracie sont bien présents au Québec. « Pour bien se débrouiller dans le système de santé, les personnes doivent avoir un niveau 4 et 5 de littéracie. [...] On dit qu’environ 53% de la population au Québec n’atteint pas le niveau 3. [...] Selon les sources, environ 15 à 20% des personnes ont un niveau faible de littéracie. »

La littéracie est la capacité d’une personne à lire et à comprendre des textes, des mots et des notions. « La littéracie en santé est plus la capacité de comprendre et d’analyser les informations ainsi que d’utiliser les services. La littéracie en santé comprend la littéracie, mais d’autres dimensions comme la numératie et la résolution de problèmes. À ce niveau, 66% des personnes [de 16 ans et plus] n’ont pas les compétences qui leur permettraient d’avoir un niveau souhaitable de fonctionnement », souligne Mme Loignon.

Une meilleure littéracie peut également combattre la désinformation, estime la professeure.



« Utiliser des mots plus simples peut être perçu comme un manque de vocabulaire et de culture, mais pas du tout. Tout est dans la manière de le faire. »

—  Christine Loignon, professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke

Christine Loignon veut faire le pont avec le CIUSSS de l’Estrie-CHUS prochainement. Une formation a été offerte à la Faculté de médecine et de sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke en mai dernier.

La population impliquée

Une coalition, composée de différents chercheurs, professionnels et experts en littéracie, en santé et en santé publique, est notamment derrière le projet. « La Jarnigoine travaille aussi avec un comité de validation qui est formé d’usagers qui sont concernés par des enjeux de littéracie. Ils vivent avec des défis de littéracie. Ils viennent valider les contenus des formations. »

La professeure Loignon explique que les personnes qui forment le comité de validation ont aussi contribué à simplifier les communications de la santé publique pendant et après la pandémie de la COVID-19.

Des difficultés en littéracie peuvent avoir des répercussions concrètes dans la vie des gens concernés. « Ça va faire en sorte que les personnes vont se sentir inconfortables dans leurs interactions. Elles ne vont pas comprendre, mais elles ne vont pas nécessairement le dire. Il peut y avoir toute sorte de problèmes dans le suivi des recommandations médicales », donne-t-elle en exemple.

Les enjeux de littéracie ne sont pas assez abordés dans la formation des professionnels de la santé, selon elle. « Ce n’est pas que les professionnels ne sont pas intéressés, c’est qu’ils ne sont pas encore assez formés ou sensibilisés à ces enjeux. Mais, j’ai bon espoir que ça va s’améliorer. » Elle ajoute que l’intérêt pour la formation est bien présent.

La formation est financée par l‘Unité de soutien au système de santé apprenant (SSA) Québec. Des chercheurs de plusieurs universités québécoises participent au projet.